OL : pourquoi Alila s'affiche sur les maillots de Lyon

Hervé Legros, 33 ans, le créateur et PDG d’Alila, promoteur lyonnais spécialisé dans la construction de logements sociaux, explique les raisons de son engagement auprès de l’OL (interview parue en décembre dans le magazine Lyon Capitale*).

Parlez-nous de votre parcours, assez atypique, et de votre groupe…

Hervé Legros : Je suis un autodidacte. J’ai créé mon groupe à 18 ans. Cette société, Alila, a une particularité puisque nous sommes dans le monde du logement social et intermédiaire. On accompagne l’ensemble du logement pour répondre à 83 % de la population française qui est éligible au logement social et intermédiaire. On intervient d’une façon un peu inédite, dans le sens où l’on construit des logements en Vefa [ventes en état futur d’achèvement, NdlR] pour le compte d’institutionnels. On ne vend pas de logements à des particuliers ou à des investisseurs qui vont faire de la défiscalisation, comme peuvent le faire des promoteurs classiques. Je me suis spécialisé dans ce secteur il y a une dizaine d’années et, depuis 2004, le groupe s’est élargi en France avec l’ouverture d’agences à Paris, Bordeaux, Nantes et Strasbourg. En 2017, on devrait en ouvrir dans le sud et le nord de la France. Mais je suis toujours attaché à Lyon, avec notre siège social qui est implanté ici [à la Cité internationale].

Pourquoi avoir choisi de sponsoriser l’OL ?

C’était intéressant d’accompagner et d’associer notre image à l’OL pour la simple et bonne raison que le football est extrêmement populaire. L’OL se déplace dans toutes les villes de France où Alila est implanté. L’image de l’OL est positive, il y a un président charismatique et atypique et je pense être tout autant atypique. Au-delà des résultats sportifs, l’événement majeur est l’entrée au Parc OL, qui est un outil extraordinaire. En tant qu’entreprise lyonnaise qui a réussi ici – nous sommes le plus gros promoteur de Lyon – et au niveau national (nous sommes dans le top 10), je souhaitais accompagner l’investissement important de Jean-Michel Aulas, avec qui j’entretiens d’excellents rapports. Pouvoir dire aussi à la métropole : on réussit, mais on réinvestit. J’ai eu un CAP plomberie, je viens de nulle part, je ne suis pas né avec une cuillère d’argent ni d’or dans la bouche. Lorsque tu as la chance de réussir, il faut savoir redonner. Je suis très fier de loger des gens qui sont dans le besoin. La population du logement social aime le football, qui est le sport numéro un. En partenariat avec nos bailleurs sociaux (Grand Lyon Habitat, Opac du Rhône, Vilogia, Dynacité…), on peut inviter les gamins, les familles au Parc OL. On leur permet aussi d’aller voir leurs idoles à l’entraînement, de pouvoir repartir avec des photos et autographes… On va aussi donner l’occasion à des enfants d’entrer sur la pelouse avec les joueurs. C’est tout ce côté RSE [responsabilité sociétale des entreprises] qui est intéressant. C’est ma volonté numéro un, car Alila a un rôle social, on est générateur de mixité.

Dans le cadre de votre activité, vous devez fréquenter de nombreux élus…

Je suis apolitique. Je ne suis ni pour ni contre. Je fais mon business. J’ai un groupe à gérer, je travaille beaucoup.

"J'ai toujours été un fervent supporter de l’OL"

Certains peuvent vous reprocher d’avoir trouvé le bon filon pour vous faire de l’argent en profitant de cette misère sociale. Qu’avec ce partenariat avec l’OL, vous vous achetez une conscience…

Je ne profite pas de la misère sociale pour gagner de l’argent. Aujourd’hui, quel est le constat ? En France, il y a 1,8 million de demandes de logements sociaux en attente : sur Lyon, c’est quatre ans d’attente pour avoir un logement social, à Paris c’est sept… L’ensemble de la promotion immobilière ne s’est jamais intéressée à cette problématique. C’était un parent pauvre de l’immobilier, le caillou dans la chaussure, et moi je me suis dit que le logement social n’avait que des avantages. Je ne fais pas ma fortune sur le logement social, je ne gagne pas d’argent sur la misère sociale, je fais gagner de l’argent à mes clients. Car, quand ils m’achètent des programmes, cela leur revient mois cher que si c’étaient les bailleurs sociaux qui construisaient eux-mêmes. Ce sont eux qui gagnent finalement de l’argent. En devenant partenaire de l’OL, je ne m’achète aucune conscience. Je suis un Lyonnais, je suis né dans le 7e arrondissement, j’ai vécu à la Duchère, j’ai toujours été un fervent supporter de l’OL.

L’image de l’OL et les valeurs du club, avec l’OL Fondation, la Cité de l’emploi, l’insertion dans les quartiers… sont les mêmes que mon entreprise. Alila est une entreprise privée, on gagne de l’argent et on le réinvestit dans la métropole qui nous a vu naître. On prouve tous les jours qu’Alila est une entreprise citoyenne. Je n’ai pas de problème à soutenir l’OL car je suis un entrepreneur privé. Ce n’est pas de l’argent public. J’ai réussi à créer du business, mais ça, c’est mon côté entrepreneur. Il n’y en a pas un qui peut me reprocher de vouloir spolier qui que ce soit. Je n’ai aucun scrupule quand je gagne un peu d’argent d’en faire ce que je veux.

Actionnaire ? "Ce n'est pas d'actualité"

Quel est votre secret pour réussir à faire du logement social de qualité en étant moins cher que les autres ?

Mon secret ? C’est beaucoup de rigueur, d’organisation. Ce que font les Nexity, Bouygues, je ne sais pas faire. Je ne sais pas vendre des logements investisseurs, je ne sais faire que dans mon domaine. À Alila, on a une marque de fabrique, c’est la maîtrise des coûts, du process… Notre force, c’est d’avoir un interlocuteur du dépôt du permis jusqu’à la livraison. On n’est pas coté en Bourse, je n’ai pas d’actionnaires à qui il faut donner des dividendes tous les ans.

Ce partenariat avec l’OL vous permet d’être mis en lumière…

Vous me m’avez jamais vu dans des soirées lyonnaises, vous ne me verrez jamais dans les cocktails, les mondanités. Ça ne m’intéresse pas. Je ne cherche pas de reconnaissance. Je cherche à loger tous ces gens qui attendent un logement. Je trouve scandaleux que des salariés doivent vivre dans leur voiture. Dans un pays riche comme la France, oui, ça me choque !

Envisagez-vous, un jour, de devenir actionnaire de l’OL ?

Ce n’est pas d’actualité. C’est à vous de poser la question à Jean-Michel [Aulas], vous le connaissez également (sourire). Est-ce qu’il a envie aujourd’hui de faire rentrer un jeune Lyonnais qui réussit dans son conseil d’administration ? En tout cas, il ne me l’a pas proposé (rire). Dernièrement, il y a des actionnaires chinois qui sont arrivés… Tout peut être envisageable. Je suis un acteur lyonnais. Si demain on venait me demander d’apporter une vision au sein du conseil d’administration de l’OL, bien volontiers. Encore une fois, cela n’a jamais été évoqué.

* Olympique-et-lyonnais.com appartient à Lyon Capitale.

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