John Textor avec son chapeau de cowboy lors d'OL - PSG
John Textor avec son chapeau de cowboy lors d’OL – PSG (Photo by Olivier CHASSIGNOLE / AFP)

OL : le président de la DNCG tacle encore John Textor

Près de quinze jours après le maintien de l’OL en Ligue 1, Jean-Marc Mickeler est sorti du silence. Le président de la DNCG a fustigé l’attitude de John Textor, coupable de ne pas avoir écouté les recommandations de l’instance.

Depuis quinze jours, il est de nouveau question de football et de sportif quand on vient à parler de l’OL. Avec la signature d’une première recrue mardi soir, le club lyonnais pense enfin terrain et ce n’est pas pour déplaire aux supporters rhodaniens. Seulement, personne ne peut occulter le fait que l’OL est passé à deux doigts de la catastrophe industrielle. La relégation administrative en Ligue 2 prononcée le 24 juin dernier avait créé une onde de choc entre Rhône et Saône. 

Dans ce marasme et cette crainte de voir 75 ans d’histoire réduits à néant, la sanction de la DNCG a servi de coup de fouet. Elle a eu raison de la présidence de John Textor et la mise en place d’un nouveau duo fort Michele Kang - Michael Gerlinger, avec Ares en sous-marin. "La DNCG n'est pas le problème, elle fait partie intégrante de la solution, et c'est son électrochoc qui a permis à l'OL de finalement rester en Ligue 1", s’est justifié Jean-Marc Mickeler dans L’Equipe.

Le patron de la DNCG est revenu sur la situation du club lyonnais, passé à quelques mètres d’une relégation en Ligue 2 et peut-être même bien pire. Comme on pouvait s’en douter au moment de l’annonce choc de la fin juin, Mickeler a pointé une nouvelle fois le côté têtu de John Textor face aux recommandations du gendarme financier.

"John Textor est le président avec lequel nous avons le plus dialogué. Il y a eu beaucoup de pédagogie. Nous pensions qu'il avait compris. Nous avons rétrogradé Lyon à titre conservatoire avec des éléments très clairs sur ce qui était indispensable pour la survie du club. Une nouvelle rencontre avec John a eu lieu au mois de mars, au lendemain de l'élimination face à Manchester United, pour voir où il en était. Il y a eu ensuite une réunion préparatoire début mai. Il nous a présenté des hypothèses. Nous lui avons redit la nécessité d'apporter de l'argent frais au club. Et rien n'a été livré malgré ce dialogue incessant. Nous n'avions pas d'autre choix que de constater l'absence d'éléments tangibles pour la survie du club."

N’ayant pas réussi à convaincre la DNCG avec des éléments concrets, John Textor a donc été poussé sur la touche à l’OL et le travail réalisé par les équipes lyonnaises en neuf jours ont permis un (presque) retour à la normale. "Sur la base des hypothèses que John Textor nous a présentées, nous avons estimé la nécessité de couvrir un risque de l'ordre de 240 millions d’euros." Se félicitant du travail de Michele Kang, Jean-Marc Mickeler espère voir désormais l’OL respecter ses engagements sur la durée.

15 commentaires
  1. Avatar
    Cicinho2 - mer 23 Juil 25 à 8 h 14

    Merci jean-marc d’avoir aidé à dégager Textor...
    Maintenant ça règle pas grand chose à la santé financière de la l1, 1,3 milliards de pertes, c’est ça ?
    Et petit hors-sujet : Strasbourg paye 15M€ pour Amougou que Chelsea avait recruté 15M€ à sainté en février, vend Sarr pour 20 avant la fin juin, mais va le récupérer en prêt, est-ce que les présidents de l1 vont poser des réserves contre Strasbourg cette saison parce que la multipropriété c’est pas bien?
    Je précise que je suis pantois devant ces jeux financiers...

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    1. Avatar
      alain.taulin@orange.fr - mer 23 Juil 25 à 8 h 27

      Textor a certainement des défauts et son départ est une bonne décision pour l'OL. MAIS effectivement, cela ne règle pas l'incompétence générale de nos instances du Foot Français! Me Kang a simplement rassuré nos "gendarmes" financiers, sans changer le système dans lequel évolue actuellement l'OL: la multipropriété! L'exemple de Strasbourg montre bien que Textor en ouvrant trop sa "grande g..." c'est mis à dos nos super dirigeants qui prèfèrent rester dans le ventre mou de l'Europe plutôt que de se réformer! Un peu facile....Il faut accepter que le foot soit un "jeu financier" des millions de gens sont prêts à dépenser pour acheter des places chaque semaine, parier sur les résultats, acheter des maillots pour eux et leurs enfants etc... Si on n'accepte pas ce système alors, il faut ACCEPTER de perdre en ligues européennes chaque année!

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      1. Valbranque
        Valbranque - mer 23 Juil 25 à 9 h 06

        @alain je suis d’accord avec vous et je trouve que c’est bien de nuancer un peu l’analyse au sujet de Textor. Son plus grand défaut je pense c’était de l’ouvrir trop souvent. Peut-être aurait-il pu faire passer la pilule à la DNCG s’il avait davantage travaillé dans la discrétion. C’est pour ça que je ne regrette pas son éviction.

        Mais quand on voit que Ponsot et Aulas se sont empressés de vendre Guimaraes sans doute pour satisfaire à des exigences de la DNCG et que cela nous a coûté la qualification pour la C1, on peut douter de l’utilité de cette instance.

      2. Avatar
        jeremy - mer 23 Juil 25 à 10 h 25

        @Valbranque comme Kang l'a rappelé, la principale mission de la DNCG est de s'assurer que les clubs engagé en compétition ont suffisamment de trésorerie pour terminer la saison, dans le but d'éviter de fausser la compétition avec un club qui ferait faillite en cours de saison.
        La plupart des grands championnat ont mis en place un organisme équivalent, comme par exemple l'Espagne, qui, pour rappel, a du faire face dans les années 2010 à des reports de journée à cause des grèves de joueurs pour salaires impayés.

        Son rôle me semble donc plutôt utile !

    2. orangecj85
      orangecj85 - mer 23 Juil 25 à 9 h 17

      Cicinho,

      Tu poses plusieurs questions pertinentes, et c’est bien de garder un œil critique sur les mécaniques financières du foot actuel.

      Concernant l’OL, dans le cas Almada, le problème n’a jamais été véritablement celui de la multipropriété. Ce sujet a été souvent cité en arrière-plan pour alimenter le débat, mais la vraie source du soulèvement provenait de l’interdiction de recrutement prononcée par la DNCG, qui avait été habilement contournée par un montage, certes légal, mais très discutable dans l’esprit. C’est ça qui a irrité : un club sous interdiction de recruter, qui parvient malgré tout à enrôler un champion du monde via un prêt gratuit dans la foulée.

      En comparaison, BlueCo (propriétaire de Strasbourg et Chelsea) fonctionne différemment : ils ont injecté massivement des fonds, respectent les règles comptables (en tout cas à ce stade, rien ne prouve le contraire) et leurs montages, bien qu’aussi "créatifs", sont faits dans les clous. Amougou est acheté dans un cadre cohérent, Sarr vendu puis prêté dans une logique de valorisation sportive, tout en respectant les règles de clôture budgétaire.

      On peut être pantois, oui, et s’interroger sur les effets de la multipropriété à long terme sur l’équité sportive. Mais ici, Strasbourg n’a, à ma connaissance, rien enfreint. Alors, vouloir leur mener une cabale n’a pas vraiment de sens. Ce qu’il faut pointer, c’est le manque d’un cadre réglementaire clair et harmonisé à l’échelle européenne. Car en l’absence de règles claires, les plus agiles financièrement (ou juridiquement) tireront toujours leur épingle du jeu, multipropriété ou pas.

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  2. j.f.ol
    j.f.ol - mer 23 Juil 25 à 8 h 27

    Ce président de la DNCG serait plus utile a la présidence de la France en lieu et place du tocard incapable élyséen qui coule la France et qui va continuer encore pendant 2 ans !

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  3. RBV
    RBV - mer 23 Juil 25 à 8 h 33

    Comment va sa fille à ce monsieur ? Ça se passe toujours bien dans les bureaux du PSG ?
    Pffff 🙄

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  4. Toitoi
    Toitoi - mer 23 Juil 25 à 10 h 38

    Je ne lis meme plus les articles sur cet individus.

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  5. Juni38
    Juni38 - mer 23 Juil 25 à 11 h 06

    Force est de constater que Mickeler avait raison , et sans lui on ne serait pas débarrassé de cet illusionniste .

    Ils ont dialogué tant et plus mais Textor n'en a toujours fait qu'à sa tête , dans une fuite en avant catastrophique .
    Je me suis trompé sur le compte du skateboarder , mais il a trompé beaucoup de monde y compris les gens d'Ares , qui ne sont pourtant pas des perdreaux de l'année .

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  6. Avatar
    Philippeb - mer 23 Juil 25 à 12 h 12

    Qu'est ce que ça peut bien vouloir dire " réformer le système" ?
    On le sait depuis 100 ans le football de club français est un football de deuxième niveau en Europe, pas de grands clubs ( sauf maintenant le QSG), un palmarès européen ridicule, une population peu sportive qui méprise ce sport populaire, et un système social et fiscal qui pénalise les clubs comme les entreprises ( je l'entendais encore hier c'est la même chose pour les équipes cyclistes françaises). De plus pas mal de ratés sur la gestion des droits télé ces dernières années ont encore réduit les revenus des clubs.
    Dans ce contexte les présidents font de leur mieux mais sont dépassés par la hausse des salaires qui découle du succès et de la spéculation dans les autres pays européens. Et les clubs perdent beaucoup d'argent.
    Ça veut dire quoi réformer le système ??? Leur attribuer plus de revenus ? Comment ?
    Réduire leur dépenses fiscales et sociales ? Comment le faire dans un pays qui veut continuer de décourager le travail et de s'enfoncer dans le laxisme ?
    Réduire leur dépenses en joueurs ? C'est ce qu'essaye de faire la DNCG, maintenant avec plus de vigilance qu'avant, c'est bien mais ne nous cachons pas que le niveau sportif global va, du coup, encore plus tendre vers la baisse, inévitablement. Mettre en place un salary cap aurait le même effet.
    Mettre en place des lois qui permettent au clubs formateurs de garder plus longtemps leur jeunes ?
    Mettre en place une ligue fermée ?

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    1. Juni38
      Juni38 - mer 23 Juil 25 à 12 h 22

      J'emettrai un bémol , depuis 100 ans non .
      Quant Tapie est arrivé à l'OM , les clubs français faisaient de la figuration depuis des années , ça allait jusqu'en 1/8 de finale au maximum .
      Avec lui , ils sont allé en 1/4 , demies et même finale , régulièrement .
      Pourtant le système était déjà le même qu'aujourd'hui .

      Idem avec Aulas que Tapie a fait venir dans le foot , car il avait besoin que l'OM ait plus de concurrence pour que l'équipe soit compétitive au niveau européen ; si le championnat était médiocre , ça tirait vers le bas les équipes les meilleurs , dont la sienne , il avait très bien compris ça et avait oublié d'être sot .

      Aujourd'hui tout a été chamboulé par l'arrivée du Qatar , qui peut réussir au niveau européen sans qu'il ait de concurrence en ligue 1 , tellement leurs moyens sont illimités .

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    2. orangecj85
      orangecj85 - mer 23 Juil 25 à 13 h 03

      Salut Philippeb,

      Je ne partage pas totalement ton constat, notamment sur la supposée indifférence du public français vis-à-vis du foot. C’est un sport profondément ancré dans notre société, pratiqué massivement, et qui reste le plus suivi en France, toutes générations confondues. Il suffit de voir l’engouement pour les grandes compétitions internationales ou les tribunes chaque week-end, malgré la qualité inégale du spectacle, pour mesurer à quel point ce sport est un réel moteur économique et social. Ce n’est donc pas un problème de « population » à mon sens.

      Là où je te rejoins, c’est sur les limites du cadre fiscal et social français comparé aux autres pays européens. Mais au lieu de s’arrêter à ça comme une fatalité, la question de la réforme du système mérite d’être posée autrement : quelle vision voulons-nous pour le foot français ? Et quels leviers alternatifs pouvons-nous activer dans notre propre contexte ?

      Parce que réformer, ce n’est pas forcément copier l’Angleterre ou l’Arabie Saoudite. C’est peut-être :

      Penser une stratégie claire autour de la formation, non plus seulement comme un outil de trading, mais comme un projet d’identité et de performance,

      Développer des synergies locales et régionales, renforcer les liens clubs-territoires pour construire un écosystème plus solide,

      Mettre en place une gouvernance plus cohérente et moins politisée entre LFP, FFF, DNCG, etc.,

      Investir intelligemment dans l’image, l'expérience fan, et la différenciation du produit Ligue 1 (ce que la Premier League a très bien fait en 20 ans),

      Et, oui, repenser aussi la répartition des droits, les normes d’infrastructures, les règles de régulation sportive.

      Ce n’est pas simple. Mais continuer à gérer à courte vue, sans ambition structurée et sans changement, c’est ce qui nous condamne à rester un championnat de transit, avec des clubs en survie permanente.

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      1. OLVictory
        OLVictory - mer 23 Juil 25 à 13 h 18

        Et pourtant les français sont indifférents et même hostiles au foot pro.
        Une fois tous les quatre ans, ils vont s'intéresser à quelques matchs de CDM, mais le lundi suivant, c'est oublié.

      2. orangecj85
        orangecj85 - mer 23 Juil 25 à 13 h 59

        Au foot pro réellement… ou au foot business ?

  7. j.f.ol
    j.f.ol - mer 23 Juil 25 à 13 h 38

    « L'électrochoc a permis à l'OL de rester en L1 », selon Jean-Marc Mickeler, président de la DNCG

    Jean-Marc Mickeler assure que l'organe de contrôle des clubs qu'il préside, en alertant sur une dérive incontrôlée, a contribué à sauver Lyon. Et révèle une nouvelle perte d'exploitation de 1,3 milliard d'euros pour le football professionnel.

    La saga lyonnaise a animé la fin de saison avec un sauvetage in extremis de l'OL, maintenu finalement en Ligue 1. Grâce notamment à l'intervention de Michele Kang et de ses partenaires et la mise à l'écart de John Textor. Jean-Marc Mickeler, le président de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), qui avait rétrogradé Lyon en première instance, explique dans un entretien à L'Équipe avoir identifié lors de l'examen des comptes lyonnais « la nécessité de couvrir un risque de l'ordre de 240 millions d'euros ». Avant un remodelage opéré par les nouveaux dirigeants qui s'est avéré concluant.

    Pour le reste, Mickeler, qui dirige également la branche Audit et Assurance au niveau mondial chez Deloitte, révèle les pertes inquiétantes des clubs français.

    « Quelle est la situation financière des clubs à l'issue de la saison qui vient de s'achever ?
    Nous restons dans la course, toujours vivants, mais sous anti-inflammatoires _ loin d'être guéris, même si je perçois aujourd'hui une volonté collective de se soigner, pas toujours présente auparavant. La saison 2024/2025 s'achève avec une perte d'exploitation d'environ 1,3 milliard d'euros (1,1 Md€ en L1, 200 millions en L2). Avec près de 800 M€ de plus-values de cession de joueurs, la perte nette devrait avoisiner 400 M€. Ces chiffres confirment nos prévisions partagées avec les clubs dès le mois de décembre. De même, et sans surprise, les budgets présentés pour la saison 2025/2026 affichent un déficit opérationnel lui aussi de l'ordre de 1,3 Md€.

    « Quand certains disent que le problème a été la baisse des droits domestiques, c'est inexact : l'essentiel de l'écart provient d'une dérive des charges au-delà des prévisions »

    Les clubs ont-ils été assez prudents ?
    En 2024-2025, la masse salariale a augmenté de plus de 200 M€ entre les budgets présentés en mai 2024 et les chiffres donnés lors des dernières auditions. Quand certains disent que le problème a été la baisse des droits domestiques, c'est inexact : l'essentiel de l'écart provient d'une dérive des charges au-delà des prévisions. Avec 1,9 milliard d'euros de masse salariale contre seulement 1,86 Md€ de fonds propres, la situation devient intenable.

    Comment se présente la saison qui va démarrer ?
    14 clubs de Ligue 1 sur 18 anticipent des pertes significatives _ et c'est une première : leurs budgets sont désormais lucides. Cette honnêteté chiffrée, tout en soulignant les défis à venir, illustre un réel pragmatisme : mieux vaut identifier les points de tension dès l'élaboration du budget que les subir en pleine saison.

    Jusqu'ici les budgets étaient trop optimistes, voire fantaisistes ?
    Je ne dirais pas fantaisistes. Mais tous les ans, on a des écarts significatifs entre le budget initial et celui réalisé. Cette année, il y a eu un exercice un peu plus réaliste avec une volonté de maîtriser les charges et une conscience que les revenus sont en recul du fait de la baisse des droits domestiques.

    « Ce rythme n'est pas tenable : certains clubs ne pourront pas réinjecter autant pendant trois ans. C'est pourquoi il faut poursuivre les efforts de réduction des charges et de renforcement des fonds propres »

    On imaginait plus de rétrogradations dues à des catastrophes financières. Comment expliquer ce calme relatif ?
    On doit s'en féliciter. Si on a très tôt tiré le signal d'alarme, c'est pour sensibiliser en amont les actionnaires à la nécessité d'intervenir. Concrètement, ils ont apporté ou garanti près de 400 M€ pour terminer 2024-2025 et 700 M€ pour couvrir 2025-2026, soit 1,1 Md€ validés par la DNCG. Ce qui a permis d'éviter les faillites. Ils ont fait leur devoir. Mais pour certains, cela devient de plus en plus compliqué. C'est pour cela que l'on est loin d'être guéris. Ce rythme n'est pas tenable : certains clubs ne pourront pas réinjecter autant pendant trois ans. C'est pourquoi il faut poursuivre les efforts de réduction des charges et de renforcement des fonds propres.

    Lyon a été rétrogradé en Ligue 2 en première instance par la DNCG. Quels éléments ont conduit à cette décision ? John Textor est le président avec lequel nous avons le plus dialogué. Nous avons fait preuve de beaucoup de pédagogie. Nous l'avions alerté dès son acquisition sur la nécessité d'injecter beaucoup d'argent dans les années à venir. Nous pensions qu'il avait compris. Mais nous nous sommes rendu compte en décembre qu'il y avait des écarts très significatifs entre ce qui nous avait été présenté au mois de juin et son budget révisé de l'automne. Nous avons rétrogradé Lyon à titre conservatoire avec des éléments très clairs sur ce qui était indispensable pour la survie du club.

    Nous avons rencontré une nouvelle fois John au mois de mars au lendemain de l'élimination face à Manchester United (en quarts de finale de Ligue Europa) pour voir où il en était. Il y a eu ensuite une réunion préparatoire début mai. Il nous a présenté des hypothèses. Nous lui avons redit la nécessité d'apporter de l'argent frais au club. Et rien n'a été livré malgré ce dialogue incessant. Nous n'avions pas d'autre choix que de constater l'absence d'éléments tangibles pour la survie du club.

    Il manquait combien à Lyon dans ses comptes et en garantie pour la suite ?
    Sur la base des hypothèses que John Textor nous a présentées, nous avons estimé la nécessité de couvrir un risque de l'ordre de 240 millions d'euros.

    « Force est de constater que John Textor n'a pas toujours répondu aux attentes exprimées alors même qu'il nous avait indiqué avoir bien compris. La confiance s'est peu à peu érodée »

    Comment l'OL s'en est sorti ?
    La nouvelle direction a revu les comptes et retravaillé le budget en tenant compte de tous les points soulevés dans notre décision de première instance, jusqu'à obtenir un cadrage jugé satisfaisant par les auditeurs, réduisant notamment les besoins de financement. Après avoir ajusté plusieurs postes, elle a élaboré un budget révisé, financé ou garanti par Michelle Kang et les actionnaires, démontrant le sérieux et l'engagement de la nouvelle équipe.

    L'OL a-t-il joué avec le feu ?
    L'avertissement que nous avions donné avec la rétrogradation à titre conservatoire aurait dû susciter une réaction des actionnaires.

    John Textor a quitté la présidence de Lyon. Cela a-t-il joué pour le maintien du club en Ligue 1 ?
    Le rôle de la DNCG est d'apprécier sur la durée la capacité d'un club à honorer ses engagements. Avec la majorité des actionnaires, nous avons construit une relation de confiance, même si nous avons parfois avec eux des discussions animées et robustes. Force est de constater que John Textor n'a pas toujours répondu aux attentes exprimées alors même qu'il nous avait indiqué avoir bien compris. La confiance s'est peu à peu érodée.

    « Les problèmes de Bordeaux et de Lyon auraient ainsi pu être évités si les repreneurs avaient suivi nos préconisations »

    Comment empêcher que des dossiers de reprise de clubs, comme à Lyon ou à Bordeaux, aboutissent avec des repreneurs fantaisistes ou pas armés financièrement ?
    La loi demande à la DNCG de donner un simple avis, que nous avons rendu de manière objective et lucide, mais dont la diffusion est aujourd'hui limitée au vendeur et à l'acheteur, sans caractère contraignant. Avec la prochaine réforme, cet avis donnera automatiquement lieu à une décision de l'organe de gouvernance du football professionnel, qui devra valider ou refuser tout changement d'actionnaire majoritaire _ et on peut espérer une plus grande prise en compte de nos recommandations.

    Les problèmes de Bordeaux et de Lyon auraient ainsi pu être évités si les repreneurs avaient suivi nos préconisations _ trop de dettes, insuffisance de capitaux propres, projections sportives optimistes basées sur des qualifications en C1 et des ventes de joueurs régulières _ car nous avions alerté dès le départ sur le risque d'une fuite en avant. La DNCG n'est pas le problème, elle fait partie intégrante de la solution, et c'est son électrochoc qui a permis à l'OL de finalement rester en Ligue 1.

    Dans la réforme de la gouvernance en préparation, la DNCG est censée passer sous la responsabilité de la FFF. Qu'en pensez-vous ?
    Je suis agnostique... Je ne me sens rattaché ni à Vincent Labrune (président de la LFP) ni à Philippe Diallo (patron de la FFF). Je suis à la tête d'une commission indépendante. À aucun moment, ni moi ni aucun des membres n'a été soumis à une quelconque influence ou pression.

    « Les clubs sont prévenus et préparés : ils savent qu'ils vont traverser deux années très difficiles, mais qu'avec une discipline maintenue, ils devraient disposer des moyens de résister jusqu'en 2027 »

    Les deux piliers des budgets des clubs, les droits télé et les transferts, vacillent. N'est-ce pas très inquiétant pour le football français ?
    Les clubs sont prévenus et préparés : ils savent qu'ils vont traverser deux années très difficiles, mais qu'avec une discipline maintenue, ils devraient disposer des moyens de résister jusqu'en 2027. Au-delà, ce sera plus compliqué si les efforts ne se poursuivent pas. Il faut que la chaîne lancée par la Ligue rencontre le succès attendu d'ici 18 à 24 mois.

    Cette plateforme n'a pas encore de recettes, mais des coûts à hauteur de 66 millions d'euros annuels...
    On a un Championnat formidable avec des clubs qui réussissent sur la scène européenne, un nouveau venu, le Paris FC, doté d'un actionnaire solide qui compte exister très rapidement. On a des stades remplis, une bonne qualité de jeu, un professionnel de la télévision avec Nicolas de Tavernost pour lancer la chaîne...

    Ne se prépare-t-on pas tout de même à une sévère cure d'austérité ?
    Il ne faut pas espérer que les arbres montent au ciel. Mais un scénario raisonnable semble possible : réduire à moyen terme le déficit d'exploitation de moitié grâce à une maîtrise draconienne des charges et à des droits télé domestiques compris entre 250 et 500 M€, ramènerait le besoin de transferts à 400 - 500 M€ par an pour équilibrer les comptes _ un niveau qui permettrait de préserver la capacité des clubs à conserver leurs meilleurs joueurs, mais aussi de poursuivre le renforcement de la compétitivité de la Ligue 1 en Europe. »

    L'OL va recruter le central Néerlandais Ruben Kluivert, 24 ans, révélé la saison passée avec Casa Pia au Portugal.

    Si les supporters lyonnais n'avaient pas compris, les deux arrivées en passe d'être officialisées par le club donnent une juste idée des nouveaux critères de recrutement. Afonso Moreira, ailier de 20 ans ne comptant même pas l'équivalent d'un match entier en Première Division portugaise, s'entraîne depuis la semaine dernières avec le groupe en attendant la formalisation de sa situation. Et maintenant l'autre dossier le plus avancé : celui de Ruben Kluivert, 24 ans, qui vient du même Championnat.

    Le fils de l'ancien avant-centre du FC Barcelone s'y est affirmé la saison passée avec Casa Pia, 9e du classement après avoir établi son record de points à ce niveau (45). Le défenseur central y a notamment côtoyé José Fonte. L'ancien Lillois, qui aura 41 ans en fin d'année, doit prolonger le plaisir au moins jusqu'en juin prochain dans la banlieue lisboète, et son avis a compté dans le choix lyonnais, via sa connexion avec son ex-entraîneur dans le Nord, Paulo Fonseca.

    L'OL et Casa Pia auraient trouvé un accord sur le montant de la transaction, légèrement supérieur à 3 M€, alors que le montant de la clause libératoire s'élève à 5 M€. Alors, quel est le profil du troisième fils des quatre fils de Patrick Kluivert ? Pas celui d'un surdoué, en tout cas. Il a achevé sa formation à Utrecht, où il peinait à trouver de l'espace en équipe première, d'où son exil d'une saison à l'étage d'en dessous, à Dordrecht. Là-bas, dans la banlieue de Rotterdam, le défenseur central a réussi un exercice probant, achevé en barrage d'accession (infructueux) en Eredivisie. Assez pour motiver son passage, l'été dernier, en Liga portugaise, où il s'est pleinement intégré au sein de la rotation, ni complètement titulaire, ni vraiment remplaçant.

    Le credo de la qualité à prix abordable

    C'est probablement ce rôle qu'il sera amené à tenir en France, dans un secteur où l'OL a manqué de fiabilité la saison passée. Kluivert ne va pas révolutionner l'équipe de Fonseca, mais il possède des qualités qui, potentiellement, complètent bien les forces en présence. Son goût du duel peut rappeler Moussa Niakhaté et sa vitesse le rapproche d'un Clinton Mata, le latéral qui a mieux que dépanné dans l'axe en 2024-2025 et pourrait prolonger très prochainement (l'Angolais est sous contrat jusqu'en 2026). Il est habitué à gérer de l'espace dans son dos, ce qui correspond aux besoins des formations managées par l'entraîneur portugais.

    Mais sa qualité de relance correcte ne changera pas la vie de l'OL. Ni débutant ni très expérimenté, Kluivert entre dans le nouveau créneau lyonnais de la qualité à un tarif abordable. Des quatre enfants de l'immense Patrick, il est le seul à émarger à ce niveau : Quincy, l'aîné, ne joue plus ; Justin, le deuxième, est trop cher ; et le dernier, Shane (17 ans), évolue en attaque avec les U19 du FC Barcelone.

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