OL : Anthony Racioppi, de numéro cinq à numéro deux

La suspension d’Anthony Lopes propulse Anthony Racioppi au poste de gardien numéro deux pour la fin de saison. Une récompense inattendue pour le Suisse, qui a connu un parcours tumultueux. Portrait.

Même lui ne s’y attendait pas. Pour épauler Mathieu Gorgelin, qui remplacera Anthony Lopes (suspendu) durant les trois derniers matches de la saison, Anthony Racioppi attendait davantage Lucas Mocio ou Dorian Grange. Mais c’est bien le Suisse que Bruno Genesio a nommé gardien numéro deux pour la fin de l’exercice. Jeudi dernier, le technicien a rendu sa décision publique. « J’ai appris que j’allais occuper le poste de gardien numéro deux pour la fin de la saison pendant la conférence de presse de Bruno Genesio. Greg (Coupet) m’en avait un peu parlé avant mais ce n’était pas vraiment confirmé », nous indique le joueur formé à l’OL. A 19 ans seulement, le portier est propulsé dans le grand bain. De quoi se pincer pour y croire. « Je ne m’y attendais pas, c’est une bonne surprise. Il y avait quand même deux gardiens devant moi, rappelle l’international helvète des moins de 20 ans. J’étais vraiment content quand j’ai appris la nouvelle. Depuis tout petit tu as envie de faire ça et puis ça t’arrive. C’est un truc de ouf (sic) ! »

Une forme de logique s’impose quand même dans cette nomination. L’Olympique lyonnais fonde d'abord d’énormes en espoirs en Anthony Racioppi, qui s’est entraîné avec les pros pour la première fois à seulement 17 ans. Le club rhodanien, par ailleurs, ne semble plus compter sur Lucas Mocio, gardien numéro trois de l’OL depuis 2015, en fin de contrat en juin. L’entraîneur des gardiens Grégory Coupet, qui officiait avec la réserve il y a encore six mois, a sans doute tranché entre le Suisse et Dorian Grange, deux fois sur le banc cette saison. « Je ne sais pas s’il a joué un rôle. Peut-être, je pense, remarque le natif de Genève. Avant qu’il monte avec les pros, c’était quand même mon entraîneur avec la réserve. On s’entendait bien, on faisait de bons entraînements. C’est possible. » Titulaire dans la cage lyonnaise ces dernières semaines en National 2, le jeune homme vit un rêve éveillé. Sans trop d’appréhension, non plus. « Je n’ai pas peur », lance le portier. Et de poursuivre : « Ça fait deux semaines que je m’entraîne régulièrement avec les pros [entretien réalisé vendredi dernier, NdlR]. Je suis surtout excité de pouvoir être sur le banc, de connaître le monde des grands, d’avoir mon nom sur mon maillot. » Le jeune gardien a traversé un parcours semé d’embûches pour en arriver là.

Un parcours tumultueux

Arrivé à l’OL en 2011 à l’âge de 13 ans, Anthony Racioppi réalise son rêve en rejoignant le centre de formation du club rhodanien. Mais rien ne se passe comme prévu. Durant sa première saison en U14, le Suisse ne peut tenir sa place dans les cages lyonnaises, la faute à la réglementation de la FIFA sur les transferts internationaux de mineurs. Un joueur de moins de 16 ans ne peut évoluer dans un club situé à plus de 50 kilomètres de la frontière de son pays de naissance. L’année suivante, le portier peut quand même revêtir ses nouvelles couleurs, avant d’être rattrapé par ses problèmes. « En U16, j’ai dû partir au FC Annecy pour jouer [à 40 kilomètres de la frontière suisse, NdlR]. J’y ai fait une très bonne saison en U17 National. Nous étions arrivés quatrièmes derrière les clubs pros », se souvient le gardien. Le jeune homme revient finalement à l’Olympique lyonnais en 2015. Alors âgé de 16 ans, le Genevois peut évoluer loin de sa Suisse natale, à condition que son club lui assure la scolarité et l’hébergement, comme le précise la FIFA.

Les ennuis administratifs derrière lui, Anthony Racioppi n’en a pourtant pas fini avec les galères. Quelques mois après son retour à l’OL, le gardien de but est victime d'une double fracture du tibia-péroné. Le Suisse passe près de quatre mois sans courir, mais s’accroche et fait même sa première apparition à l’entraînement avec le groupe professionnel, quelques semaines après son retour de blessure. Tout s’enchaîne ensuite : un exercice plein en U19 avec six matches de Youth League à la clé avec Houssem Aouar, Myziane Moalida ou encore Amine Gouiri, deux rencontres avec la réserve lyonnaise, puis cette saison, un premier contrat professionnel paraphé en octobre 2017 et treize rencontres de National 2 au compteur (quatorze pour Grange), avec quelques parades exceptionnelles. « Je me sens bien cette année, souligne l’intéressé. En enchaînant les matches, j’ai pris de l’expérience et de la maturité. J’ai fait le plein de confiance pour accéder au haut niveau. » C’est justement la prochaine étape.

L’OL compte sur lui

Dans les mois à venir, le visage d’Anthony Racioppi devrait devenir bien connu des suiveurs de l’Olympique lyonnais. Le jeune homme prend souvent part aux séances de Bruno Genesio, qui semble compter sur lui. « Je sens qu’il y a de l’attente autour de moi à l’intérieur du club. Je sens aussi qu’on me fait confiance, j’ai de bonnes relations avec tout le monde à l’OL », souffle le portier. Gilles Rousset, qui était l’adjoint de Maxence Flachez en équipe réserve la saison dernière, a pu se rendre compte des qualités du portier. « Il est plus athlétique que les autres, plus grand, plus costaud. Mais il lui reste beaucoup de choses à apprendre, il n’a que quelques matches de National 2 derrière lui, analyse l’ancien gardien, qui se projette. Vivre des matches sur le banc de touche, accompagner les pros, regarder comment ils se préparent, écouter la causerie du coach, ressentir cette pression, ça fait partie du processus d’apprentissage. Quand on est jeune, c’est très appréciable car ça nous donne envie d’y retourner et de travailler pour. » Doté d'un bon pied droit, explosif sur sa ligne et efficace dans ses sorties, le Suisse va donc avoir trois matches pour apprendre.

« Je n’appréhende pas trop. Ça va être une bonne expérience, je vais essayer de mettre Mathieu (Gorgelin) dans les meilleures conditions », glisse Racioppi. Le portier, qui devra composer avec le retour de suspension d’Anthony Lopes lors du prochain exercice, prend conscience de l’évolution de son statut : « A l’heure actuelle, je me sens comme le gardien numéro trois de l’OL. Ce qui devrait aussi être le cas la saison prochaine. » L’ascension est fulgurante et le Suisse se prépare à toutes les éventualités. Comme celle de remplacer Mathieu Gorgelin durant cette fin de saison, en cas de blessure de ce dernier ? « Sur un petit malentendu (rires)… Non, plus sérieusement je préfère qu’il ne se blesse pas et ne pas jouer. » Les matches viendront naturellement.

Photo : olweb.fr

6 commentaires
  1. Avatar
    Maxence Lumière - jeu 3 Mai 18 à 9 h 37

    ah enfin un petit suisse a lyon, pourvu qu'il soit aussi bon que patrick muller. eh les lyonnais, n'oubliez pas qu'en suisse, il y a de bons joueurs, sérieux, professionnels, qui parlent français, pas cher et qui peuvent rapporter gros. venez faire vos emplettes en termes de mercato en suisse, c'est tout bon, j'ai 8 secondes pour vous dire qu'ovomaltine, c'est de la dynamite.

    1. Jacks
      Jacks - jeu 3 Mai 18 à 13 h 49

      On n'oubliera pas Frick, plus récent que Pat et poste similaire. Parti sans faire de bruit mais qui semble tracer sa route dans son pays d'origine. Je me rappelle aussi de Grassi, mes premiers émois de supporter à la fin des années 90!

  2. Avatar
    69dz - jeu 3 Mai 18 à 13 h 37

    Franchement je l'ai vu jouer lors du match de la réserve contre le psg et il a été énorme! De plus il n'a que 19 ans! Je pense que l'on a ici un très bon jeune qui concurrencera certainement Antho dans les années a venir!

  3. Avatar
    dada - jeu 3 Mai 18 à 16 h 08

    Bien sur qu'il y a des bons joueurs en suisse
    Pour celui ci je ne sais j'espère quon ne sera pas obligé de le voir jouer sur nos 3 derniers matches.

    1. -bRoglin-
      -bRoglin- - jeu 3 Mai 18 à 16 h 36

      Excactement ce que je me suis dis...Si on le voit rapidement dans le groupe ça sera aux détriments de Gorgelin parce qu'il nous a sabordé la fin de saison..^^

      1. Avatar
        fandelol - jeu 3 Mai 18 à 20 h 41

        Pas forcément. Gorgelin peut très bien se blesser. Ou Racioppi être impressionnant à l'entraînement.

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