OL : Sergi Darder, la saison de la relance

Après une dernière saison bien terne, Sergi Darder pourrait retrouver des couleurs lors du prochain exercice. Corentin Tolisso parti, il devrait prendre le jeu à sa charge au milieu de terrain.

Il a fait partie des déceptions de la saison écoulée. A des années lumières de son splendide but contre le Paris Saint-Germain en février 2016, Sergi Darder a traversé le dernier exercice comme une âme en peine. Pas toujours à son avantage dans un schéma de jeu à trois milieux de terrain, le passage au 4-2-3-1 et l’éclosion de Lucas Tousart l’ont définitivement relégué sur le banc. Maxime Gonalons et Corentin Tolisso partis, l’Espagnol pourrait retrouver une place de titulaire aux côtés du champion d’Europe U19. Et enfin confirmer les belles promesses que son talent a déjà laissé entrevoir.

Quatre titularisations en Ligue 1 en 2017

Joueur clé de la deuxième partie de saison 2015-2016, Sergi Darder ne l’a pas du tout été lors du dernier exercice. L’Espagnol, peu à peu a vu son temps de jeu diminuer. En 2017, il n’a été titulaire qu’à quatre reprises en Ligue 1. Alors qu’il n’a plus joué une seule minute en Ligue Europa à partir des huitièmes de finale, l’ancien joueur de Malaga n’est plus apparu sous le maillot lyonnais en match officiel depuis le 23 avril et la réception de Monaco (1-2). Une éternité. Auteur de deux buts et de trois passes décisives toutes compétitions confondues, l’ancien international espoirs ibérique est souvent passé derrière Lucas Tousart, Corentin Tolisso, Maxime Gonalons, voire Jordan Ferri, dans la hiérarchie des milieux de terrain. Avec le départ des deux internationaux français, il aura certainement plus l’occasion de s’exprimer.

Retour aux fondamentaux

Alors que Bruno Genesio n’a jamais utilisé Sergi Darder dans le double pivot la saison dernière, la donne sera différente lors du prochain exercice. L’entraîneur lyonnais, conforté dans son idée de jouer en 4-2-3-1, devrait aligner plus souvent l’Espagnol au milieu aux côtés de Lucas Tousart. « L’idée d’avoir un milieu plus défensif dans le double pivot et un autre qui fasse le lien entre le milieu et l’attaque c’est quelque chose qui rentre beaucoup dans ma réflexion, a affirmé le technicien rhodanien, jeudi dernier. Donc Sergi (Darder), Jo (Ferri), Clément (Grenier) sont des joueurs qui peuvent occuper ce poste à côté d’un joueur à vocation beaucoup plus défensive pour assurer l’équilibre de l’équipe. » Contre Bourg-en-Bresse, le Celtic Glasgow et ce mardi face à l'Ajax Amsterdam, le natif d’Artà (Îles Baléares), s’est plutôt montré à l’aise dans ce rôle qu’il connaît déjà à la perfection. « Je pense que maintenant je joue à mon poste, pour moi c’est beaucoup mieux comme ça », a-t-il avancé après la victoire face à l'Ajax (2-0). Il semblait visiblement satisfait d'avoir retrouvé ses amours de jeunesse. « J’ai toujours joué comme ça. C’est mon poste, à Malaga quand j’étais jeune j’ai joué comme ça, ça faisait peut-être déjà dix ans que je jouait à ce poste-là », a-t-il souligné.

Dans le 4-5-1 de Javier Garcia, lors de sa dernière année à Malaga, les rôles étaient bien définis. « Il jouait à côté de Camacho dans le double pivot au milieu de terrain. Camacho était plus en position défensive, tandis que Darder pouvait décrocher et se plus se rapprocher de la surface de réparation », nous confie José Manuel Olías, journaliste sportif pour le quotidien Málaga Hoy. Bruno Genesio dispose donc de quelques certitudes avec son joueur, au moment de composer son milieu de terrain. « Il a très bien joué avec Malaga et sa progression a été grande. Grâce à ses bonnes performances, il a pu être sélectionné avec l’équipe d’Espagne espoirs », avance notre confrère. Comme avec Ignacio Camacho, Sergi Darder pourra parfois éluder les tâches défensive à côté de Lucas Tousart qui fait preuve d'une énorme activité à la récupération. « Jouer avec Lucas qui fait beaucoup d’efforts pour les autres, aide beaucoup le joueur qui est à côté de lui », a confié l'Espagnol mardi soir.

Une grosse marge de progression

A 23 ans, Sergi Darder n’a pas encore tiré la quintessence de ses qualités. Sa marge de progression est encore grande et il aspire à devenir un jour l’égal de ses exemples Luka Modric, Xavi ou Andrés Iniesta, avec qui il force souvent la comparaison. « Iniesta est considéré comme un top 3 de l'histoire de l'Espagne. Darder a des caractéristiques différentes, affirme José Manuel Olías. L'imagination et la magie d’Iniesta ne sont pas comparables. Sergi est bon techniquement et surprend grâce à ses contrôles et ses frappes. Mais je pense que son impact sur le jeu n’est pas aussi grand. »  Doté d’une excellente vision de jeu et d’une très bonne qualité de passe, l’Espagnol a d’autres atouts à faire valoir. « A Malaga, il a mis plusieurs buts de 25 ou 30 mètres », avance notre confrère. A Lyon, le numéro 14 ne tente que très rarement sa chance et n’est encore jamais parvenu à marquer de loin. « Peut-être qu’il manque de confiance mais sa frappe de balle est sûre, puissante et précise », assure le journaliste de Málaga Hoy. A terme, le milieu de terrain « peut être international s'il continue à progresser, c’est un profil de joueur recherché en sélection. Il a une bonne prise de balle et possède la capacité de faire le lien entre les lignes. »

Mettre tout le monde d'accord

Certainement l’un des joueurs les plus talentueux de l’effectif lyonnais, Sergi Darder aspire désormais à faire l’unanimité. D’autres objectifs en tête, il n’y est pas forcément toujours parvenu à Malaga. « Il a passé trois ans à Malaga. La première année dans l'équipe B et les deux autres en équipe première. Durant ces deux saisons, il a été très bon, mais le public ne lui portait pas une grande affection, confie José Manuel Olías. A la fin de sa première saison avec les professionnels, il était proche de rejoindre Porto, avant de finalement signer à Lyon l’année suivante. La perception que l’on avait c’est qu’il avait envie de partir de Malaga, on savait qu’il le ferait dès qu’une équipe meilleure se présenterait. » Au final il n'a pas laissé un souvenir impérissable en Andalousie. « Réellement, Malaga a fait une très bonne opération avec lui. Il est arrivé libre de l’Espanyol Barcelone et a été revendu 12 millions d’euros trois ans plus tard », murmure notre confrère. Désormais, le milieu de terrain, prêt à aborder une saison décisive pour la suite de sa carrière, semble pleinement concentré sur les échéances qui attendent l’OL. « J'espère m'imposer à l'OL mais je ne décide pas », a-t-il soufflé après la rencontre face à l'Ajax. Avec des prestations abouties comme face à l'équipe néerlandaise, il pourrait mettre tout le monde d’accord. Bien qu'il « faudra montrer plus pour rejoindre un grand d’Europe et la sélection », comme le souligne le journaliste de Málaga Hoy. Il devrait en attendant se stabiliser dans le club de la capitale des Gaules. « Je n'ai pas encore parlé avec le club. Dans un mois on va parler, décider ce qu'on fait mais je suis content ici », a-t-il révélé. Pour Darder, c'est le moment ou jamais.