OL : comment jouer en étant taxé à 75% ?

Privé de 3 de ses 4 milieux de terrains habituels du moment, l'OL a quand même réussi à décrocher une victoire importante à Nice (1-3), la première à l'extérieur de la saison. Hubert Fournier a donc dû repenser entièrement le cœur de son équipe, amputé à 75%. On y a (presque) vu que du feu.

En seul rescapé, Corentin Tolisso a dû se faire à trois nouveaux coéquipiers samedi soir dernier (même si tous se connaissent très bien grâce à l'entraînement) : Arnold Mvuemba, Steed Malbranque et Nabil Fékir sur le papier. Tout d'abord, c'est Tolisso qui est en bas de la pointe du losange, dans le rôle normalement dévolu à Maxime Gonalons. Mvuemba et Malbranque agissent en pistons sur les côtés. Mais très vite, on se rend compte que l'OL joue plus en 4-3-3, avec Fékir qui s'invite dans le côté gauche de la ligne d'attaque.

Hormis Bédimo très haut sur le terrain (en bas de l'image), l'OL évolue en 4-3-3. Fékir joue ailier gauche, Njie à droite et Lacazette en pointe.

Comme le Brésil de Pelé

Un autre aspect du jeu lyonnais va sauter aux yeux lors de cette première période. Sur la plupart des attaques lyonnaises, on dénombre 4 joueurs (!), alignés qui plus est, avec un homme en soutien de cette ligne. Pour les puristes, cela ressemble au grand Brésil de 1970, celui de Pelé. En plus de Fékir et Njie dans l'axe du terrain, les latéraux lyonnais sont au même niveau sur les côtés et Lacazette est en soutien. Un choix tactique ambitieux de la part de Fournier, qui amène un bon nombre d'occasions dans les 20 premières minutes de la partie. A la mi-temps, même si aucun but n'a été inscrit, la domination est rhodanienne : 58% de possession (obligatoire pour contrôler dans ce système à risque), 9 tirs dont 3 cadrés (contre 3 tirs et aucun cadré côté Nice). Lyon se protège défensivement en étant tourné vers l'avant, à l'extérieur qui plus est.

Comme on peut le voir sur cette image, les Lyonnais ont souvent attaqué à 4 en première période. Les latéraux permettent d'écarter le jeu un maximum, et les deux attaquants sont en un contre un avec les centraux. Le porteur du ballon a dès lors un large choix, et il peut même y aller seul.

Le tout offensif paie

Après une erreur de Bedimo, sur l'un des deux tirs cadrés niçois du match, Lyon est mené 1-0. C'est très flatteur pour l'OGC Nice, mais les Gones ne vont pas lâcher. A partir de là, on constate que Fékir reprend son rôle initial de meneur derrière la paire Lacazette - Njie. Les trois vont combiner à merveille sur certains actions (multiples unes-deux à la 58ème, jeu en une touche à la 60ème avec l'apport des milieux). Et les milieux dans tout ça? Si dans le jeu, Mvuemba et Malbranque restent souvent en retrait pour compenser le haut positionnement des latéraux, ce sont bien eux qui sont à l'origine de l'égalisation. Mvuemba lance dans la profondeur Bedimo qui centre en retrait (et se rachète au passage) pour Malbranque.

L'OL revenu à la marque, "Alex" Lacazette se charge de faire la différence seul. Ses deux buts ont quelque chose de Sonny Anderson dans la gestuelle (ou de Karim Benzema lors de ses débuts à l'OL), dans cette manière de prendre la balle aux 30 mètres, de conduire le ballon en le touchant très souvent (le ballon devant resté collé au pied pour tout éventuel changement de direction) et de tirer soudainement. Or, si le meilleur buteur du club peut se permettre tout cela, c'est que derrière lui l'organisation est au point, notamment au milieu. Le numéro 10 peut tenter, les latéraux peuvent monter, mais les milieux compenseront toujours. C'est une des forces du losange : les hommes passent, les principes restent.