John Textor, propriétaire américain de l'OL
John Textor, propriétaire américain de l’OL(Photo by JEFF PACHOUD / AFP)

L'OL veut rebondir sportivement pour accompagner le projet

Lyon, avant-dernier de Ligue 1, joue autant le maintien que sa survie mais veut chasser les ondes négatives en espérant un rebond sportif nécessaire pour accompagner la stratégie de son propriétaire, l'Américain John Textor.

"Nous ne sommes pas en manque d'argent. Nous sommes comme tous les clubs de football, on recherche de l'argent. On fait notre travail", a ainsi déclaré le président exécutif de l'OL, Santiago Cucci dans un entretien à l'AFP tout en reconnaissant "que le projet prendra forme quand on aura des victoires".

Ces derniers mois, aux litiges entre John Textor et l'ancien patron historique du club Jean-Michel Aulas - toujours actionnaire minoritaire- se sont ajoutées diverses rumeurs et informations négatives qui entretiennent l'inquiétude de ses 600 salariés à temps plein.

Le septuple champion de France entre 2002 et 2008, fort de 18 participations à la Ligue des champions, peine aujourd'hui à remplir son stade de 59.000 places, où les soirs de matches, travaillent de 2.500 à 3.000 personnes.

L'équipe n'a pas gagné un seul match depuis le début du championnat, n'a remporté aucun trophée depuis la Coupe de France 2012 et n'a disputé qu'une Ligue Europa sur les quatre dernières saisons, en 2021-2022. Et son chiffre d'affaire estimé à 290 millions d'euros exigerait de meilleurs résultats.

Car le modèle économique de l'Olympique lyonnais, basé sur le principe d'une participation annuelle à la Ligue des Champions, serait totalement inadapté à celui de la Ligue 2 où le budget moyen est de 15M€ annuel.

Un "projet solide" qui vacille sportivement

Le doute a envahi les supporters et les acteurs économiques lyonnais qui craignent de voir s'effondrer l'empire bâti durant 36 ans par Aulas.

En réponse, le nouveau président exécutif du club affiche sa confiance. "Je pourrais sortir une batterie de statistiques démontrant qu'il y a toujours une probabilité que l'on soit européen ou que nous soyons relégués. Maintenant, la majorité des pourcentages et de la data montrent que l'on ne sera pas relégués", a-t-il dit à l'AFP.

Sur le plan financier, "l'agence de notation Kroll nous donne la note de BBB+. Compte tenu de la taille du club, il est exceptionnel d'être au-delà de BB. Ce qui en dit long sur notre structure financière et la solidité du projet".

Et les rumeurs de départ d'Iconic Sports, un des partenaires américain d'Eagle ? "Il n'y a aucun désengagement officiel", selon Cucci. L'explication est technique : le contrat d'origine prévoyait"d'utiliser une SPAC", une société d'acquisition à vocation spécifique, Eagle "ne va pas le faire et ils ont la possibilité de se désengager". Mais "est-ce qu'ils ont actionné la fenêtre ? Non", assure-t-il.

En poste depuis juillet, Cucci défend toutes les initiatives prises depuis le rachat du club en décembre 2022. La holding américaine Eagle football, structure multi-clubs qui détient 87,69% de l'OL Group, 46% de Crystal Palace, 90 % du Botafogo au Brésil et 80% du RWD Molenbeek en Belgique veut recentrer ses activités sur le football et clarifier sa situation financière, notamment en restructurant la dette contractée pour la construction du Parc OL.

"Comme nous avons aussi le projet d'aller sur la bourse de New York, on peut éditer des actions en avance pour attirer des investisseurs privés en avance qui peuvent se positionner. On espère obtenir 200 M EUR sur cette opération", affirme le président exécutif.

Eagle a le projet d'entrer à la cotation à New York plutôt que de rester coté à Paris avec OL Groupe car ses actionnaires estiment que le marché français ne produit pas assez de volumes de transactions pour attirer des liquidités.

Dans le même temps, John Textor poursuit le processus de cession des actifs  "non essentiels"comme l'Arena d'OL Vallée, près de Lyon. La vente de l'équipe américaine de football féminin d'OL Reign devrait être finalisée fin 2023 pour 50M€ environ et le transfert d'actif d'OL féminin à la structure multi-clubs de la femme d'affaires américaine Michele Kang économiserait 11 à 12M€ de pertes annuelles. Cette dernière a été récemment nommée au conseil d'administration sans attendre la finalisation de l'opération.

Avec les restructurations prévues ajoutées aux cessions de contrats de cet été pour plus de 100 millions d'euros, l'OL espère convaincre la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) de lever ses restrictions en matière de recrutement afin d'être actif sur le mercato d'hiver pour renforcer l'équipe. Et retrouver un nouveau souffle.

Avec AFP

47 commentaires
  1. OLVictory
    OLVictory - jeu 12 Oct 23 à 16 h 44

    Cucci maîtrise le sujet financier, on sent que c'est son domaine.

  2. Toitoi
    Toitoi - jeu 12 Oct 23 à 16 h 53

    4e article du jour avec lui, 5 en moins de 24h si l'on compte celui d'hier soir.
    Ceux qui étaient en manque de Santiago Cucci seront comblés.

  3. Avatar
    wills - jeu 12 Oct 23 à 16 h 55

    Il y a beaucoup de messages dans les medias pour dezinguer l'OL en ce moment, et je ne peux imaginer que ce soit sans une origine commune et voulue... on a certes des resultats sportifs catastrophiques mais pourquoi rajouter des infos sur une soit disant engueulade entre Grosso et Lovren, un soit disant désengagement d'actionnaires, une reclamation d'un club qui veut valoriser un pret de joueur... on a vraiment l'impression que l'on cherche a attaquer ce club par tous les bouts... je ne crois plus au hasard...

    1. Tongariro
      Tongariro - jeu 12 Oct 23 à 17 h 02

      " je ne crois plus au hasard..."

      Bah normal il vient de prendre sa retraite après son échec au Real Madrid !

      1. Roro Blouch
        Roro Blouch - jeu 12 Oct 23 à 18 h 31

        Hazard a été au Real ce que Gourcuff a été à Lyon : personne ne pouvait imaginer qu'un tel joueur se vautre autant !

    2. Avatar
      thal0995 - jeu 12 Oct 23 à 17 h 02

      Exactement. Quand Lens était (malheureusement eux se sont redressé) dans la même situation, il n'y avait pas un seul papier sur leur "situation catastrophique" alors qu'ils étaient dauphin et sont en CL (donc il y aurait de quoi faire pourtant)

      1. Roro Blouch
        Roro Blouch - jeu 12 Oct 23 à 18 h 32

        Pas pareil, Lens est une équipe super forte. Je ne doutais pas de leur redressement quand je lisais les commentaires et en regardant leur matchs de LDC, il est évident que ça va finir bien classé en L1. Tu n'as pas une équipe constituée d'autant de bons joueurs qui fait une saison galère alors que le jeu est rodé, ça n'existe pas.

      2. Avatar
        rolandcire - jeu 12 Oct 23 à 18 h 49

        Et eux ont choisi de garder leur entraîneur 🙂

  4. Avatar
    thal0995 - jeu 12 Oct 23 à 17 h 09

    Je veux bien croire au fait qu'ils n'y ait pas de problèmes d'argents (surtout si le coup de l'agence est vrai). Mais maintenant il faut que cela se traduise sur le sportif depuis le temps qu'ils le promettent.

    Je fais confiance à Grosso pour redresser l'équipe actuelle et avoir des résultats avec (il en prend bien le chemin).
    Mais maintenant qu'on a baissé la masse salariale et eu près de 90M de rentrée en transfert lors du dernier mercato, que la vente d'OL Reign et d'une partie des féminines va se finaliser, la DNCG devrait lever les sanctions. Donc Textor a intérêt à faire un Mercato de folie (sans trop bouleverser l'équipe de préférence) comme il l'a promis (surtout si il n'y a réellement pas de problèmes d'argents comme ils l'annoncent).

  5. OLVictory
    OLVictory - jeu 12 Oct 23 à 17 h 15

    Après deux décennies de discours trompeurs d'Aulas, c'est devenu un réflexe de rester sceptique face aux promesses. On hésite à y accorder un crédit, on scrute en quête du loup, du double sens, du piège dissimulé.

    Pour l'instant, la culture de l'excuse semble dominer dans la communication de la direction de l'OL. On espère que ce n'est qu'une phase de transition, donc temporaire.

    Qui croit fermement aux promesses de Textor sans avoir aucun doute sur leur réalisation ?

    1. Roro Blouch
      Roro Blouch - jeu 12 Oct 23 à 18 h 29

      De un, il est profondément naïf de faire spontanément confiance aux gens qu'on connaît à peine. Alors oui, je sais, dans notre culture de l'image beaucoup de gens tissent des relations émotionnelles avec des vidéos, mais c'est malsain. Heureusement pour nous, Textor manque du charisme nécessaire pour accomplir ce résultat. Néanmoins, on peut tout à fait laisser une chance en étant prudent, c'est ce que je fais à l'égard de Textor. J'ai déjà défini les critères que j'utiliserai pour diriger ma première offensive, si nécessaire : 1) en cas de relégation, je n'aurais aucun mot assez dur pour ce beau-parleur ricain, 2) en cas de maintien et de deuxième mercato nullissime alors qu'il aura eu une année entière pour faire les changements structurels qu'il voulait (et qu'il ne sera pas tenu par les vieilles promesses d'Aulas, cf. Lukeba et Barcola), alors ce sera un tir de barrage sans cessez-le-feu de ma part.

      De deux, une partie des excuses me semblent légitimes. D'accord, on aurait pu espérer un discours un peu plus honnête, d'accord, Textor n'avait pas à faire le cowboy avec la DNCG. Pourtant l'effectif était tout aussi moisi avant le mercato qu'après le mercato, les dettes étaient tout aussi présentes, et la stratégie sportive tout aussi inexistante que depuis le départ de Juni (qui avait soit dit en passant tout juste dans les constats ; on y revient plusieurs années après, plusieurs années de perdues). Ça ne veut pas dire d'avoir un jugement béat sur la nouvelle direction, simplement de considérer le contexte qui est le leur, d'où le fait que je leur laisse plus de temps avant de critiquer davantage.

      1. OLVictory
        OLVictory - ven 13 Oct 23 à 6 h 53

        Et l'objectif LDC, on le classe dans quelle catégorie ? La naïveté ou la tentative d'enfumage ?

  6. JFOL
    Juni forever OL - jeu 12 Oct 23 à 18 h 53

    "Maintenant, la majorité des pourcentages et de la data montrent que l'on ne sera pas relégués"

    S'ils se rattachent a ce genre d'arguments, ça pue quand-même 🤣
    N'importe quoi

    1. Jean-Jacques 2 bouts
      Jean-Jacques 2 bouts - jeu 12 Oct 23 à 22 h 40

      Juni forever OL: oui cette phrase est énorme. Comment oser dire une bétise pareille, c'est du délire complet: un peu du genre "pas besoin d'agir on ne risque rien ! "

    2. Avatar
      jeremy - jeu 12 Oct 23 à 23 h 55

      La majorité des pourcentages et de la data ne montrait pas non plus qu'on serait relégable mi-octobre...

  7. Avatar
    gone69 - jeu 12 Oct 23 à 18 h 54

    Entre textor et Gucci on a de sacrés joueurs de flûte 😂

    https://youtu.be/rNZT0ibd9NI?si=cI772S2p5JKnpFF1

    1. JFOL
      Juni forever OL - jeu 12 Oct 23 à 19 h 02

      Mdr
      Par contre, ca fait mal aux 👂😱🤣

      1. Avatar
        gone69 - jeu 12 Oct 23 à 19 h 04

        Un supplice iol

  8. JFOL
    Juni forever OL - jeu 12 Oct 23 à 18 h 55

    En L2, admettons, ils pourraient organiser davantage de concerts pour palier le manque a gagner et envoyer l'équipe jouer sur le stade houiller a côté 🤭🤣

    1. Avatar
      gone69 - jeu 12 Oct 23 à 18 h 59

      Comme promoteurs on a connu mieux,avec eux on va direct dans le Mur 🙂

  9. Dede Passion 69
    Dede Passion 69 - jeu 12 Oct 23 à 19 h 13

    Salut,😜

    Si quelqu'un peut faire la synthèse de ce qu'a dit Cucci d'intéressant depuis 2 jours, et 4 ou 5 articles, je serais comblé ! 😉

    Quelques phrases fortes et à conserver pour mémoire, qui m'éviteront de perdre mon temps ....
    Merci d'avance .

    1. Avatar
      GoNL - jeu 12 Oct 23 à 19 h 48

      Salut DD,
      L’OL va se maintenir sans problème parce que d’après les datas de l’agence Kroll il est BBB.
      (Contrairement à l’andouillette qui elle peut être jusqu’à AAAAA mais elle ne joue pas en L1 fort heureusement)
      Le reste je n’ai pas compris.

      1. JFOL
        Juni forever OL - jeu 12 Oct 23 à 19 h 55

        Il manque le + !
        C'est très important

      2. Dede Passion 69
        Dede Passion 69 - jeu 12 Oct 23 à 20 h 10

        Salut GoNL,

        Ouf alors ! Me voilà rassuré !...😛

  10. Juni38
    Juninho 38 - jeu 12 Oct 23 à 20 h 04

    "Maintenant, la majorité des pourcentages et de la data montrent que l'on ne sera pas relégués"

    Celle la je l'avais pas vu venir . Faut oser quand même .
    Le mec qui sort de HEC , et on voit comment il raisonne .
    Je me suis arrêté là , c'est bon pour moi , " Gucci m'a tuer "

  11. Avatar
    Loin de Lyon - jeu 12 Oct 23 à 21 h 04

    La lecture des commentaires est assez marrante. On est tous là à donner notre avis sur la stratégie d'une holding US, à commenter la note d'une agence de notation, à parler de dettes, de déficits, de recettes, de chiffres d'affaire, etc.... JMA nous a lavé le cerveau avec tout ça !
    Ce qui m'a le plus surpris à la lecture de cet article, c'est qu'OL Groupe emploie 600 personnes. C'est énorme quand même. Courage à eux, j'espère que la situation va s'arranger.
    Mon avis qui n'intéresse sûrement personne, c'est que je suis assez d'accord pour arrêter la stratégie de diversification. On est un club de foot. Imaginons qu'on garde l'Arena mais que ce soir déficitaire, on va aussi se trimballer ce boulet ? Concentrons-nous sur notre cœur de métier, qui est le football. Mettons toutes les ressources du club là-dessus.

    1. Jean-Jacques 2 bouts
      Jean-Jacques 2 bouts - jeu 12 Oct 23 à 22 h 43

      600 personnes ça correspond aux employés d'une commune de 35000 habitants à peu près. L'enjeu social est important c'est évident.

      1. Avatar
        rolandcire - jeu 12 Oct 23 à 23 h 43

        Je suppose qu'ils intègrent à ce chiffre les personnes en temps très partiel pour les jours de match : celles qui assurent les fouilles, l'orientation des visiteurs, les stadiers... Quelqu'un le sait-il ?

      2. OLVictory
        OLVictory - ven 13 Oct 23 à 6 h 47

        Non c'était précisé à plein temps, c'est assez fou comme chiffre. Les jours de matchs il me semble avoir lu 2000 vacataires

      3. OLVictory
        OLVictory - ven 13 Oct 23 à 8 h 30

        En fait c'est de 2500 à 3000 personnes qui travaillent les jours de matchs, les frais de fonctionnement doivent être énormes. Entre les salaires et le prix payé au Sytral pour les navettes des parkings et celle de Part-Dieu et de la Soie, il y a de quoi se poser la question de la rentabilité.
        Sans compter que les recettes de 100 à 110 millions par an promises par Aulas n'ont jamais été réalisées, même avant le Covid où on était autour de 60 millions pour la billeterie, le nommage et l'évènementiel.
        Personne au club ne veut communiquer sur la rentabilité du stade, j'aimerais bien qu'un jour un journaliste ose poser la question à Cucci par exemple.

      4. Toitoi
        Toitoi - ven 13 Oct 23 à 9 h 16

        Reconnaître que le stade n'est pas rentable n'interviendra que si l'OL envisage de le vendre.
        Et je me demande qui aurait les moyens de se porter acquéreur.

      5. OLVictory
        OLVictory - ven 13 Oct 23 à 15 h 26

        Je n'ai jamais dit que le stade n'était pas rentable, j'ai dit que les chiffres n'étaient pas publics et que les prévisions de revenus n'étaient pas atteintes, d'assez loin d'ailleurs

      6. Toitoi
        Toitoi - ven 13 Oct 23 à 15 h 34

        Oooh bijou, du calme ! Je ne t'accusais pas de ça mais me plaçais dans l'hypothèse où le stade n'était pas rentable : le reconnaître (pour les dirigeants, pas toi) interviendrait sans doute peu avant sa mise en vente.
        Cela serait un sacré aveu d'échec (pas de toi, de l’institution OL).

  12. Docteur Traboule
    Docteur Traboule - ven 13 Oct 23 à 0 h 25

    Extrait de FF

    John Textor, l'insaisissable patron de l'OL
    Le propriétaire de l'OL, ancien skateur de bon niveau, affiche une tendance à flirter avec les limites. Homme de pouvoir, en quête de gloire et d'argent, l'Américain a mal démarré à Lyon. Tentative de décryptage d'une personnalité opaque et complexe.

    Ça décroche ou ça rappelle. Il y a les politesses, les amabilités, ça paraît bien engagé, et puis il y a l'objet, le sujet, ce blase qu'on pose, cette demande qu'on avance, suivie d'un silence, d'une gêne, ou des deux. Vouloir parler de John Textor (58 ans), le raconter, dévoiler l'homme d'affaires en se concentrant plutôt sur le premier mot, c'est vouloir ouvrir une porte avec une poignée qui tourne dans le vide. La plupart fulminent mais préfèrent la laisser fermée.

    D'autres se défilent carrément. Soit en laissant le soin aux copains de l'enfoncer - « Il y a beaucoup à dire, mais je vais me taire. Cherchez ici ou de ce côté-là. » Soit en traçant, Proton Pack de Ghostbusters sur le dos - « Ce type, je ne l'ai quasiment jamais vu, je ne vais pas parler d'un fantôme. »

    On propose acrobate. « T'es gentil ! » Connecté, notre interlocuteur rhodanien finit par lire la définition au sens figuré : « Personne habile à retourner les situations en sa faveur, mais peu exigeante sur le choix des moyens, et usant de manoeuvres compliquées ou fantaisistes. Ça en dit déjà pas mal, oui... Et puis c'est vrai que c'est le cirque. »

    Le bagou du bon communicant
    Sous le chapiteau, lui comme d'autres attendent que le trapéziste Textor, devenu actionnaire majoritaire de l'OL le 19 décembre 2022, tombe des Pentes de la Croix-Rousse. Notre Gone poursuit : « Il y a dix piges, un chanteur-poète lyonnais parlait des "faiseurs d'illusions [qui] sortent des lapins morts de leurs chapeaux", ça me fait penser à lui. » Nos sollicitations directes sur le téléphone de l'Américain sont restées sans réponse.

    Pourtant, le boss de l'OL, très attentif à ce qui peut se dire et s'écrire, a parfois le bagou du bon communicant. Il y a ce confrère appelé au stade. Textor au téléphone. Quelques remarques sur quelques lignes de quelques papiers, puis une requête : « Mettez-vous en visio ! Regardez chez moi, j'ai l'air de ne pas avoir d'argent ? » Avant d'autres arguments plus étonnants - « Si je n'arrive pas à rembourser, je vends la moitié de la salle de basket (la salle de spectacles LDLC Arena). Je m'en fous du basket. »

    Rassurer, ou au moins tenter ; séduire, en tout cas essayer. Pas cette fois, pas avec ce collègue journaliste, ça n'a pas pris, et ça ne prendra pas. Mais Textor est prêt à raconter ce que les gens, les journalistes et les supporters veulent parfois entendre. De préférence, il faut que tout ce beau monde ait de l'audience et de l'influence dans les médias et sur les réseaux sociaux pour propager la bonne parole. Et puis, « il maîtrise l'art du récit comme peu d'autres, cela doit être reconnu », persifle un ex-compagnon de route.

    « Il est comme d'autres qui pensent qu'avec l'argent, ils peuvent tout se permettre, que les règles ne sont pas faites pour eux »
    Un observateur
    Il y a une fortune qu'on dit surévaluée, ceux qui se souviennent de Joe « Dalton » DaGrosa, l'homme d'affaires américain éphémère patron des Girondins de Bordeaux en 2018. Un spectateur des tours de prestidigitateur de ce genre nourrit la comparaison et les craintes : « Textor est dans la provoc. Les gens comme lui dans le foot, si on a un peu l'habitude, on les voit arriver de loin... Il est comme d'autres qui pensent qu'avec l'argent, ils peuvent tout se permettre, que les règles ne sont pas faites pour eux. »

    Gérer une holding comme celle d'Eagle Football qui, outre l'OL (87 %), contrôle aussi tout ou partie de Botafogo (90 %) au Brésil, Crystal Palace (40 %) en Angleterre et Molenbeek (80 %) en Belgique, est un numéro d'équilibriste. Mais c'est aussi un atout conséquent pour « jouer du système » à son avantage, comme le cas du passage d'Ernest Nuamah de Nordsjælland à l'OL l'a récemment montré. « Un cas d'école de transfert-relais, nous confie un avocat spécialisé. Il fallait un sacré culot pour réussir ce coup-là ! »

    Le « coup » en question : l'utilisation de Molenbeek comme un « pont » permettant au jeune attaquant ghanéen de débarquer dans la cité des Gaules sans que Lyon ne débourse un centime dans ses comptes - puisque c'est le club belge qui a payé officiellement l'indemnité de 25 millions d'euros aux Danois, le joueur étant immédiatement prêté à l'OL sans avoir seulement mis le pied en Belgique.

    Les réglementations de la FIFA sur le statut des joueurs sont pourtant des plus claires et condamnent la manoeuvre consistant à effectuer « deux transferts nationaux ou internationaux consécutifs et interconnectés d'un même joueur, dans le cadre desquels l'enregistrement du joueur auprès du club intermédiaire a pour objectif de contourner le règlement ou la loi applicable [...] »

  13. Docteur Traboule
    Docteur Traboule - ven 13 Oct 23 à 0 h 26

    De plus, « à moins que le contraire puisse être établi, si deux transferts consécutifs [...] d'un même joueur interviennent en l'espace de seize semaines, alors les parties impliquées dans ces deux transferts (clubs et joueur) seront présumées avoir pris part à un transfert-relais. »

    Seize semaines ? Le 30 août, Molenbeek achetait Nuamah. Le 31, il était à Lyon. L'affaire a fait grand bruit au Danemark, où les rivaux de Nordsjælland se sont étonnés que la FIFA ne lève pas le petit doigt. Invitée à le faire par des dirigeants du foot français, elle semble désormais décidée à ouvrir l'oeil, comme l'a révélé L'Équipe.

    Jusqu'alors, peut-être était-ce le culot de Textor qui expliquait le silence observé à Zurich, comme si les membres de la Commission de discipline de l'instance internationale trouvaient le spectacle du funambule américain si envoûtant qu'ils en étaient eux-mêmes paralysés.

    « Pour parvenir à ses fins, il est capable de dire et de faire n'importe quoi, à n'importe qui, à tout moment »
    Une connaissance
    Un ancien collaborateur se marre : « Ce sera amusant de le voir jongler avec ses arrangements financiers alors qu'il n'a rien inventé. Son mérite est de jouer, en cumulant - pour la première fois dans l'histoire - le triple risque, LBO (l'achat à effet de levier, en d'autres termes en ayant recours à beaucoup d'endettement) + SPAC (société d'acquisition à vocation spécifique, c'est-à-dire société sans activité opérationnelle lors de son introduction en Bourse) + MCO (multipropriété de clubs). Ni plus ni moins. »

    Saut périlleux sans filet. La société Iconic, avec laquelle Textor s'était associé pour le rachat de l'OL, est déjà venue lui réclamer ses billes (75 M€). Et une source dans la finance américaine nous a fait part des doutes d'un autre fonds d'investissement d'importance, Ares. D'où une forme de vigilance.

    Une personne qui l'a côtoyé au cours de sa carrière le dit sans détour : « J'ai rencontré beaucoup de gens. Certains avaient soif de pouvoir, d'autres de gloire et d'autres encore d'argent. Mais rarement quelqu'un qui désirait autant les trois comme John. Et pour y parvenir, il est capable de dire et de faire n'importe quoi, à n'importe qui, à tout moment. »

    Le 18 septembre, l'Italien Fabio Grosso, nouvel entraîneur de Lyon, était présenté à la presse en présence du boss John Textor. (Alex Martin/L'Équipe)
    Le 18 septembre, l'Italien Fabio Grosso, nouvel entraîneur de Lyon, était présenté à la presse en présence du boss John Textor. (Alex Martin/L'Équipe)
    Scott Ross, fondateur de Digital Domain, qu'il a vendu en 2006 à Wyndcrest Holdings LLC, groupe alors dirigé par le réalisateur de films Michael Bay et Textor, n'est jamais parvenu à cerner totalement le personnage.

    Présenté comme un pionnier et un maître de la surréalité
    En février 2017, cinq ans après le placement de la boîte sous le régime américain des faillites, il se lâchait sur TheScreamOnline : « Il était, à mon avis, soit un escroc soit complètement stupide. J'étais incapable de trancher. Un jour, j'ai demandé à l'un de ses partenaires s'il pensait que John était mal intentionné ou s'il délirait. Sa réponse : "Les deux." » La presse US lui a prêté des ascendances avec la famille de nobles du Pont de Nemours, il esquive, préférant se réclamer de la classe moyenne et évoquer ses étés de jeunesse à trimer en entreprise de fret.

    Dans les domaines d'activités qu'il a ensuite empoignés, des effets spéciaux aux hologrammes puis à l'intelligence artificielle, le natif de Kirksville (Missouri), fan d'Alex Keaton, le personnage téléviséde lycéen capitaliste tenu par Michael J. Fox dans la série Family Ties (Sacrée famille), est présenté comme un pionnier et un maître de la surréalité. En 2016, Forbes le qualifie de « gourou de la réalité virtuelle à Hollywood ». Sa récente arrivée en force dans le foot, précédée d'un crochet par une plateforme de streaming des Ligues de sports américains (FuboTV), vient satisfaire une envie. Mais de quoi ?

    Quand il lui arrive de passer une tête à Lyon - son club préféré est Botafogo - « il a la tchatche facile, confie un membre du vestiaire de l'OL. Il parle de tout ce qu'il a pu faire dans sa vie, le business et le foot, ça va ensemble, ce sont ses deux passions. Il a plusieurs clubs, on y pense. Est-ce qu'il est capable de tous les gérer ? Est-ce qu'il va faire le taf ? »

    Aucun doute pour Durcesio Mello, président de Botafogo, qui a « appris à l'admirer. (...) On cherchait un attaquant. Il m'a dit qu'il voulait recruter Tiquinho. "Mais John, c'est qui ce Tiquinho ?" "Si tu ne le connais pas, tu ne connais rien au foot." Je crois qu'il avait raison. (Rires.) Il a visé juste car ce joueur qui était méconnu et qu'on est allé chercher en Grèce (à l'Olympiakos) est le meilleur du Championnat ! John se moque bien de moi avec cette histoire. »

    À ses côtés, dans sa loge le temps d'un match au Brésil, un témoin le voit « vivre le foot un peu à l'américaine, un peu "show-off", une bière à la main, il prend des photos, papote avec tout le monde... Il est vachement naturel et ne se prend pas la tête sous prétexte qu'il est le propriétaire. J'ai été surpris car je pensais qu'il ne connaîtrait même pas la moitié de son effectif, mais c'est l'inverse. Je l'ai écouté discuter avec un scout de Jeffinho (désormais à Lyon), il savait tout de son parcours. » Le sien est intimement lié à la pratique sportive. Ado, son truc, c'était le skate, et sa discipline de prédilection, le freestyle.

    Le flirt constant avec ses limites
    À Palm Beach, en Floride, très souvent accompagné de son frère aîné Tab, le jeune John se fait remarquer. Craig Snyder, observateur avisé de l'époque, se souvient : « Je ne sais pas si c'était sa passion mais il était un concurrent valable. Il s'est retrouvé en compétition avec Rodney Mullen (devenu l'un des plus grands skateboarders) et il y a eu ce concours où il l'a devancé. À ce moment, il a prouvé qu'il était le meilleur. Il aurait pu devenir pro. » Mais une chute et une sérieuse blessure à la tête au début des années 1980 l'incitent à stopper, à ranger la planche à roulettes et à privilégier les études.

    Mais le Textor d'après est constitué. Claude Queyrel, historien du skate, décortique l'environnement des débuts, qui éclaire un peu le personnage, opaque : « Le freestyle, c'est extrêmement encadré, précis, codifié. Et parce qu'on est dans une pratique avec énormément de travail, une répétition de gestes, où il faut arriver à contrôler parfaitement sa planche, les freestylers sont des gens carrés, bosseurs, qui prennent ensuite des responsabilités dans le business des sports de glisse (ce qu'il fera en 1996 avec Sims Snowboards). Le skateboard freestyle, c'est tester les limites tout le temps, c'est aller le plus près possible de la chute, c'est être dans la rupture d'équilibre. » C'est John Textor.

  14. Toitoi
    Toitoi - ven 13 Oct 23 à 7 h 20

    Bonjour tout le monde,

    Entretien de Claude Puel accordé à 90minutes, qui l'a notamment questionné à propos de la possibilité pour lui de voir l'OL descendre en Ligue 2 :
    "non, il y a quand même un effectif qui a de la qualité. Lyon est un grand club, qui a une mauvaise passe, mais il y a des joueurs à disposition.
    Il y a aussi de nombreux joueurs importants qui sont blessés, et qui reviendront progressivement.
    Le mercato a aussi été effectué dans les derniers jours. Je pense que tout ceci va se mettre en place avec du temps.
    Je pense que Lyon est parti sur une saison de transition, mais paradoxalement, aussi de reconstruction vu tous les départs et les arrivées, tardives".

    1. OLVictory
      OLVictory - ven 13 Oct 23 à 8 h 08

      Bonjour Toitoi,
      De nombreux joueurs importants qui sont blessés, il est en mode blagueur le Glaude ?

      1. Toitoi
        Toitoi - ven 13 Oct 23 à 8 h 16

        Bonjour OLVictory,

        Je me suis fait la même réflexion, alors soit l'entretien date un peu, soit le coco n'est pas très au courant de ce qui se passe dans l'effectif.

      2. OLVictory
        OLVictory - ven 13 Oct 23 à 8 h 19

        Ah oui bien sûr, tu as raison, l'entretien doit dater d'une semaine ou plus.

    2. Juni38
      Juninho 38 - ven 13 Oct 23 à 10 h 20

      Un festival de lieux communs et d'enfonçage de portes ouvertes .
      Sacré claude , on l'interroge , que peut il raconter d'autres ?

  15. Avatar
    Fab2506 - ven 13 Oct 23 à 9 h 41

    David Hernandez aime bien noircir le tableau il me semble
    Une seule participation à la ligue Europa en 4 saisons?
    La demi finale de LDC en 2020 c'est quoi?

    1. OLVictory
      OLVictory - ven 13 Oct 23 à 9 h 50

      Ouaip, c'est deux qualif européennes lors des quatre dernières saisons, ou une qualif EL en trois saisons, mais il ne faut pas mélanger ces deux affirmations 😆

      1. Avatar
        Fab2506 - ven 13 Oct 23 à 15 h 18

        C'est mieux de faire 2 qualifs avec une demi et un quart que 4 comme l'OM et se faire sortir en poule comme l'OM

      2. le_yogi
        le_yogi - ven 13 Oct 23 à 15 h 21

        Enfin l'OM a aussi des finales européennes, dont une au Parc OL il y a pas si longtemps...

      3. OLVictory
        OLVictory - ven 13 Oct 23 à 15 h 23

        Non c'est mieux de faire 4 qualifs avec une demi et un quart.
        Et il vaut mieux aussi être riche et bien portant que pauvre et malade 😆

      4. Avatar
        Fab2506 - ven 13 Oct 23 à 15 h 32

        Quand on veut noircir le tableau on en a toujours la possibilité...
        Moi j'ai envie de croire à la philosophie de Grosso.
        J'ai toujours apprécié la méritocratie. Je l'appliquai dans mes sociétés et ça marchait plutôt bien.
        Même si tous mes salariés avaient tous le même salaire que moi, les plus méritants avaient des primes conséquentes. Ça tirait l'équipe vers le haut

    2. Juni38
      Juninho 38 - ven 13 Oct 23 à 10 h 21

      ça ne va pas plaire à Jean mimi qui aimait a rappeler la saison dernière encore , que l'OL était un top club ... sur les 30 dernières années , MDR

Les commentaires sont fermés

Suivez-nous
d'heure en heure
d'heure en heure

derniers commentaires
Faire défiler vers le haut