Eric Hély, ancien entraîneur des U19 de l'OL
Eric Hély, ancien entraîneur des U19 de l’OL (Crédit O&L)

OL Académie - Eric Hély : "L'impression que le formateur est devenu l'ennemi du joueur"

Ancien directeur du centre de formation de Sochaux, Eric Hély va refermer son chapitre de formateur à l'issue de la saison avec les U19 de l'OL. Pour Olympique-et-Lyonnais, il livre un regard sans concession sur la difficulté de la formation aujourd'hui.

Olympique-et-Lyonnnais : Eric Hély, le rôle d'un formateur a-t-il évolué depuis vos débuts dans cette carrière ?

Eric Hély : Bien sûr que ça a changé, je ne dis pas que ça me plait toujours. Je préfère m’arrêter maintenant parce que je ne veux garder que les bons moments. J’ai eu de la chance d’avoir eu beaucoup de bonnes générations avec de bonnes mentalités, des idées qu’on peut partager. Pour moi, c’était avant tout une aventure humaine de coacher. Lors de notre déplacement à Torcy, j’ai retrouvé un joueur que j’avais eu à Beauvais il y a 20 ans. On s’est revu, on était content de se revoir comme si c’était hier. C’est ça que j’ai toujours aimé. J’aime le foot par-dessus tout. Ça l'a toujours été et ça le restera éternellement et j’aime le partager avec les joueurs.

Pourquoi alors faire le choix d'arrêter d'entraîner pour occuper un rôle différent ?

Je préfère arrêter avec les équipes parce que c’est vrai que les mentalités évoluent, les générations changent et il y a des choses qui me plaisent de moins en moins. Mais j’estime que j’ai eu la chance d’avoir les bons côtés entre guillemets. Même quand j’ai choisi de venir à Lyon, il y avait le prestige du club, mais j’ai quitté le poste de directeur de centre pour être juste formateur d’une équipe parce que les à-côtés d’un tel poste n’étaient pas ce que j’aimais le plus. Je préfère transmettre mon expérience sur le terrain et surtout transmettre quelque chose aux joueurs. Quand tu es coach, tu as le sentiment d’aider le joueur à évoluer, à réussir et c’est gratifiant. Quand j’étais directeur, j’organisais la structure, oui, mais je n’avais pas cette sensation d’aider directement.

Qu'est-ce qui a le plus changé dans la formation d'un joueur ?

Ce qui a évolué, c’est dans son accompagnement. Par rapport au terrain, ce qui a évolué est le fait d’être un peu plus diplomate. J’ai été formé et à notre époque, c’était toujours dans la négation pour évoluer. Aujourd’hui, c’est presque l’inverse. Même quand tu n’es pas très bon, on aurait tendance à te dire tes qualités. J’ai tendance à avoir du mal avec ça. Le rapport avec les parents a évolué aussi. Avant, on était souvent partenaires et désormais, on a l’impression que le coach est l’ennemi de l’enfant quand on dit ce qu’on ressent ou on constate.

"Désormais il faut être plus diplomate"

La formation à la lyonnaise est très réputée et donc attire. La place des agents a-t-elle aussi évolué ?

Il y en a qui sont très bien et pensent aux sportifs et il y en a avec qui j’ai du mal à suivre la trajectoire sportive qu’ils veulent donner aux joueurs. Malheureusement, le joueur écoute des fois ce qu’il a envie d’écouter et l’agent a intérêt à aller dans son sens s’il a un petit peu de qualité. S’il ne va pas dans son sens, il perd le joueur. À Sochaux, ça s’est relativement bien passé avec les agents, à Lyon, ce qui était bien, c’est le process agent - directeur. Si on me demande d’être là, je suis là, mais ce ne sont pas les mêmes rapports.

Les soins, il y en a toujours eu, mais au niveau médical, il y a eu des changements. Avant, le médecin du club, tu lui faisais confiance et tu suivais ses avis et ses "ordres". Aujourd’hui, ça ne se passe pas comme ça. Le doc peut dire à un joueur de faire tel soin et il y a des familles qui disent qu’elles ne veulent pas. Ça n’existait pas avant et il a fallu apprendre à faire avec. Tu es obligé de collaborer. J’ai toujours dit au joueur que s’il voyait quelqu’un d’autre, il fallait le dire, au moins le staff est fixé. C’est plus facile pour tout le monde pour travailler ensemble. Maintenant, les agents ont des préparateurs physiques. Les gamins, tu les envoies en vacances et pendant ce repos, ils les entraînent. C’est incohérent pour moi. Des joueurs arrivent blessés, ça arrive avec nous aussi, d’autres qui sont un peu blessés, mais qui le cachent, donc tu fais un entraînement qui n’est pas adapté et le gamin est cramé après huit jours.

Vous avez la réputation d'un coach assez dur, pensez-vous avoir malgré tout évolué dans votre coaching ?

Je suis resté moi-même. Je pense que j’ai évolué parce que tu ne peux pas rester 30 ans dans la formation sans évoluer, mais j’aimais mes joueurs, je leur ai accordé beaucoup de temps et c’est normal, mais je leur ai toujours dit les choses même de façon virulente parfois. Mais ils l’acceptaient parce que c’était pour leur bien, même s’ils ne l’ont pas toujours compris. Mais il n’y avait pas de méchanceté. S’il n’y a pas de méchanceté et que tu les aimes, tu peux aller assez loin dans la franchise.

Pour retrouver la première partie de l'interview d'Eric Hély, cliquez ici

5 commentaires
  1. dede74
    dede74 - sam 1 Avr 23 à 8 h 41

    Il n'est pas dit, dans tout le reportage que Eric Hely avait joué dans le film "comme un lion" en 2013, quand il était à Sochaux, film qui raconte l'histoire vraie, d'un jeune africain, venu tenter sa chance en France.
    Je n'ai pas vu ce film mais, je le regarderai, par curiosité.

    https://kebekmac.forum-canada.com/t40516-comme-un-lion-2013-samuel-collardey-fr

    1. JUNi DU 36
      JUNi DU 36 - sam 1 Avr 23 à 9 h 44

      Salut Dede. Ça va bien ?
      Je te le recommande c'est un très bon film

      1. dede74
        dede74 - sam 1 Avr 23 à 10 h 09

        Salut JUNI, oui ça va et toi ?

        J'ai commencé à le regarder ! on en apprend toujours plus sur les "requins" qui tournent autour des jeunes talents africains, peut-être toujours faciles à rouler ! faire briller la thune, marche toujours.

        PS : vous allez visiter le château de Versailles lundi ?

  2. Avatar
    Maxiro - sam 1 Avr 23 à 12 h 17

    Je me rapelle de ce film, c'est sur que ça fait flipper sur les agents. Mais il y a aussi le film "le petit prince" qui quand on le regarde, montre la pression de la famille, des agents.
    Sinon par rapport à avant, et on le voit dans les 2 films c'est surtout qu'on voit les joueurs comme de la marchandise, de l'argent potentiel. Et cela par les clubs, la famille et les amis. Quand on voit que l'on donne un salaire de 300 000 à un jeune de 20 ans ( dont le salaire est égal à un joueurs de 30 ans, et un bon joueur ), que tu achète 2 jeune joueur qui ont pas prouvé et qui viennent de 2 championnat au niveau inférieur à celui de la ligue 1. Que le nombre de joueurs expérimenté est de 5 dans l'équipe type. Et que les matchs sont chiant à regarder. Donc le clubs est à sa place, avec un effectif mal calibrer entre expérience, jeunesse et les différents poste. Et quand on voit les pistes, ça fait flipper et c'est pas près de s'arranger.

    Sinon, il faut arrêter de critiquer et détruire les joueurs, car si ils sont là. C'est soit qu'ils ont été recruter, soit qu'il avait un niveau correct. Car je pense que personne n'aimerais avoir son patron, ses client ou ses collègues qui sont derrière son cul, qu'il nous insulte.
    Bonne journée à tous

  3. Avatar
    Dufduf - sam 1 Avr 23 à 20 h 34

    La photo est très moche.Elle donne l'impression qu'Hély a mal au bide.Une avec la Gambardella serait positive.

Les commentaires sont fermés

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