Pierre Sage à l'entraînement de l'OL
Pierre Sage à l’entraînement de l’OL (crédit : David Hernandez)

Pierre Sage, un boulimique du foot au service de l'OL

Propulsé sur le devant de la scène depuis une semaine, Pierre Sage prend la lumière bien malgré lui. Pourtant, cet intérim est l’occasion pour lui de mettre en pratique ce qu’il dispense depuis des années. Même avec la situation d’urgence qui règne à l’OL.

Les conférences de presse ont été assez souvent critiquées de ne pas parler assez de football pour ne pas voir en Pierre Sage une véritable bouffée d’oxygène. Intronisé depuis seulement une semaine, l’entraîneur intérimaire a déjà séduit par son discours, à défaut d’avoir ramené des points sur le terrain. L’exercice oral n’a pas vocation à déstabiliser celui qui avait plutôt l’habitude de rester dans l’ombre, mais pouvoir parler de tactique et tout simplement de football l’espace d’une demi-heure reste un véritable vent frais. Si certains le découvrent au grand jour, Pierre Sage n’est toutefois pas un inconnu, lui qui pouvait compter sur des adeptes avant même de poser ses valises entre Rhône et Saône en 2019 comme entraîneur des U16.

Avec sa page "Pierre Sage, la méthode globale" sur Facebook, l’actuel entraîneur intérimaire de l’OL a fédéré une communauté autour de lui, qui s'est fait entendre au moment de sa nomination, et créé des vocations. Jérémie Dussolier fait partie de ceux qui ont adhéré à cette philosophie, d’abord de loin en 2019. "Pierre a été le traducteur des courants espagnols et portugais, de ce qui peut se faire ailleurs. Seulement, il a réussi à l’expliquer de manière très pédagogique et ça a été pour beaucoup un déclic. On avait une figure française pour représenter ce courant." Il n'est pourtant pas question de parler de "Sagisme", lui qui n'a finalement fait que s'inspirer d'autres comme ceux qui le font avec lui désormais. 

Ayant croisé Pierre Sage lors d’une conférence dispensée par le principal intéressé à Lyon, Jérémie Dussolier va ensuite avoir la chance de côtoyer l’entraîneur au sein de l’Académie. L’actuel coach de l’OL était chargé des U16 tandis que le jeune "padawan" s’occupait des U15 féminines. Avant d’assurer un intérim de quelques semaines aux côtés de celui dont il partageait les convictions. Durant cette période, Dussolier a pu voir de l’intérieur la patte Sage dans le développement technique et personnel des jeunes joueurs.

Ce développement peut-il se traduire à l’étage du dessus avec des joueurs bien plus expérimentés ? L’actuel adjoint au pôle espoir féminin de Tours en est convaincu malgré la casquette de formateur qui peut coller à la peau de Pierre Sage. "On a mis derrière le terme entraîneur, celui d’ancien pro, un leader d’hommes. Il doit y avoir la place pour des Will Still, Julien Stéphan. Je pense que Pierre a travaillé beaucoup plus que les autres sur la connaissance du jeu et du joueur. Ce travail lui donne des prérequis pour être entraîneur au haut niveau. Il suit actuellement un Master de périodisation tactique au Portugal qu’a suivi Jardim, Mourinho. En n’étant pas un joueur pro, il s’est intéressé au joueur en lui-même, en étant proche, savoir comment il fonctionne pour optimiser sa performance."

Dans son apprentissage du coaching, Pierre Sage s’est logiquement inspiré de Pep Guardiola ou encore Marcelo Bielsa. Deux entraîneurs qui ont apporté une vision plus globale au football et dont Sage a puisé une partie de sa philosophie. Quand le football français avait une vision analytique avec une séparation entre la technique, la tactique, le mental, le Lyonnais a importé le concept d’un geste technique qui s’inscrit dans un projet de jeu. Celui de 'je ne fais pas une passe pour faire une passe'. Dans l’état actuel des choses à l’OL, on est en droit de se dire que la formation lyonnaise n’a pas besoin d’un professeur ou de belles idées de jeu, mais plutôt de mettre le bus. "Un parti pris" pour Sage, comme il l’a concédé vendredi en conférence de presse.

Seulement, celui qui est très méthodique, très cartésien et que certains pourraient trouver rigide dans sa philosophie est finalement plus ouvert qu’il n’y paraît malgré une vraie volonté de contrôler ce qui est contrôlable. Il n’y a qu’à voir la mise en place minutieuse de l’entraînement vendredi pour comprendre que Pierre Sage souhaite identifier au maximum les besoins et faciliter l'accès à la performance par de petits détails qui n'ont l'air de rien au départ. "On joue comme on s'entraîne, mais on s'entraîne aussi comme on joue", a-t-il déclaré lors de sa conférence à Lyon en 2019. "Il veut créer une forme de cadre autour des joueurs pour pouvoir à l’intérieur les laisser créatifs. Un joueur va gagner en lisibilité parce qu’il va savoir ce qui est autorisé. Il interdit peu de choses. Il intervient très peu dans la séance, car il sait que ça va biaiser la prise d’informations. Mais il va utiliser beaucoup l’erreur qui est une variable d’ajustement." 

Sur ce point-là, il rejoint Fabio Grosso qui estimait lui aussi que les joueurs devaient se tromper pour comprendre et s’adapter. Cette philosophie créée à l’Académie, Pierre Sage tente de l’importer chez les pros depuis son arrivée. Entendre Rayan Cherki ou Alexandre Lacazette dire après Lens qu’ils ont eu plus de liberté prouve que la doctrine peut s’adapter au haut niveau. Cependant, comme pour tout entraîneur, elle doit être suivie d’effets sur le long terme et de résultats. Car c’est avant tout là que l’OL est attendu. Peut-être plus que Pierre Sage qui ne sait pas de quoi demain sera fait et qui tente de poser les fondations d'un redressement avec ses principes.

8 commentaires
  1. Avatar
    Provencal - sam 9 Déc 23 à 8 h 04

    Je suis toujours convaincu que ce n'est pas l'entraîneur qu'il nous faut.
    Il le sera sûrement à l'avenir et j'espère vraiment qu'un jour il aura sa chance chez nous s'il le souhaite mais pas maintenant.

    Ce n'est pas le moment de chercher à tout prix une philosophie de beau jeu.
    On pourra peut être battre quelques concurrents direct en jouant mais ce sera impossible de faire des coup contre le top 10.
    Or c'est aussi comme ça que l'on s'en sortira.

    C'est battre Brest, Reims et ce genre d'équipe qui nous débarquera de nos concurrents.
    Avec une organisation cohérente on a l'effectif pour mais il faudra être pragmatique pas dogmatique.

  2. Toitoi
    Toitoi - sam 9 Déc 23 à 9 h 10

    Pour réussir, il faut la bonne personne au bon poste au bon moment.

    Et je sais une chose, pour avoir découvert l'existence de Pierre lorsqu'il est devenu entraîneur intérimaire : il était considéré comme un bon directeur du centre de formation.

  3. JFOL
    JFOL - sam 9 Déc 23 à 9 h 17

    Coach avec des joueurs au 21 ème siècle (fainéants) + joueurs mal éduqués + divas surpayées dans le vestiaire = psychologue !

  4. Avatar
    Kirian - sam 9 Déc 23 à 9 h 44

    Ne pas confondre psychologue avec pédagogue. Au contraire, je trouve que beaucoup trop de coachs moderne (et de fans) croient que l'on peut facilement influer sur le mental de joueurs. Même pour un psychologue certifié, cela lui prendrait plusieurs mois avec 2-3 séances individuelles par semaine. Au football, je suis persuadé qu'il faille mieux traiter le moral comme un facteur exogène.

  5. RBV
    rbv - sam 9 Déc 23 à 11 h 09

    Il faudrait surtout qu'il mette en place une stratégie PRAGMATIQUE ! Tout le monde derrière et on joue le contre. On bétonne en attendant des jours meilleurs. Ça aurait au moins le mérite de refaire prendre confiance à nos joueurs...au lieu de faire semblant de jouer comme Manchester City et se faire démonter/transpercer par n'importe quelle équipe de Ligue 1 un poil organisée et qui met 10% d'impact...
    Ça fait des années que ça durent mais bon...on continue à croire que l'on va faire le jeu avec des joueurs tellement rincés psychologiquement qu'un contrôle/passe est impossible et je parle même pas d'un appel en profondeur ou d'un redoublement dans un couloir 👍
    Ne changeons rien surtout...

    1. Toitoi
      Toitoi - sam 9 Déc 23 à 11 h 20

      L'OL s'y refuse : il faut un jeu de possession.

    2. Sebepe
      Sebepe - sam 9 Déc 23 à 13 h 21

      On a pas les joueurs pour ça : pas assez de milieux de terrain et de déf"enseurs de bonne qualité. Par contre on peut jouer en 352 avec Lovren, Obrien, Mata-tagliafico,Caqueret, Diawara, Tolisso, Kumbedi-Lacazette-Nuamah

      Par contre attention on a pas le droit de prendre des cartons des suspensions ou des blessures, car ça fait qu'ne seule équipe.

    3. Conelus
      Conelus - sam 9 Déc 23 à 14 h 31

      Je suis d'accord avec toi rbv mais faut'il que les joueurs soit d'accord aec cette tactique. Et l'eviction de Fabio me fait penser l'inerse.

Les commentaires sont fermés

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