ASSE - OL : pour Patrick Paillot, "le derby est un truc de supporteurs"

Valeureux défenseur à la longue chevelure de l’Olympique lyonnais entre 1976 et 1980 (112 matchs disputés), le Lyonnais de naissance a ensuite retrouvé son club de cœur en encadrant pendant 17 saisons diverses équipes de jeunes au sein de club, de 1995 jusqu’à son départ en 2012. Aujourd’hui, chargé de missions pour le club de DOMTAC (La Tour de Salvagny), il a également écrit un ouvrage à succès destiné aux entraineurs intitulé Le formateur et l’entraîneur de football dans un club amateur. Pour olympique-et-lyonnais.com, le père de Sandy Paillot revient sur le match phare de ce dimanche, le derby entre l’AS Saint-Etienne et l’Olympique lyonnais.

Olympique-et-lyonnais.com : Patrick, l’Olympique lyonnais se déplace ce dimanche sur la pelouse de Geoffroy Guichard pour y affronter l’AS Saint-Etienne. A quel type de matchs faut-il s’attendre selon vous ?

Patrick Paillot : Les deux équipes sont clairement dans une dynamique différente donc l’OL aborde ce match avec beaucoup de confiance, au contraire de nos voisins stéphanois. Maintenant, un derby reste un match à part entière. J’en ai fait quelques-uns et je peux vous dire que c’est une rencontre qui ne ressemble à aucune autre. Malgré l’écart de places au classement, je m’attends à un match serré. Saint-Etienne ne va pas se laisser manger si facilement surtout dans un contexte où ils sont très attendus par leurs supporteurs. Mais s’ils ne se surpassent pas, Lyon gagnera. La logique voudrait que l’OL s’impose.

 Qu’est ce que le derby représente pour vous ?

C’est la suprématie régionale qui se joue ! Mais de mon point de vue, le derby est avant tout un truc de supporteurs. Ils ne peuvent pas se voir ! Alors qu’entre joueurs des deux camps, on prenait plaisir à se retrouver. Ce qui est encore le cas aujourd’hui. De plus, à l’heure actuelle, il y a de moins en moins de joueurs formés dans les deux clubs, donc la dimension du derby perd un peu de son sens. Mais faire plaisir aux supporteurs est un devoir pour n’importe quel joueur ! Le derby est un symbole. Quand le calendrier de la nouvelle saison est divulgué, les premières dates que l’on regarde sont celles des derbys. C’est comme ça et ça ne changera jamais je pense.


"Le football est moins un combat qu’avant"


Quelles sont les différences entre les derbys disputés à votre époque à la fin des années 1970 et ceux disputés maintenant, 40 ans plus tard ?

La différence majeure se situe au niveau du rapport de force. Il est aujourd’hui totalement inversé par rapport à l’époque où je jouais. Nous étions en plein cœur de la période la plus faste du club stéphanois alors que nous, nous n’étions qu’un club de milieu de tableau. Aujourd’hui, il y a toujours un monde d’écart entre les deux clubs mais à l’avantage de l’OL. Puis la dimension physique a vraiment changé mais parce que le football a évolué. Aujourd’hui, la moindre petite chatouille sur l’adversaire est sanctionnée. Je vois des cartons rouges distribués alors qu’à mon époque, c’est à peine si l’arbitre aurait sifflé.

Je n’exagère même pas. Je me rappelle de quelques derbys où certains joueurs avaient terminé la jambe sous le bras. Si tel est le cas aujourd’hui, nous aurions droitune polémique d’un mois. Je ne suis pas en train de dire que c’était mieux avant, je dis juste que c’est différent. Aujourd’hui, un match de football est moins un combat que jadis.

C’est aussi l’évolution des technologies qui veut ça, non ?

Oui c’est une évidence. Aujourd’hui, le football est vraiment très tactique. Les staffs techniques analysent les moindres faits et gestes de chaque joueur qu'ils appartient à leur équipe ou qu'ils soient adversaires. A mon époque, nous étions sur les prémices de cela donc ça n’avait absolument pas la même dimension. Je me souviens qu’on analysait nos matchs avec Aimé Jacquet sur un écran de 40 cm. Puis avant, nous étions uniquement sur du marquage individuel. Rien n’était calculé. On peut dire que c’est totalement l’inverse à l’heure actuelle.


"Même chez les jeunes, un joueur de l’OL se refuse d’avoir du vert sur lui"


Vous jouiez dans une période où l’AS Saint-Etienne était largement supérieure à l’OL, comment abordiez-vous ces derbys ?

On savait que ce serait très compliqué. On faisait comme on pouvait. D’ailleurs, je n’ai pas le souvenir d’en avoir gagné beaucoup en tant que joueur. Heureusement, je me suis rattrapé plus tard avec mes équipes de jeunes (rires). Mais on n’abordait jamais ce type de matches en position de victime. On axait notre stratégie sur la dimension physique car on savait que l’on pouvait rivaliser au niveau de l’envie. On ne va pas se mentir, on cherchait à leur faire peur quand même (rires). Aujourd’hui, ce ne serait plus possible avec tout ce que j’ai évoqué au préalable.

Vous qui avez longtemps occupé un poste de formateur en équipe de jeunes à l’Olympique lyonnais, comment prépariez-vous vos jeunes à disputer un derby ?

La rivalité est présente dès le plus jeune âge. Quand on joue contre Saint-Etienne, que l’on soit âgé de 8 ans, 12 ans, 16 ans ou 20 ans, on sait que l’on doit gagner. C’est aussi simple que cela. Après, ce qui est amusant, c’est tout le folklore qui règne autour de cet événement. Même chez les jeunes, un joueur de l’OL se refuse d’avoir du vert sur lui. Mais c’est important que cette rivalité reste uniquement sportive.

Vous aviez quitté l’OL en 2012 après 17 ans de bons et loyaux services à la formation. Avec quel regard allez-vous regarder le match de ce dimanche soir ?

Je vais le regarder avec passion. Puis je vais suivre avec attention les deux anciens joueurs qui me restent à savoir Thimothée Kolodziejczak coté Saint-Etienne et Anthony Lopes du côté de l’OL. J’espère assister à un match engagé et disputé mais que la logique sera respectée.

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