Jeff Reine-Adélaïde (Photo by FRANCK FIFE / AFP)

OL : bientôt le bout du tunnel pour Reine-Adélaïde

Pour Jeff Reine-Adélaïde, il s’agit peut-être de la fin d’une longue période difficile. Mardi, le milieu de terrain a retrouvé l’entraînement collectif. Il était blessé depuis le 3 février 2021 suite à une rupture du ligament croisé.

342 jours plus tard. Mardi, l’Olympique lyonnais a diffusé la bonne nouvelle sur ses réseaux sociaux en annonçant le retour à l’entraînement collectif de Jeff Reine-Adélaïde. Prêté la saison passée à Nice, le milieu de terrain a été victime d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche lors du match contre Monaco le 3 février 2021. Alors qu'il semblait proche d’un retour, un retard de cicatrisation osseuse est venu ralentir sa progression en octobre dernier. 

S’il ne reprendra probablement pas la compétition tout de suite, l’ancien Angevin a vraisemblablement fait le plus dur comme nous l’explique Xavier Frezza, préparateur physique à Lyon. “Pour être prêt à jouer, il faut compter en étant très large entre 5 et 8 mois. Il y a une phase incompressible qui est de 4 mois. C’est dû à l’opération qui est subie. Ils font une greffe de ligament, donc on prend un bout de tendon et avec le travail, il va prendre les spécificités d’un ligament, qui est plus élastique. C’est la période de ligamentisation, qui a un délai qui ne peut pas être changé. Peu importe le joueur, il ne pourra pas revenir trop vite car le ligament ne fait pas le travail, donc à la moindre torsion du genou, il n’aura pas cette propriété élastique et il risque de lâcher, détaille-t-il. A partir de là, on va pouvoir accélérer les choses en fonction de comment la situation évolue. Mais il faut compter quand même quelques semaines, voire mois, pour s'entraîner avec le collectif.


2e rupture des ligaments croisés pour Reine-Adélaïde


Son confrère, Olivier Allain, qui s'occupe de plusieurs sportifs, poursuit. "Cette blessure est l’atteinte ligamentaire la plus fréquente du genou et peut être considérée comme ayant un niveau de gravité important, expose-t-il. Elle entraîne une remise en cause de la stabilisation articulaire, avec toutes les conséquences que cela implique au niveau mécanique, musculaire, proprioceptif… et des compensations induites à surveiller, anticiper."

Pour le milieu de terrain, il ne s’agit pas d’une première. Il avait déjà connu une telle mésaventure en décembre 2019, avant de revenir pour le “Final 8” 2020. Avec ce passif médical, il faut forcément rester prudent avec le joueur de 23 ans. “Il y a des déséquilibres musculaires au niveau du bas du corps. Lorsqu’un footballeur reprend l’activité tranquille, que sa jambe n’est pas immobilisée, ce sont plusieurs centimètres qu’il a perdus au niveau des quadriceps surtout. Il faut tout remuscler en arrivant à garder un ensemble harmonieux pour retrouver la force et l'équilibre musculaire à l’intérieur de la jambe. En gros, rebâtir une harmonie dans le corps, explique Xavier Frezza. Car il faut être musclé mais de partout pareil en respectant des ratios. Il y a un ensemble global à tenir. Il y a un travail énorme à faire, même une fois que le joueur a repris. Il a toujours un protocole et des tests à suivre.


Attention aux éventuelles rechutes


Il faudra observer d’éventuelles rechutes lorsque l’ex-international Espoirs français aura repris la compétition avec l’Olympique lyonnais. “Cela peut engendrer des pépins, surtout pendant la reprise. Le corps a été immobilisé longtemps, il a subi des opérations et pour retrouver un ensemble harmonieux, pour un athlète de ce niveau-là, il y a pas mal de petites déchirures aux quadriceps, aux ischio-jambiers, aux adducteurs.. des petits bobos car il faut le temps que tout se remette en place, observe Xavier Frezza. Après, si le travail est bien fait, il n’y a pas de raison que ça soit plus que ça. Ils sont très surveillés de toute manière donc il ne devrait pas se blesser plus qu’un autre.

Olivier Allain se montre lui un peu plus circonspect à ce sujet. Pour le préparateur physique lyonnais, "il est fort probable qu'il y ait des rechutes". Il attire donc l'attention sur "l’intérêt d’avoir une hygiène de vie irréprochable." Lors de son premier retour en 2020, le natif de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) n'avait pas connu de problème particulier avant de vivre à nouveau cette très longue traversée du désert.


Un long travail pour revenir à son meilleur niveau


Il est fréquent qu’un footballeur victime d’une rupture du ligament croisé peine ensuite à retrouver toutes ses qualités, mais Xavier Frezza pense que Reine-Adélaïde peut parvenir à retrouver son niveau d’avant sa grave blessure, même si ça n'est pas évident. “Oui c’est possible, mais c’est compliqué. Lorsqu'un joueur de haut niveau a une très grande période d’arrêt, j’ai observé deux choses : il faut retrouver les qualités explosives du sportif, car l'endurance, c’est très facile à rattraper avec un peu d’exercice on y arrive très vite. Il est immobilisé pendant un mois donc il y a une grosse fonte musculaire de ce côté-là. Ensuite, le travail est très léger pendant plusieurs mois. On fait de l’équilibre, du renforcement musculaire… mais le muscle n’est pas sollicité de manière explosive pendant au moins quatre mois. A ce niveau-là, c'est énorme, assure-t-il. Entre les athlètes très performants, ça se joue déjà à rien, alors subir cette blessure deux fois en si peu de temps c’est difficile. Il y a pas mal d'exemples de joueurs qui ont eu du mal à revenir.”

Pour revoir le numéro 22 à 100%, il n’y a pas de mystère : revenir dans le groupe de Peter Bosz et disputer des matches. “Il faut faire de l'explosivité, donc de l’effort très intensif, travailler les changements de direction et la prévention des blessures. Mais à un moment donné, le manque de pratique se paye aussi et pour que les joueurs soient performants, il faut qu’ils enchaînent les rencontres, prévient Xavier Frezza. Même s’ils s’entraînent tous les jours, car l’intensité et les enjeux ne sont pas les mêmes. Il doit donc retrouver ses repères individuels et collectifs dans le jeu.”   


Retrouver les sensations du terrain


Un processus qui prendra logiquement du temps puisque Reine-Adélaïde n’a pas joué la moindre affiche depuis presque un an, une éternité. “Il faut aussi retrouver les sensations, le terrain… Il a très peu joué lors des dernières saisons. Ce n’est pas évident, peu importe le niveau auquel on joue, de revenir après une grosse coupure, constate Xavier Frezza. Il devra reprendre confiance en son jeu et dans son genou. Ce sont de nouvelles sensations et au début, on a peur de développer toute sa puissance. Sur les appuis, on a l’impression que le genou tire un peu.” Sur cette deuxième partie de l’exercice 2021-2022, l’OL peut compter sur une “recrue” qui pourrait apporter sa pierre à l’édifice d’une remontée lyonnaise au classement, à condition que Jeff Reine-Adélaïde revienne à son meilleur niveau d'ici la fin de saison.

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