OL : les touchantes confessions de Sinaly Diomandé

Assurément l'une des révélations de la saison à l'OL, Sinaly Diomandé a livré une interview à L'Équipe, ce vendredi, dans laquelle il évoque son parcours difficile avant son arrivée à Lyon et sa découverte du monde professionnel. Extraits.

Débarqué à Lyon sur la pointe des pieds à l'été 2019, auteur de son premier match en pro avec l'OL au mois de septembre, devenu international ivoirien quelques semaines plus tard, puis régulièrement titularisé par Rudi Garcia, Sinaly Diomandé (lire le portrait réalisé par O&L) a su se faire une place au sein du vestiaire lyonnais, jusqu'à faire office de révélation de la saison côté lyonnais.

Sorti de nulle part, le jeune défenseur central de 19 ans récolte aujourd'hui les fruits d'un long travail, entamé dès son plus jeune âge et qui l'a vu franchir plusieurs obstacles avant de pouvoir réaliser son rêve : devenir footballeur professionnel. Un objectif qui semblait bien loin d'être acquis pour le natif d'Abidjan, comme le révèle l'intéressé dans une interview accordée à L'Équipe et publiée ce vendredi.

Les réticences du paternel

Issu d'une famille nombreuse - son père, marié à trois femmes, a eu 15 enfants - regroupée dans une seule et même cour au sein d'un quartier populaire, Sinaly Diomandé explique qu'il a longtemps dû faire face au refus de son père de le voir consacrer sa vie au football : « J'ai décidé d'arrêter l'école en CM1 pour faire du foot, ça a fâché mon père. Il ne me donnait plus rien, notamment pour manger [...] C'était un peu dur... Je regardais un match de foot, il éteignait la télé. Dans le couloir, quand on se croisait, on se regardait mal... Mon frère a dit un jour : “Il vaut mieux partir” ».

Parfois privé de nourriture, sevré d'équipements, le jeune joueur s'accroche et se sacrifie pour réussir dans le football. « Quand je n'avais pas de chaussures, je partais aider un maçon pour avoir de l'argent et m'en acheter. » Jusqu'au jour où l'un de ses frères l'emmène au Mali pour passer une détection à l'Académie Jean-Marc Guillou. L'essai se passe à merveille, Diomandé tape dans l’œil des organisateurs et intègre le centre JMG basé en Côté d'Ivoire. À l'occasion d'un tournoi organisé en France, l'OL le repère et l'aventure commence.

Ascension (trop) fulgurante

À l'aube de la saison 2019-2020, Diomandé arrive donc entre Rhône et Saône. L'apprentissage se fait doucement mais sûrement au sein de l'académie olympienne, jusqu'au jour où le défenseur attire le regard de Rudi Garcia, qui le fait s'entraîner avec les professionnels et le retient, à la surprise générale, dans le groupe pour affronter la Juventus, à Turin, en 1/8 de finale retour de la Ligue des Champions (2-1, qualification de l'OL) : « C'est inoubliable. Je voyais Ronaldo de près mais surtout Bonucci (son surnom à l'Académie JMG). »

Les premiers pas en pros suivent, ainsi que l'appel de la sélection nationale. Tout va très vite, un peu trop même... Diomandé arrive à Lyon avec les chaussures qu'il avait en Côté d'Ivoire. Mais à force de jouer, celles-ci se retrouvent usées. Faute de sponsor et sans le soutien de ses agents, le jeune homme se tourne vers ses dirigeants : « J'en ai parlé à Florian Maurice (ancien recruteur de l'OL) et Joachim (Andersen) m'en a donné. Mais lui chausse du 45 et moi du 44. J'a joué avec pendant 3 ou 4 mois. Ensuite, comme j'étais dans le groupe, mes agents s'en sont occupé. » Une situation ubuesque qui pousse même Rudi Garcia à inciter ses joueurs à fournir Diomandé en crampons.

Désormais équipé de ses propres chaussures, ce dernier a su poser son empreinte au sein du groupe lyonnais. Titularisé à huit reprises cette saison - et sûrement neuf après le déplacement de l'OL à Brest ce vendredi soir (J26, 21h00) - Sinaly Diomandé ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Son objectif, « rendre tout le monde heureux ». Et pour ne pas le perdre de vue, le défenseur central garde la tête haute : « Je sais que je viens de très loin... »