OL, jeunes, RMC, gardiens... : quand Nicolas Puydebois questionne Grégory Coupet

À l’occasion de sa venue à Lyon, Grégory Coupet a accepté de répondre aux questions de son vieux partenaire et ami Nicolas Puydebois pour le mensuel Lyon Capitale daté de novembre dernier*. 2/2

Retrouvez ici, la première partie de cet entretien.

Nicolas Puydebois : Ces dernières années, le football a changé, selon toi ?

Grégory Coupet : Le foot s’est rajeuni. J’hallucine de voir des Fekir aller en équipe de France alors qu’ils n’ont qu’une demi-saison dans les pattes. Ça va beaucoup plus vite. Ce n’est pas choquant, c’est l’évolution du football. Le plus compliqué, c’est d’assumer tout ça à 22 piges. Ils sont encore jeunes et ne connaissent pas tout du football. Ils sont toujours en phase d’apprentissage et en même temps, par leur statut, ce sont des cadres de l’équipe.

À la fin de ta carrière, tu as collaboré avec différents médias – dernièrement RMC, BFM TV – mais tu as décidé de tout arrêter. Pour quelle raison ?

J’avais besoin de changer. J’ai des fourmis dans les jambes, je veux entraîner. Puis, j’avais cette proposition du Maroc. Pour durer dans les médias, il faut avoir une personnalité, un style qui plaît... Je crois que je suis resté trop joueur.

Lyon Capitale : C’est paradoxal. On se souvient de vous en tant que joueur, vous aviez une certaine liberté de ton...

Oui, mais j’ai l’impression que ça ne va jamais pour les médias. Quand un joueur s’exprime, on dit qu’il n’aurait pas dû l’ouvrir, et quand il ne dit rien, qu’il devrait parler... Et comme je suis resté joueur, je ne comprenais pas trop leur débat (sourire). Il y a une façon de tourner les choses dans le catastrophisme qui ne me correspond pas.

C’est rare de voir un joueur sur un média très suivi dire : “Stop, j’arrête”...

En fait, je pense qu’ils m’auraient arrêté aussi. Je n’avais pas la sensation de faire le buzz. Vous savez très bien comment ça fonctionne. Dans ce domaine-là, je suis un peu lisse. Dernièrement, l’un de vos confrères m’a dit qu’on n’entendait pas trop parler de moi dans les médias, sur Internet... J’ai compris que je n’allais pas faire long feu (rire).

Vous avez rechaussé les crampons, en septembre dernier, à l’occasion d’un match caritatif orchestré par Éric Carrière. On a le sentiment qu’entre anciens Lyonnais les liens sont toujours aussi forts...

C’était magique, ce match. C’était bien organisé et très convivial. Nous ne sommes plus dans la compétition mais, une fois sur le terrain, on est tous restés compétiteurs. Tout le monde était à fond. C’est ce qui est magnifique quand tu gagnes, il se passe un truc. On a vécu des choses très fortes. À Lyon, il y a une culture de la gagne. Quand tu joues, tu es d’accord de dire que le foot est le sport collectif le plus individualiste mais, une fois que tu arrêtes, tu te rends compte que ce collectif te manque. C’est contradictoire, mais c’est réel. Rien que de se retrouver dans un vestiaire... Je ne peux pas dire que ça me manque spécialement, mais d’y retourner ça me ferait plaisir. J’aimais être attentif aux autres, savoir et aider un mec qui n’allait pas bien. C’est ce qui a fait que j’ai pris la décision de partir de Lyon. Je commençais à moins ressentir le groupe. J’étais moins capable de dire si on allait gagner ou galérer. D’ailleurs, quand je suis parti, il ne restait plus beaucoup de cadres. Et c’est là que tu réalises que toi tout seul, tu ne fais rien. Il faut avoir un noyau dur. Par exemple, la blessure de Clément Grenier pénalise son ami Maxime Gonalons. À deux, ils sont bien plus forts.

Lorsqu’on est gardien numéro un, comme vous l’avez été, on se met à la place du numéro deux ?

Déjà, il faut que les choses soient claires. Il faut avoir une discussion. Avec Nico [Puydebois], on était potes, on s’appréciait, on avait la même façon de travailler. Comme je lui disais, à l’époque, le respect que je pouvais lui imposer, c’était de tout faire pour qu’il ne joue pas. C’est cruel, mais c’est le jeu. Il suffit d’être honnête. Le mec qui te dit qu’il est heureux d’être numéro deux, je n’y crois pas une seconde. Et, si c’est le cas, ça serait choquant.

N. Puydebois : J’étais là pour emmerder Greg et lui, par son attitude aux entraînements et aux matchs, il me faisait comprendre que c’était normal qu’il soit le numéro un car il était le plus fort. Quand c’est clair et qu’humainement on s’apprécie, le travail se fait plus facilement...

C’était super. Être gardien, c’est une équipe dans l’équipe. Surtout avec Jo Bats [l’entraîneur des gardiens], un véritable mentor. La force de Jo, c’est sa sensibilité. Il donne tout et te force à tout donner. C’est pour ça que je sais que le rôle d’entraîneur, ce n’est pas toujours facile. Car un entraîneur se doit d’être entraînant.

Lyon Capitale : Les gens à Lyon ne vous ont pas oublié...

C’est agréable, cette sympathie des Lyonnais vis-à-vis de moi. Ça me fait plaisir, mais ça me fait un peu de peine car pour moi un mec comme Hugo Lloris [son successeur au poste de gardien de l’OL] aurait mérité de gagner quelque chose avec Lyon. En tout cas, c’est tout le mal que je souhaite à Antho Lopes. C’est vrai qu’on a marqué l’histoire du club avec tous ces titres glanés. Le premier [en mai 2002], c’était quelque chose, le début d’une belle histoire. Je pense aussi qu’on faisait partie des joueurs conviviaux, on échangeait avec les supporters. On a laissé une trace humaine.

Retrouvez la première partie de cet entretien. 

* Cet entretien a été réalisé pour le mensuel Lyon Capitale dans le cadre de l’émission « Tant qu’il y aura des Gones », talk-show 100 % OL diffusé sur le site Olympique-et-lyonnais.com et sur la chaîne TLM.

1 commentaire
  1. Lyonnais_de_la_manche
    Lyonnais_de_la_manche - ven 4 Déc 15 à 15 h 42

    "la blessure de Clément Grenier pénalise son ami Maxime Gonalons. À deux, ils sont bien plus forts."
    C'est intéressant ça, même si ça n'explique pas forcément le mauvais rendement de Gonalons, mais comme Nicolas Puydebois disait lors de l'émission avec Maxime justement, il peine à se concentrer sur sa performance car il essaye de gérer l'équipe en même temps. A voir si le retour de Grenier va ramener cette équilibre.

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