Avram Glazer, co-propriétaire de Manchester United avec Sir Alex Ferguson, l'ancien chef exécutif David Gill et Erik ten Hag, le coach
Avram Glazer, co-propriétaire de Manchester United avec Sir Alex Ferguson, l’ancien chef exécutif David Gill et Erik ten Hag, le coach (Photo by Adrian DENNIS / AFP) / NOT FOR MARKETING OR ADVERTISING USE / RESTRICTED TO EDITORIAL USE

Avant l’OL, Manchester United a montré la voie aux Américains

Mercredi, l’OL affronte Manchester United à Edimbourg pour un match amical. Le club anglais a initié l’arrivée d’investisseurs américains dans le football européen au milieu des années 2000. Presque vingt ans après, la famille Glazer ne fait toujours pas l’unanimité, au moment de passer le flambeau.

Dans cette préparation estivale, l’OL a décidé de se tourner vers les clubs dits amis désormais. Avec le RWD Molenbeek (23 juillet) et Crystal Palace (5 août), la famille Eagle Football a presque été au grand complet pour les rendez-vous de l’été lyonnais. Mercredi à Murrayfield, l’heure ne sera pas à la fraternité pour les joueurs de Laurent Blanc. Pourtant, il y aura bien un point commun entre l’OL et Manchester United, deuxième étape de la préparation lyonnaise. Tous deux partagent à présent un propriétaire américain à sa tête.

Pour le club rhodanien, c’est tout récent, mais à Manchester, cela fait bientôt 20 ans que cela dure, même si cela devrait bientôt prendre fin. "Vingt ans de trop", comme le dirait Matthew, supporter mancunien depuis les années 90. À l’heure où les investisseurs américains sont de plus en plus nombreux sur le Vieux Continent, le club anglais a été un précurseur, comme souvent à l'image de son introduction en Bourse.

18 ans de contestation populaire

De 2003 à 2005, Malcolm Glazer a petit à petit racheté les parts de Manchester United avant d’en devenir définitivement l’actionnaire majoritaire en 2005. Un rachat pour un peu moins d’un milliard d’euros qui devait insuffler une nouvelle dynamique. Les Red Devils ont loin d’avoir fait tâche depuis 18 ans avec cinq titres de champions d’Angleterre ou encore une Ligue des champions en 2008, mais avant une Coupe la saison dernière, le club n'avait rien gagné depuis 2017 et relégué dans la hiérarchie des cadors anglais.

C’est donc loin d’être l’amour fou entre cette famille américaine, propriétaire la franchise NFL des Buccanneers, et l’environnement mancunien. Malgré les milliards d’euros dépensés sur le marché des transferts, la cohabitation est loin d’être un long fleuve tranquille. "Dehors, les Glazer ! Vous pouvez acheter notre club, mais vous ne pourrez pas acheter notre cœur et notre âme", avait écrit les supporters de Manchester United en mai 2021 après le projet avorté de la Super Ligue à laquelle étaient favorables les propriétaires.

Un supporter de Manchester United devant une affiche anti-Glazer à Old Trafford. (Photo by ANTHONY DEVLIN / AFP)

Quand l’OL a attendu 2022 pour passer sous pavillon américain et s’internationaliser, si l’on peut dire, Manchester United a vite compris l’impact d’une présence en Asie, en Amérique, aux quatre coins du monde. La famille Glazer s’est fait un malin plaisir à en profiter et en abuser, voyant avant tout le profit marketing du produit "Manchester United". "Vous ne pouvez pas savoir comme ils sont fiers d'être les propriétaires de ManU, nous confie le journaliste anglais Neil Jones. Ils possèdent l'une des plus grandes marques mondiales de sport, ce qui leur vaut un nombre incroyable de félicitations."

Impardonnable pour les fans des Red Devils, car aux antipodes de l’identité du club, bâti par des cheminots. À l’heure où le rachat du club est plus que jamais dans les tuyaux, c’est une somme avoisinant les six milliards d’euros qui est discutée, loin des 800 millions d’euros de rachat de l’OL.

Des propriétaires peu investis dans le quotidien

Les deux clubs ne boxent pas dans la même cour et ce n'est pas nouveau même si les Lyonnais ont tenu la dragée haute aux Mancuniens pendant l’âge d’or rhodanien. La stratégie d’achat a été différente avec un consortium de clubs pour l’OL contre un achat sec pour les Red Devils mais l’ambition est la même. Le sportif a beau être au centre du projet, c’est avant tout la marque qui doit être fructifiée.

C’est le cas pour John Textor comme c’est le cas pour Red Birds à l’AC Milan ou BlueCo à Chelsea. Les héritiers de Malcolm Glazer, au nombre de six, n’ont finalement que peu d’intérêts pour le football en lui-même. Manchester United est avant tout un trophée dans une vitrine, plus qu'autre chose. Chacun y a vu son profit, pouvant lui rapporter quelques pécules bien sentis en fin d’année.

Une dette qui se creuse et un prix de revente qui s'envole

Quand Textor va très certainement chercher à faire une plus-value, l’argent a presque été dépensé sans compter dans le nord de l’Angleterre, comme un simple jouet pour des enfants gâtés. Sans la contestation des supporters, parler de rachat ne serait sûrement pas d'actualité. À Manchester United, la dette du club a explosé à cause des combines ici et là des propriétaires.

La goutte de trop pour les supporters mancuniens et un exemple qui explique aujourd’hui en partie la réticence au moment de parler de l’arrivée d’Américains dans le capital d’un club. L’OL en a fait l'expérience même si les choses se sont depuis tassées avec les supporters. Seulement, Manchester United est la preuve qu'une fronde populaire peut vite arriver quand l'identité locale est bafouée.

5 commentaires
  1. Avatar
    OLien - mar 18 Juil 23 à 7 h 35

    Avant l’OL, Manchester United a montré la voie aux Américains
    ...
    Presque vingt ans après, la famille Glazer ne fait toujours pas l’unanimité, au moment de passer le flambeau.

    Merci, nous savons à quoi nous attendre maintenant !
    Non, je plaisante, notre ancien président ne faisait pas non plus l'unanimité, particulièrement ces dernières années. Cela remontait même à plus de 10 ans avant son licenciement.

    Comme il ressort de l'article, les proprio de Manchester et l'OL n'ont en commun que la nationalité. Aussi d'être riches, mais Textor n'est pas dans la même catégorie puisque Malcolm Glazer possédait 4 milliards de dollars.
    Même si Textor m'inquiète de plus en plus - je l'excuse encore avec le problème de la DNCF -, je pense qu'il est plus rationnel que les proprio ricains. Puis si l'OL pouvait continuer à ne pas trop avoir de dette, je trouverai cela plus confortable. Déjà qu'il y a le stade et le prêt de l'Etat à rembourser...

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      Arioul - mar 18 Juil 23 à 10 h 31

      D'ailleurs, est-ce que quelqu'un sait où on en est au niveau des remboursements du stade et du PGE ?
      On avait parlé d'un remboursement du stade en 7 ans. On y est presque là non ?

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        Objectif maintien - mar 18 Juil 23 à 10 h 53

        Arioul, voici un article très détaillé https://olympiquelyonnais2016.wordpress.com/2016/06/24/leconomie-de-lol-44-le-parc-ol-paye-en-4-ans bien que trop optimiste, ne sachant pas ce qui allait se passe 4 ans après.
        Lui https://www.football365.fr/lol-dans-la-cour-des-grands-ce-nest-pas-pour-tout-de-suite-2409273.html parlait de 15 ans.
        Sauf qu'avec le covid, Mediapro, l'OL n'a pas eu les rentrées d'argent escomptées, et pire, a dû faire d'autres prêts (notamment le PGE), ce qui a très probablement reporté la fin du remboursement du stade.

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        Arioul - mar 18 Juil 23 à 12 h 12

        Merci pour l'article. On se rend compte aujourd'hui avec du recul que les prévisions économiques de 2016 étaient fausses ou en tout cas bien trop optimistes.
        Je retiens une phrase de ces articles : « Le club a la capacité de supporter les remboursements et il l’aura d’autant plus qu’il sera qualifié pour la phase de groupes de la Ligue des Champions. Ce sera tendu à chaque fois qu’il la loupera. L’OL est sur un fil d’équilibriste. Une série de non-participations mettrait clairement en péril le projet. » Bref, tout est dit.

  2. Darn
    Darn - mar 18 Juil 23 à 10 h 51

    Merci pour l'article.

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