Sonia Bompastor lors d'OL - Barcelone
Sonia Bompastor lors d’OL – Barcelone (Photo by FRANCK FIFE / AFP)

Bompastor avant OL - PSG : "Le talent individuel doit s'exprimer"

Dans cette deuxième et dernière partie de l'entretien qu'elle a accordé à Olympique-et-Lyonnais, Sonia Bompastor parle de la demi-finale contre le PSG, des critiques sur le jeu de l'OL.

Olympique-et-Lyonnais : l'OL joue le PSG en demi-finale de Ligue des champions. Comment peut-on encore surprendre un adversaire qu'on affronte plusieurs fois par saison ?

Sonia Bompastor : On s’appuie beaucoup sur nos forces à nous. Chaque saison, on a un effectif de qualité qui peut nous permettre d’atteindre nos objectifs. Donc la question est avant tout de se demander avec nos forces et dans l’état d’esprit comment on va les mettre en difficulté. C’est la première chose qui me vient en tête dans la préparation de ces matchs contre le PSG. Après, le club parisien a pas mal bougé au cours des trois dernières saisons, a beaucoup tourné, donc chaque année, elles ont des spécificités différentes avec des forces et des faiblesses. Elles ont beaucoup évolué déjà à l’intérieur de cette saison entre le début et maintenant. Par rapport à ce visage différent, tu es obligée sur une demi-finale de Ligue des champions de présenter le mieux possible l’adversaire à tes joueuses parce qu'elles ont certaines forces et tu es obligée de les prendre en compte. On a de la qualité.

Est-ce suffisant pour autant ?

Non. Le dernier point est peut-être de se dire que quand arrivent des matchs avec de tels enjeux et des équipes de qualité, les détails sont importants. Et parfois, c’est tout simplement le talent individuel. Quand tu es entraîneure, ton métier est de donner de la confiance à tes joueuses, de dégager un plan de jeu que tu penses être le bon, mais dans ces matchs, tu as besoin que le talent individuel s’exprime. Parfois, il va s’exprimer et on va probablement l’associer à ce que le coach a souhaité, mais au final, c’est uniquement le talent qui a fait la différence. Donc, il faut avoir de l’humilité là-dessus. Quand ça gagne, ce sont les joueuses, quand ça perd, c’est moi. Il y a forcément un truc auquel je n’ai pas pensé ou que j’ai mal fait.

Vous vous appuyez sur le 4-3-3. L'OL n'est-il pas devenu trop prévisible ?

L’organisation de ton équipe, tu la choisis forcément par rapport aux qualités de tes joueuses, c’est ma vision. Il y a des systèmes de jeu qui sont plus adaptés. Après, personnellement, j’adore tous les systèmes parce que je suis une passionnée, j’aime la tactique, j’aime comprendre le jeu. J’aime aussi poser des problèmes aux adversaires. Donc, 4-4-2 losange, 4-4-2 à plat, le 3-5-2 est un système que j’aime beaucoup. Quand tu as Vanessa (Gilles), Wendie (Renard) et Griedge (Mbock) dans ton effectif, c’est dur de se passer de l’une d’elles parce que tu décides de jouer à quatre. Ma philosophie est de mettre les onze meilleures joueuses sur le terrain et une fois choisies, je me demande quel est le système qui correspond le mieux à chacune des joueuses, mais aussi collectivement.

Peut-on attendre un changement tactique ou le manque de temps l'en empêche ?

La tactique, moi, j'adore. Si je pouvais changer, peut-être pas tous les matchs, mais souvent, j’adorerais le faire. Il y a un petit côté frustrant, mais on doit être capable d’utiliser d’autres systèmes, surtout quand on est l’OL. Mais, à côté de ça, on n’a pas toujours le temps de pouvoir travailler ça. Cette saison, on a pu travailler un peu au moins d’août au retour de la Coupe du monde, mais on a vite enchaîné. On a eu 15 jours en octobre, donc c’est plus ça qui est frustrant pour moi, de ne pas avoir plus de temps pour travailler avec les joueuses.

L'élimination en Coupe de France contre Fleury a soulevé pas mal de critiques. Est-ce que vous en tenez compte ?

Je suis quelqu’un qui écoute. On a la connaissance, la compétence, mais à un moment donné, tu es tout le temps dans le tambour de la machine à laver, dans ton environnement. Parfois, entendre deux, trois choses qui viennent de l’extérieur, ça peut être intéressant. Contre Fleury, le match a été dominé, mais le problème est qu’on a fait preuve d’inefficacité. Ne serait-ce que mettre une de nos occasions. Est-ce que c’est mental ? Technique ? Quand tu arrives devant le but, même si tu le travailles à l’entraînement, ça reste un geste technique, mais il faut de la confiance en soi.

Quand on gagne, c’est normal, on est l’OL. Mais il faut être capable d’avoir la bonne analyse, de savoir ce qui a été bien fait et moins bien fait. Mais quand on perd, il est normal d’avoir cette remise en question. Ce n’est pas normal de ne pas gagner contre Fleury et on l’a d’ailleurs vu très rapidement après, il y a quatre buts d’écart le match suivant. Sur le match d’après, il n’y a pas grand-chose qui a changé, mais tu es vexée et sur l’aspect mental, tu augmentes forcément le curseur et tu concrétises tes actions.

En étant une légende du club comme joueuse, vous avez forcément joué avec certaines de vos joueuses actuelles. Le temps a fait son effet sur votre relation ?

Ça s’est fait assez facilement et naturellement, car j’arrête en 2013 et j’enchaîne tout de suite avec le poste de directrice à l’Académie où j’ai la majorité de mon temps au centre avec de jeunes joueuses que je ne connais pas du tout. Il y a un lien encore avec le groupe pro, mais il est assez lointain et ces huit ans à l’Académie me permettent de prendre définitivement du recul avec le groupe. Je deviens maman aussi, donc il y a aussi un peu plus de maturité et quand je reviens comme entraîneure, même s’il y a des joueuses avec qui j’ai joué, il n’y a plus aucun lien. Dans ma vie personnelle, ce ne sont pas des personnes avec qui j’ai eu des contacts réguliers. Donc quand je suis revenue huit ans après, même si on s’est côtoyé comme coéquipières, Sonia la coach même elles, elles ne la connaissaient pas. J’essaye de faire en sorte que cette distance soit la même entre les joueuses que j’ai connues et celles avec qui je n’ai pas joué.

Vous vous appuyez sur un staff qui est élargi. Comment gère-t-on aussi ce paramètre ?

On parle beaucoup de moi depuis tout à l’heure, mais tu ne peux pas faire tout toute seule, à tout gérer. On est 26 cette saison dans le staff, donc j’ai besoin d’être entourée à la fois de compétences, de complémentarité et surtout de confiance. Aujourd’hui, dans le foot, le coach a au moins un de ses adjoints qui le frère ou au moins quelqu’un de confiance. J’ai la chance d’avoir ce noyau dur avec Camille (Abily) et Théo (Rivrin). On travaille ensemble depuis plusieurs années, on partage la même vision dans le foot et comme personne.

Chacun a son rôle et ses missions et il est important que ce soit le plus clair possible, que chacun sache quand il doit intervenir aux entraînements, aux matchs. Mon rôle est davantage sur notre plan de jeu, dans l’application de ce plan et être un peu plus dans les émotions. Camille et Théo ont un regard plus en hauteur, avec Théo qui s’occupe plus de l’adversaire et Camille de notre équipe, que ce soit la notion d’espace ou les complémentarités sur le terrain entre nos joueuses.

Vous formez un binôme avec Abily depuis trois ans à l'OL. Si départ il devait y avoir un jour, avez-vous déjà discuté de la suite ?

Camille l’a toujours dit, elle a la volonté d’être numéro 1. La seule personne avec qui elle peut accepter d’être un binôme et je ne dis pas entraîneure adjointe, car ici, elle a une place importante à l’OL et partout où on pourra aller, elle aura un rôle important, parce qu'on est un vrai binôme, c'est avec moi. Elle est compétente et ses qualités sont importantes pour les mettre au service de la performance. Elle pourrait continuer à être un binôme avec moi, mais peut-être pas avec quelqu’un d’autre, car elle sait la place que je lui accorde. Arrivera un moment où elle aura envie d’être numéro 1 et ce sera tout à fait légitime.

6 commentaires
  1. Avatar
    Toitoi - jeu 18 Avr 24 à 8 h 10

    Merci, tout aussi intéressant que la première partie.
    Pas d'exclusivité concernant son avenir, mais c'était sans doute prévu ainsi.

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  2. Avatar
    seb66 - jeu 18 Avr 24 à 8 h 31

    Difficile de lire entre les lignes : l'écrit c'est moins facile que l'oral...

    "Camille l’a toujours dit, elle a la volonté d’être numéro 1. "
    "partout où on pourra aller, elle aura un rôle important, parce qu'on est un vrai binôme. "
    "Arrivera un moment où elle aura envie d’être numéro 1"

    Bref, pour son départ à Chelsea, Bompastor botte en touche, parle de Camille et brouille les pistes, à moins que ce ne soit mal retranscrit...
    On apprend juste que si elle part, il y a quelqu'un de prêt pour la relève.

    Enfin, on voit encore Delphine sur la photo.
    J'espère qu'elle n'accompagnera pas son entraîneuse si cette dernière s'en va !
    Pour ma part c'est ma seule crainte...

    En conclusion : on n'apprend rien, ce qui n'est pas bien grave !

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    1. isabielle
      isabielle - jeu 18 Avr 24 à 13 h 00

      Mais si seb... on apprend quelque chose de primordial :
      "notre adversaire historique à bien changé, mais on le sait, on l'a vu... ce seront donc les meilleures joueuses qui seront alignées pour les battre, et les détails qui font gagner, ce sont les talents individuels de chacune"
      C'est la force de l'OL 😜

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    2. knoumkoufou
      knoumkoufou - jeu 18 Avr 24 à 13 h 05

      Moi j' en rêve, Delphine Cascarino + Mayra Ramirez + Catarina Macario dans le même club, à chacun son phantasme.

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  3. Avatar
    seb66 - jeu 18 Avr 24 à 14 h 42

    Ah ! Macario, la chouchoute de Bompastor ?

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  4. OL-91
    OL-91 - jeu 18 Avr 24 à 16 h 31

    Se baser sur les individualités, d'accord, mais pas trop.

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