Aulas : "Ce serait un gros échec personnel de perdre Lacazette et Renard cet été"

Jean-Michel Aulas est un président fier de ses joueuses au soir d'un succès en forme de titre de champion de France sur le terrain du PSG (4-0). Mais un président également fier du parcours effectué depuis des années avec ses deux équipes (masculine et féminine).

On vous sent ému après cette démonstration de l'OL féminin...

Je ne veux pas voler la vedette aux joueuses et à l'entraîneur. Mais c'est une grande fierté, un double sentiment. Je suis heureux et fier. Malgré tout ce que j'ai pu lire dans la presse, je pense qu'il y a encore un petit écart entre les deux équipes. Soit les uns ont surestimé leur potentiel, soit les autres se sont sublimées pour démontrer qu'elles étaient toujours là...

La passation de pouvoir, ce n'est pas pour tout de suite...

Je n'ai pas l'impression... Ceci étant, si j'étais à la place de Farid, j'essaierai de gagner la Ligue des champions parce qu'il n'y a plus que cela pour justifier les énormes investissements qui ont été fait... On est non seulement satisfait mais cela confirme un certain nombre d'options que l'on a prises. Au coup d'envoi, on avait 11 joueuses qui sont toutes titulaires dans leur sélection nationale et toutes qualifiées pour la Coupe du monde dont une joueuse de moins de 20 ans qui jouait dans un des clubs allemands les plus huppés et qui est venue à Lyon parce que c'était Lyon. Je trouve qu'il y a une similitude avec l'équipe masculine. On a beaucoup de joueurs et de joueuses qui viennent à l'OL pour apprendre et pour pouvoir jouer et ça, c'est formidable. On a un rôle de dirigeant mais aussi d'éducateur.

Comment expliquez-vous cette formidable constance dans les performances ?

Il y a une remise en cause permanente. Dans les clubs où il y a de la stabilité, je suis très vieux j'attaque ma 28e année de présidence, il y a une volonté farouche d'essayer de gagner mais aussi d'apprendre. La principale qualité de nos filles, c'est qu'elles ont su se remettre en cause. Elles ont été injustement éliminées contre le PSG en Ligue des champions car les faits de jeu laissent toujours une possibilité à ceux qui ne sont pas les plus forts de gagner. Cela a été le cas en Ligue des champions. On a lu beaucoup de choses, on a beaucoup écouté mais on a rien dit. Je suis venu ici volontairement pour les aider, les supporter. Mais j'ai très vite senti que l'équipe était insubmersible parce qu'il y avait cette volonté farouche de revenir au premier plan.

Cette réussite s'explique-t-elle par un recrutement judicieux ?

Je pense qu'on a cette capacité à trouver des talents et surtout à les intégrer. Après, on a fait des erreurs, comme tout le monde. Quelques fois, les erreurs vous collent à la peau et transforment ce qui a été bien en quelque chose de moins bien. L'une des qualités de la famille OL c'est de faire en sorte de partager les échecs mais aussi de faire en sorte de se remettre en cause pour partager les réussites. Si on regarde les qualités qu'on a pu développer chez les garçons et chez les filles dans le recrutement des joueurs et des joueuses, je pense qu'on a fait du bon travail.

Lyon est-il un exemple à suivre ?

Trois journaux européens ont parlé du modèle lyonnais en disant que ce qu'on fait depuis 28 ans est assez exceptionnel. Alors c'est prétentieux puisque c'est moi qui le dit mais puisque vous me posez la question je saisis la balle au bond. On a quelques fois eu raison trop tôt, un peu en avance. Mais comme on reste longtemps, on a plus de chance d'arriver à démontrer que les choix que l'ont fait peuvent être payants. Ce soir, c'est un peu comme quand ma jeune équipe masculine a gagné 5-0 à Bordeaux avant la trêve hivernale. Il y a une fierté et une joie profonde qu'on peut exprimer sans retenue parce que le score est assez impressionnant mais qui vient vraiment d'une analyse profonde et d'une sincérité absolue.

Qu'allez-vous faire avec les joueuses en fin de contrat comme Abily, Bussaglia, Dickenmann, Petit ?

Kumagai vient de prolonger. Les autres vont signer aussi... Enfin je le pense, je l'espère. Maintenant, le choix leur appartient. On discute avec elles pour leur montrer un projet. J'ai bon espoir. Pour Camille, il n'y aura pas de problème. Pour Elise et Lara, ce sont des discussions plus complètes mais je vais prendre les choses en mains à partir de la mi-mars.

Le fait de voir l'Olympique lyonnais prendre une grande option sur le titre devant le PSG chez les féminines ne serait-il pas prémonitoire pour les garçons ?

Ça peut l'être. Moi, j'y crois. Mais demain, il y a un match qu'il faut gagner. Si on gagne demain contre Nantes et qu'on récupère les joueurs qui sont blessés, car c'est un match difficile qui nous attend, je pense que l'exemple de nos filles peut donner des idées aux garçons. Ce sont des jeunes garçons sains, très collectifs, qui ont envie de réussir ensemble.

Avez-vous peur de perdre cet été Wendie Renard chez les filles et Alexandre Lacazette chez les garçons ?

Ce serait un gros échec personnel. Non pas pour des questions d'argent mais parce que j'ai confiance en eux. J'ai l'humilité de penser qu'ils ont confiance en moi. Mais c'est vrai que ce serait terrible de perdre deux de nos meilleurs éléments. Ce sont deux éléments formidables sur le plan football mais aussi sur le plan de l'homme et de la femme que sont Alexandre et Wendie.

Êtes-vous capable de dire "Allez les Verts" dimanche soir lors de ASSE - OM ?

Oui, j'envisage d'aller à Saint-Etienne dimanche mais je ne sais pas si j'aurais l'accès facile... (rires). Ceci étant, je suis capable de crier "Allez les Verts".

A ce point là ?

Seulement dimanche soir (rires).