Le président Jean Aulas / ©PHOTOPQR/LE PROGRES/Stephane Guiochon –

OL – Finances : Aulas veut moins dépendre du sportif, mais...

Au lendemain de la communication du rapport financier semestriel d’OL Groupe, Jean-Michel Aulas tenait ce matin une conférence de presse. Plusieurs éclaircissements sont à noter, bien que certains points demeurent discutables. Avec, en prime, l’avis de Pascal Perri, économiste intervenant régulièrement sur les ondes de RMC.

Les chiffres du premier semestre de l’activité du holding de l’OL montrent que Lyon reste tributaire des revenus de la Ligue des Champions et que le Parc OL, qui génère des recettes importantes, coûte cher à exploiter. « On a 365 emplois à temps plein, c’est une nouvelle entreprise », tranche Jean-Michel Aulas avant d’ajouter : « On a plutôt embauché plus qu’il ne fallait pour avoir la meilleure qualité. » Des charges d’exploitation justifiées selon Pascal Perri, économiste fin connaisseur du milieu du sport que nous avons joint par téléphone : « Ce ne sont pas des charges excessives au regard de programmes d’une telle envergure, d’autant plus qu’il s’agit d’une infrastructure d’accueil parmi les plus efficaces d’Europe ; il faut donc soigner « l’expérience client » : gestion des abords du stade, parkings, collaborateurs omniprésents… » « On a une marge de manœuvre », pour maîtriser ces coûts d’exploitation, a précisé JMA. Pascal Perri abonde : « Il faut du temps pour s’approprier ces grandes arénas. »

Un marketing à réinventer

Au sein du Parc OL, le marketing est encore en phase de test, pour ne pas dire de balbutiement. Si le e-commerce est en forte hausse, les recettes sur la marque OL restent mesurées. « Les boutiques progressent quand même », affirme Jean-Michel Aulas, tout en reconnaissant que « l’activité télé et voyage est en recul. » Selon nos informations, l’activité des boutiques est en hausse de 9%, mais une véritable réflexion est menée en interne afin de relancer leur activité. « Il faut qu’on réfléchisse à la boutique, qu’on éduque et sensibilise à l’application mobile, on va travailler pour les années qui viennent », a ainsi commenté le président lyonnais, visiblement conscient des failles stratégiques de son déploiement commercial. Des failles détectables au premier coup d’œil. Des exemples simples : il est aujourd’hui impossible d’acheter en direct sur l’application, , les VIP ne passent pas par la boutique du Parc OL « déjà tout le temps pleine », selon les propres mots de Jean-Michel Aulas. De même, l’expérience client est encore à améliorer, tandis que certains reprochent au stade et à l’équipe sa froideur quand l’humain doit être au cœur des préoccupations. « On n’est pas encore dans la culture américaine », analyse Pascal Perri tout en louant la démarche olympienne : « L’OL est le premier à entrer dans cette logique de services à partir d’une feuille blanche, c’est un véritable pari. »

Le naming officialisé avant le 30 juin, la Chine au centre des attentions

Le président de l’OL a confirmé hier matin que le naming devrait être officialisé d’ici le 30 juin 2017. « Nous sommes en phase de négociation finale avec trois groupes français et un certain nombre de groupes chinois », concède le boss lyonnais. Si rien n’a encore filtré sur le montant aujourd’hui espéré par les dirigeants (certainement aux alentours de 6 millions d’euros, au mieux), cette enveloppe permettra une nouvelle entrée d’argent de nature à minorer la perte de revenus potentielle d’une non-qualification en Ligue des Champions l’an prochain, sans pour autant remplacer les montants faramineux de droits TV sur la scène européenne (38,2 millions d’euros sur le premier semestre). Si le namer pourrait être chinois, les nouveaux investisseurs asiatiques ont d’ores et déjà mis la main au chéquier pour entrer dans le capital de l’OL. Cette entrée au capital permettra à l’OL de renégocier ses échéances bancaires. JMA a tenu à préciser que « le refinancement sera de l’ordre de 280 millions d’euros », proviendra de « partenaires financiers, au sens bancaires, sans arrivée de nouveaux actionnaires » et que cela permettra une « diminution des frais financiers de 10 millions d’euros par an. »

Lyon vend sa technique de formation

« Notre modèle est novateur : il marche sans obligation d’être champion ou en Ligue des Champions », assure le président de l’OL. C’est sûrement plus complexe que ce qui est publiquement affiché. En effet, la rentabilité d’un club sportif dépend forcément de ses résultats, et des recettes économiques qui y sont attachées. C’est mathématique. Si l’Olympique Lyonnais ne décroche pas son ticket pour la Ligue des Champions, le portefeuille des Gones est amputé de 35 millions d’euros, ce à quoi il faut ajouter une perte potentielle côté billetterie sans cette compétition très attractive pour le grand public et les VIP. De même, les partenaires et clients potentiels sont plus à même d’associer leur image à une équipe qui gagne et qui rayonne. Dès lors, compte tenu de l’équilibre économique de son modèle, la vente de joueurs serait nécessaires pour rééquilibrer les comptes. La diversification des sources de revenus (organisation d’événements, naming, …) et la recherche d’une augmentation des recettes (nouveaux produits, hausse des prix, …) peuvent permettre d’atténuer ce lien mécanique entre résultats sportifs et résultat économique. Mais en aucun cas de l’effacer. L’objectif est donc de réduire l’aléa, et l’OL s’y attèle. Pascal Perri considère que « pour apporter un peu de certitude dans l’environnement sportif incertain, l’OL compte sur l’actif immatériel. » Comprendre : la technique de formation. Reconnue comme l’un des meilleurs centres de formation d’Europe, l’Académie lyonnaise représente une forte valeur ajoutée. « Il s’agit d’exporter le savoir-faire, et pas seulement en vendant des joueurs formés au club, mais également en vendant une ingénierie de formation. » La création d’une joint-venture* avec les nouveaux investisseurs chinois illustrent cette stratégie puisque l’OL apportera ses connaissances en matière de formation. Avec très certainement en ligne de mire de nouveaux horizons afin de diversifier et d’accentuer ses sources de revenus.

*Schématiquement, il s’agit d’une société conjointe créée par deux partenaires souhaitant s’associer afin d’exploiter un savoir-faire et/ou de se développer dans un nouveau marché.

Avec Florent Deligia.

6 commentaires
  1. Avatar
    Sony07 - mer 22 Fév 17 à 19 h 34

    On sent bien que jean Mimi veut se dédouaner du sportif, puisqu'il fait confiance à BG, et c'est bien qu'il veuille trouver un équilibre financier pas uniquement basé sur le sportif, c'est de la diversification, mais où j'ai un peu de crainte c'est comme c'est dit dans cet article, qu'il fasse passer le sportif en second, et là je pense qu'il fait une grosse erreur, car la marque l'OL n'a de sens que si les résultats sportifs sont au rendez vous, sans parler de gagner la LDC, il vaudrait mieux la jouer chaque saison, il en va de la notoriété du club. C'est pas en finissant chaque année 5ème ou plus que le club sera en position de force vis à vis des sponsors ...

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    Tempo - mer 22 Fév 17 à 20 h 18

    Bonjour,
    Aujourd'hui nous avons reçu beaucoup de chiffres.
    Ces chiffres confirment ce que nous pensions, à savoir, ce qui rapporte à un club de football en 2017 en France c'est :
    - la vente de joueurs,
    - une participation en LDC
    - les droits télé.
    Après le reste, même si les sommes restent importantes, c'est presque anecdotique. J'exagère un peu mais une vente d'un seul joueur peut rapporter deux fois la billetterie d'une seule saison!
    Ci-dessus vous parlez d'un namming de 6 M€. Waouh, ça ne couvre même pas le salaire des plus hauts revenus du club avec les charges. Lacazette peut rapporter entre 5 fois et 10 fois ce namming.
    Après pour les concerts et autres ici également l'on a l'impression que J.M. Aulas travaille seul. Quel dommage de ne pas avoir des aides, peut-être GL Events. C'est un métier et Olivier Ginon et ses équipes ont un savoir faire... et ils sont sur Lyon.
    Alors qu'au stade de France cet été il va y avoir plusieurs concerts de U2, de Coldplay, de Dépêche Mode, des Insus, de Guns N'Roses, Aida,... notre Jean Michel Aulas semble sur un nuage parce que Céline Dion vient un jour... comme dans toutes les grandes villes de France. Certes il y a une fois Coldplay mais franchement cette année il y avait certainement moyen de faire bien mieux. Certains diront que nous ne sommes pas à Paris mais le Stade de France tourne depuis de nombreuses années avec 26 événements en moyenne dans l'année soit un toutes les deux semaines sans avoir de club résident.
    Bravo bien sûr tout de même pour le magnifique stade de Lyon même s'il coûte un bras question entretien.
    Heureusement il y a des emplois et c'est excellent.

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    lichalopez - jeu 23 Fév 17 à 8 h 05

    10 ans de transition pour construire, 10 ans de transition pour rembourser...

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    BenzBK - jeu 23 Fév 17 à 10 h 01

    Ce que je retiens avec tous ses bilans sortis aujourd'hui, c'est que malgré tout, on a une marge de progression interessante.
    On a tout a disposition pour réussir, il faut faire les bons choix sportivement et professionnellement. Aulas gère très bien la deuxième partie, à lui de déléguer aux bonnes personnes le sportif.

  5. OLVictory
    OLVictory - jeu 23 Fév 17 à 10 h 16

    C'est vrai que tous les ingrédients du succès sont réunis autour du Parc OL.
    Maintenant il faut travailler sur nos faiblesses, arrêter de gaspiller des fortunes en recrues bidons et commencer à investir intelligemment sur les strutures sportives comme on l'a fait sur les infrastructures.

    1. Avatar
      philr69 - jeu 23 Fév 17 à 15 h 42

      et investir notamment sur une vrai cellule de recrutement avec des scouts disséminés avec un projet précis et défini.

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