Vanessa Gilles buteuse lors de Chelsea - OL
Vanessa Gilles buteuse lors de Chelsea – OL (Photo by JUSTIN TALLIS / AFP)

OL - Vanessa Gilles : "La Ligue des champions, ça donne des frissons"

Arrivée la saison dernière pour remplacer Griedge Mbock blessée, Vanessa Gilles n’a pas mis longtemps à faire l’unanimité à l’OL. Pour Olympique-et-Lyonnais, la défenseuse canadienne est revenue sur le début de saison des Fenottes, la Ligue des champions mais aussi le développement du foot féminin en France.

Olympique-et-Lyonnais : 10 victoires en 10 matchs, l’OL ne pouvait pas mieux commencer cette saison...

Vanessa Gilles : Les victoires font du bien, mais l’ambiance dans l’équipe fait plaisir aussi. On n’a pas de blessures à part Delphine donc ça change comparé à la saison dernière. Les matchs s’enchaînent donc en tant que joueuse et compétitrice, ça fait du bien d’être toujours dans l’état d’esprit de match.

Vous avez joué la Coupe du monde et enchaîné direct avec l’OL derrière. Cela fait peu de repos…

Je pense que pour moi et beaucoup de filles dans l’équipe, ça fait du bien d’enchaîner directement et de vite passer à autre chose parce que la Coupe du monde a été très dure pour la plupart d’entre nous.

Vous en êtes à quatre buts inscrits, ce n’est pas là où vous attend, mais défensivement, seulement trois buts encaissés. C’est un motif de satisfaction ?

C’est toujours un objectif d’avoir la meilleure défense. On veut toujours le meilleur de nous-même, donc ne pas se satisfaire du minimum et des trois buts encaissés. Ils nous ont fait du mal parce que ce sont des buts évitables. Quand les matchs s’enchaînent et que les grosses équipes vont venir, c’est à ce moment-là qu’il faudra être parfaite et donc améliorer les choses dès maintenant.

Vous avez évolué avec Griedge Mbock contre Dijon, qu’est-ce que ça change dans votre façon de jouer par rapport à Wendie Renard ?

Griedge et Wendie sont deux des meilleures centrales au monde, si ce n’est les meilleures. Mon jeu ne change pas, on a toutes nos qualités, différentes, et qui sont complémentaires pour le bien de l’équipe. On a trois profils qui peuvent jouer ensemble sans que ça change trop la dynamique. Ça fait plaisir d’apprendre des deux.

Depuis votre arrivée, qu’est-ce qui a changé dans votre jeu, un point qui a été amélioré ?

J’ai beaucoup appris sur le travail avec le ballon comme on a souvent la possession. Juste être à l’aise avec ça, être à l’aise dans les situations dans lesquelles je suis plus dans l’inconfort. J’ai un rôle défensif, mais aussi offensif, donc depuis que je suis là, on travaille beaucoup sur le jeu de tête.

Est-ce que vous vous rendez compte du chemin parcouru depuis un an ? Vous avez réussi à vous faire une place aux côtés de Renard et Mbock…

Quand j’ai été recrutée, il y avait forcément certains doutes parce que je suis arrivée blessée. Ce n’est jamais facile de rentrer dans un grand club et une grande équipe de cette manière. Ce qui a aidé énormément est l’environnement du club, l’ambiance au sein du groupe. Il n’y a pas beaucoup d’équipes qui ont ce soutien et cette positivité dans le vestiaire. Je le vois avec Delphine (Cascarino). Quand on la voit, on essaye toujours de lui dire un petit mot, un petit clin d’œil. Je sais que ça a fait la différence pour moi. Quand je suis revenue sur le terrain, j’avais l’impression de déjà faire partie de l’équipe. Est-ce que je m’en rends compte ? Oui, il y a des exigences à l’OL, c’est huit Ligue des champions, donc je cherche à m’améliorer pour être digne.

Vous êtes proche de Horan et Hegerberg, il y a d’autres "clans" et pourtant, c’est avant tout une puissance collective qui se dégage de cet OL...

Les égos, ce sont des égos en tant que compétitrices, on veut toutes gagner que ce soit sur le terrain ou quand on fait des petits jeux à l’entraînement. Ce n’est pas négatif, au contraire, c’est très positif pour moi. On veut toujours s’arracher et c’est la gagne collective qui compte, aussi bien pour celles qui commencent le match ou qui rentrent. Ça fait un collectif très sain.

Revenons à la Ligue des champions, est-ce que le souvenir de Chelsea est laissé de côté ou sert-il de motivation supplémentaire pour cette nouvelle campagne ?

L’année dernière, ce qu’il s’est passé à Chelsea nous a vraiment rapprochées encore plus, car on était toutes dans le dur. On avait les capacités pour aller la gagner et se faire éliminer comme ça a été très dur. Quand on joue la Ligue des champions, qu’on regarde les autres matchs, c’est toujours dans un coin de la tête. Ça nous motive pour cette année et le futur. S'il y a Chelsea au tirage, ça sera très intéressant (sourires).

Qu’est-ce qu’on ressent quand on rentre sur le terrain pour une telle compétition ?

C’est ma troisième fois plus ou moins avec Bordeaux. On en parlait avec Lindsey (Horan) à Prague. C’est un tout autre environnement, un autre "mood" quand tu marches sur le terrain. Avec Lindsey, on avait les frissons quand la musique de la Ligue des champions a retenti parce que c’est un rêve pour tout le monde. Que tu l’aies gagnée dix fois ou pas encore, ça fait les mêmes émotions, la même excitation. Ça te ramène en enfance quand je rêvais d’y participer et là, on y va pour la gagner.

Le fait de jouer contre trois équipes en dessous sur le papier n’entache pas cette excitation malgré tout ?

On sait toutes ce qu’est un tournoi et les exigences. On sait ce qu’il peut se passer dans un tournoi, donc on ne prend pas le groupe à la légère. On a vu à Prague qu’on se prépare comme si on jouait la meilleure équipe du monde. On sait ce qu’est le haut niveau et ce qu’il faut pour gagner donc on ne peut pas prendre une équipe à la légère et baisser le curseur parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut passer.

L’affluence risque d’être faible ce mercredi au Parc OL. C’est quelque chose qui vous peine ?

Ça nous touche toutes, surtout depuis la Coupe du monde. On voyait les émotions, ce que ça rapportait dans les tribunes d’avoir des stades pleins. C’est le foot que tout le monde veut jouer. Jouer devant du monde que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Ça nous touche parce qu’on va soutenir les garçons et on voit bien que les stades sont pleins. Quand on joue la Ligue des champions et que ce soit vide, ça fait de la peine. C’est super que nos groupes de supporters (OL Ang’elles et Kop Fenottes 69) nous soutiennent à Prague ou ici, c’est incroyable, on les adore, mais on aimerait que toute la ville se mette derrière nous.

Vous aviez eu des mots assez durs avant la Coupe du monde sur le développement du foot féminin en France. Vous pensez que le vestiaire a une responsabilité ?

On parle toujours des responsabilités des joueuses pour le développement du foot féminin, mais ce n’est pas à nous. Évidemment, on a notre part, mais ce n’est pas à nous de supplier les gens de venir. Comme Michele Kang dit, ce n’est pas non plus la charité, on ne va pas les supplier. On connait le produit, on connait ce qu’est le foot féminin et ce qu’il pourrait être. On voit dans d’autres pays donc c’est très frustrant.

Il y avait PSG - Fleury dimanche, j’ai arrêté à la mi-temps parce que l’état du terrain, la manière dont c’est filmé… Si ça ne donne pas envie à nous qui sommes joueuses, je ne peux pas imaginer pour les supporters. C’est à la Fédération de mieux faire. Ils ont le produit, il y a la qualité donc c’est à eux de croire en leur produit. Michele Kang y croit ici et tente de mettre une stratégie pour que ça s’améliore, car elle y croit, mais c’est à la Fédération de bouger.

Quand Selma Bacha dit que l’absence d’essor du foot français pourrait la faire réfléchir sur son avenir à l'OL, vous la comprenez ?

Et pas qu’un peu ! Je suis partie de Bordeaux avec cette mentalité de vouloir connaitre quelque chose de mieux. Quand je voyais les infrastructures, les stades dans lesquels on jouait, c’était très frustrant. J’ai vu aux États-Unis le produit que ça donnait là-bas. Peut-être que le niveau, la technique, ce n’était pas meilleur, mais le marketing, la valorisation, les stades, il y avait de meilleurs moyens pour rendre le produit attractif, surtout à Los Angeles. Il y avait 22 000 spectateurs à chaque match et ils ne venaient pas par charité, mais parce qu’ils s’amusaient. C’est très frustrant.

Aux États-Unis, les rendez-vous sportifs sont avant tout une vraie sortie familiale. C’est une question de mentalité ?

Ce n’est pas une question de mentalité parce qu’en France, les gens aiment le foot aussi. Les enfants veulent venir et on le voit quand les Bleues jouent. J’ai joué contre elles, il y a quelques mois, ça m’a donné des frissons de voir le stade plein, de voir les gens chanter la Marseillaise, ça fait chaud au cœur comme je suis française aussi. Les gens viennent et sont intéressés, mais il faut que ce soit attractif et pas jouer à 21h par exemple. 

6 commentaires
  1. knoumkoufou
    knoumkoufou - mer 22 Nov 23 à 9 h 13

    La très lucide Vanessa sur la réalité du soccer français, digne successeuse de Jessica Fishlock. Pas de quoi se réjouir, au contraire.

    1. dede74
      dede74 - mer 22 Nov 23 à 10 h 43

      D'où son envie de rejoindre le championnat US !

      1. knoumkoufou
        knoumkoufou - mer 22 Nov 23 à 11 h 40

        Je l' ai pensé très fort mais je n' ai pas voulu l' écrire, comme pour conjurer le sort. Pas de championnat aux USA mais une saison étalée sur une année civile. À noter que la saison 2024 comptera 2 clubs de plus, San Francisco et Salt Lake City mais qu' une douzaine de franchise faisaient risette, preuve qu' engouement populaire et recettes ça marche. Une saison plus longue, moins de mois sans rien et qui sait, à terme, un vrai championnat à 18/20.

  2. OL-91
    OL-91 - mer 22 Nov 23 à 15 h 20

    Les victoires sportives, c'est bien, mais avec la gloire médiatique, c'est mieux.

  3. Avatar
    Floyd - mer 22 Nov 23 à 15 h 54

    Elle enjolive un peu les USA, les stades sont proportionnellement loin d'être pleins... Cette année la finale de la NWSL a battu un record avec 25000 spectateurs, le record PSG-OL c'est 43000, pas de quoi rougir. Après oui les affluences générales sont plus hautes qu'en France, mais les villes sont plus grande aussi, Guingamp ou Dijon, c'est pas Seattle ou Washington quoi ! :p

  4. Fabgeronimo
    Fabgeronimo - mer 22 Nov 23 à 18 h 06

    Pour que le foot féminin soit mieux valorisé médiatiquement, il faudrait que le PSG soit à la place de l'OL, là y aurait du monde pour en causer, il faut juste se rappeler le pataquès de certains médias quand le PSG a éliminé l'OL en LdC il y a 3 ans et gagné le championnat, c'était la fin de l'OL et les parisiennes allaient enfin trôner durablement. Tout d'un coup tous les journalistes sportifs s'intéressaient au foot féminin, incroyable. Ça c'est vite dégonflée parce que l'OL n'est pas un club de baltringues question foot féminin (je précise !^^) et que le covid n'allait pas nous mettre au tapis 12 ou 13 titulaires à chaque fois contre le PSG.

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