OL - Michel Savin : « J’aimerais savoir pourquoi le gouvernement a fait ce choix »

Michel Savin (LR) est sénateur de l’Isère mais également président du groupe d’étude sur les pratiques sportives au Sénat. Avec Claude Kern (UDI), il a adressé une lettre à la ministre des Sports, Roxana Maracineanu afin d’obtenir des explications concernant l’arrêt de la Ligue 1. Pour Olympique-et-lyonnais.com, il revient sur ce choix très préjudiciable pour le football français selon lui.

Olympique-et-lyonnais.com : Jean-Michel Aulas a envoyé trois courriers à des parlementaires, que pensez-vous de cette démarche ?

Michel Savin : Il est dans une démarche de président de club. Elle concerne plutôt l’aspect sportif mais également économique. De mon côté, je suis dans une démarche politique. Comme d’autres présidents, il défend son institution. Je ne vais pas m’immiscer dans le fonctionnement et les relations des clubs avec la Ligue, ce n’est pas mon rôle de parlementaire. Je vois, je lis et j’écoute ce qui est dit.

Cela peut-il porter préjudice à l’OL pour la Ligue des champions ?

J’ai vu que l’UEFA avait décalé sa prise de décision de quelques semaines pour le calendrier de fin de saison. Si elle maintient la fin des coupes d’Europe, je ne sais pas comment vont faire l’OL et le PSG sachant que les compétitions sont arrêtées en France. Ça serait un paradoxe que ça ne joue pas en France mais que ces clubs disputent la Ligue des champions. Nous sommes dans cette position car la France est le seul championnat du top 5 à avoir pris cette décision.

"Je ne sais pas si le gouvernement a fauté"

Le gouvernement a-t-il fauté en annonçant dès fin avril l’arrêt de la Ligue 1 ?

Je ne sais pas s’il a fauté mais j’aimerais savoir pourquoi il l’a fait, sur quels critères. Lorsque l’on interroge les Ligues, on nous explique que ça n’a pas été fait en concertation avec le milieu du sport professionnel, notamment pour le football. Les instances ont pris leur décision après l’allocution du Premier ministre. Aujourd’hui, les Ligues me disent : « on écoute le discours du chef du gouvernement. » Je ne sais pas si cela a été anticipé ou mesuré mais je n’ai pas envie que dans quelques semaines, il y ait un débat au Parlement où l’on risque de mobiliser des centaines de millions d’euros pour combler le déficit avec l’argent du contribuable. Cela me gêne beaucoup. Je ne suis pas certain que les Français, qui vont connaître des difficultés, apprécient que l’on sollicite des fonds publics pour aider le sport professionnel.

Pourquoi avoir écrit cette lettre à Roxana Maracineanu, la ministre des Sports ?

On voit qu’aujourd’hui, nous sommes dans une situation où le sport professionnel est arrêté et avec mon collègue Claude Kern (sénateur UDI), nous nous interrogeons sur les raisons qui ont poussé le gouvernement à prendre cette décision. Ce choix n’est pas l’œuvre de la Ligue mais il est issu de la prise de parole du Premier ministre (le 28 avril). En premier lieu, j’aimerais connaître l’origine de cette prise de décision qui à mes yeux, n’est pas très claire. On demande donc qu’elle soit clarifiée. Au niveau du Sénat, nous travaillons sur l’ensemble du sport. Nous observons la situation dans laquelle il se trouve, comment va-t-il pouvoir reprendre ses activités et dans quelles conditions. Lorsque nous avons travaillé sur le football professionnel, à la fin de l’audition, il m’a semblé important que l’on clarifie ce sujet.

"J’aimerais connaître l’origine de cette prise de décision"

Lundi, Roxana Maracineanu a affirmé qu’elle ne souhaitait pas que le gouvernement s’immisce dans le choix des Ligues concernant l’arrêt des compétitions. Cette déclaration vous semble-t-elle contraire à ce qui a été fait pour le football ?

C’est totalement le contraire de ce qui s’est passé avec le football en effet.

Que pensez-vous de la décision des autorités allemande et peut-être celles d’autres pays, d’autoriser la reprise du football ?

Dans d’autres pays, les instances ont fait le choix d’attendre avant prendre une décision. Il fallait attendre pour voir comment les choses évoluent. Je précise que je ne milite absolument pas pour une reprise à tout prix. Les Allemands ont recommencé à jouer mais en Italie, en Espagne et en Angleterre, ils se sont laissés le loisir d’attendre et de prendre une décision plus tard. Pourquoi la France n’a pas pris ce chemin-là. Les clubs ont les moyens de contrôler de manière très stricte la situation et l’état de santé de leurs joueurs. On peut se poser la question de savoir si c’est bien ou pas de jouer à huis clos mais à un moment, il faudra payer la note.

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