OL : Memphis, la tête à l’endroit

En marquant un triplé dimanche après-midi à Troyes (5-0), Memphis a signé son meilleur match de la saison. Critiqué ces dernières semaines, le Néerlandais a su se remettre en question.

Le torse bombé, le ballon du match sous le bras, Memphis pouvait tranquillement rentrer à Lyon, dimanche soir. Plus tôt, dans l’après-midi. Le Néerlandais a signé un triplé, contribuant largement à la victoire de son équipe à Troyes (5-0). Déjà intéressant contre Everton jeudi (2-1), l’ailier retrouve au fil des matches un niveau qui lui confère ce statut de joueur extrêmement talentueux. Critiqué ces dernières semaines, l’attaquant n’avait certainement pas perdu son talent mais a dû travailler pour regagner la confiance de son entraîneur, qui l’avait écarté contre Dijon fin septembre (3-3). Bruno Genesio l'a piqué au vif, l’ancien joueur de Manchester United a réagi de la meilleure manière possible.

Toujours décisif

Dans les différentes tempêtes qu’il a traversées à l’OL, Memphis a au moins toujours eu ce mérité : se montrer décisif. Depuis son arrivée dans la capitale des Gaules, le Néerlandais l’a été à 20 reprises en 26 matches de Ligue 1 (10 buts, 10 passes décisives). Un ratio plus qu’honorable, pour un joueur qui pourrait encore faire mieux s’il privilégiait plus souvent la solution collective à celle individuelle. Depuis quelques temps, pourtant, l’ailier n’arrivait plus à cacher ses carences dans le jeu par de bonnes statistiques. A Troyes, il a inversé la tendance. Il a marqué plus de buts dans cette rencontre (trois), que lors de ses 15 précédents matches de Championnat (deux). Et s’est donc offert le premier triplé de sa carrière. « J'aurais même pu en marquer quatre, souriait-il sur beIN Sport, à l’issue de la rencontre. C'est mon premier triplé depuis mon arrivée à Lyon, donc je suis très heureux. » Grâce à deux belles frappes enroulées et une panenka sur un penalty qui avait lui-même obtenu, le numéro 11 rhodanien signe son retour en forme. « C’est important pour lui car il a été pas mal montré du doigt et il répond de la plus belle des manières. C’est un grand joueur. Même les grandes stars font les frais des critiques. Il faut s’adapter et répondre sur le terrain », glissait Anthony Lopes, dans les couloirs du Stade de l’Aube. Grâce à ce coup du chapeau, l’attaquant va peut-être enfin lancer sa saison. « C'est un match qui va compter pour lui. C'est important pour un attaquant de marquer des buts et inscrire un hat-trick, ça n'arrive pas tous les jours dans une carrière, a souligné Bruno Genesio. Ça montre que tout le monde se remet en question et qu'il y a un vrai esprit de compétition dans ce groupe. » Pour Memphis, il a fallu du caractère.

Enfin impliqué

Enfin, Memphis a semblé concerné par le projet collectif, dimanche à Troyes. Contre Everton, il avait déjà montré de belles promesses, en ce sens. S’il n’a pas encore tout bien fait dans l’Aube, le Néerlandais s’est impliqué à tous les étages. Brillant offensivement (trois dernières passes avant un tir, record du match) et volontaire lorsqu’il fallait défendre, l’ailier a affiché des nouvelles dispositions. « J'avais déjà dit qu'il était capable de fulgurances mais ce soir il a aussi été structuré dans le projet de l'équipe. C'est un match très accompli et il a été récompensé. Ça montre que l'un n'empêche pas l'autre », s’est satisfait Bruno Genesio. S’il perd trop de ballons depuis le début de la saison en Ligue 1 (125 soit 13 par match), l’attaquant fait preuve de bonne volonté. Bien qu’il ne soit pas souvent parvenu à mettre ses coéquipiers dans les meilleures dispositions (26 centres, seulement 5 réussis), l’ancien Mancunien arrive à contrarier ses adversaires (32 ballons gagnés, troisième meilleur total pour un attaquant lyonnais). Juste (80,3% de passes réussies) et précis face au but (10 tirs cadrés pour cinq buts en L1), le droitier doit encore gagner en robustesse (seulement 36,8% de duels gagnés) et en qualité technique (29,4% de dribbles réussis). Mais le numéro 11 rhodanien est en progrès. Les critiques auxquelles il a fait face n'ont pas entamé son moral. « Non, je ne fais pas attention aux critiques, a-t-il lancé sur beIN Sport après son triplé à Troyes. On attend beaucoup de moi depuis que je suis arrivé. Je préfère rester concentré sur mon travail. Beaucoup de gens au club me soutiennent. Ce triplé, c’est aussi pour eux. »

Pas de polémique

Il se passe souvent quelque chose avec Memphis, lorsque l’OL joue à l’extérieur cette saison. D’abord, parce qu’il a marqué l’intégralité de ses buts loin du Groupama Stadium, mais surtout parce qu’il se fait remarquer pour autre chose que ses qualités de footballeur. A Angers, il avait agacé après son but. Pour le célébrer, le Néerlandais s’était bouché les oreilles, comme pour montrer que les critiques ne l’atteignaient pas. Dimanche à Troyes, l’ailier a soulevé quelques interrogations. Après avoir déjà inscrit un doublé, aurait-il dû tirer ce penalty ? « Sur ce match, c'est Memphis qui était tireur numéro un et Mariano numéro deux donc il a eu raison de se saisir du ballon. Ce n'est pas une affaire d'Etat mais... », a soufflé Bruno Genesio après la rencontre. Face à Dijon, Mariano Diaz était venu demander le ballon à Nabil Fekir, pour tirer un penalty obtenu par Ferland Mendy. Le capitaine lyonnais lui avait donné et l’Espagnol s’était chargé de transformer la sentence. Dans l’Aube, l’avant-centre a bien négocié, mais rien n’y a fait, le numéro 11 rhodanien n’a pas voulu lâcher son ballon. Un conciliabule qui rappelle l’histoire du penaltygate qui a opposé Cavani à Neymar. « C'est le regret que j'ai sur ce match, a indiqué Bruno Genesio. Il faut avant tout penser à l'équipe et au collectif. Ce n'est pas très grave mais ça ne doit pas se reproduire. » Au bout du temps additionnel, Mariano a pu libérer sa frustration en inscrivant son huitième but de la saison. Depay, s’est empressé de le féliciter. Fin de la brouille. Dans la tête comme dans les jambes, Memphis est sur la bonne route.