Ajax - OL : comme un air de déjà vu

L’OL devra donc se défaire de l’Ajax Amsterdam pour rejoindre la première finale de Coupe d’Europe de son histoire. Deux clubs qui ont un passif en commun, le plus récent est d’ailleurs assez douloureux pour les Ajacides.

L’histoire lyonnaise en Coupe d’Europe est riche. Les victoires face au Real à Gerland, l’élimination aux tirs au but à Eindhoven, le dernier carré en 2009-2010, tant de souvenirs qu’aucun amateur de l’OL n’a oublié. Cependant, il y a parmi cette histoire rhodanienne, un épisode qui est souvent oublié et qui relie directement l’Olympique lyonnais à l’Ajax Amsterdam. Nous sommes le 7 décembre 2011, et l’Olympique lyonnais vient de réaliser un des plus grands exploits de son histoire. En allant écraser le Dinamo Zagreb (1-7), en Croatie, l’OL vient de se qualifier pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Plus que le score fleuve, c’est bien le fait que Lyon rallie le top seize européen qui constitue un exploit. En effet, avec seulement cinq points avant la 6e et dernière journée de la phase de groupe et une différence de buts peu avantageuse (-4), l’OL est dans une bien mauvaise posture. D’autant plus que devant, le Real Madrid a fait carton plein et a glané cinq victoires en autant de rencontres. A une distance plus raisonnable, l’Ajax Amsterdam a récolté huit points dont deux face à l’OL (0-0 à l’aller comme au retour), et possède une différence de buts de +3.

Retour en 2011

Ainsi, pour espérer se qualifier, Lyon doit s’imposer sur un score large face au Dinamo Zagreb, tout en espérant une lourde défaite de l’Ajax, à domicile face au Real Madrid. La deuxième condition se dessine rapidement, avec un score de 0-2 en faveur du Real à la pause. Cependant, l’OL est bien loin de remplir sa part du contrat. En effet, au retour des vestiaires, à Zagreb, les Lyonnais sont tenus en échec un but partout, malgré le fait que Zagreb joue en infériorité numérique. A ce moment-là, pour espérer être qualifié, Lyon devrait mener de six buts d’écart. Une utopie à la vue de la première période. Les joueurs de Remi Garde dominent, mais de manière stérile. Cependant, le second acte des Gones, va être d’un tout autre acabit. Lancés par un début de deuxième mi-temps idyllique, avec trois buts en quatre minutes (47e, 48e et 51e), la furia rhodanienne s’abat sur le Dinamo Zagreb et va permettre à l’OL de se qualifier. Maxime Gonalons, Lisandro Lopez et Jimmy Briand inscrivent un but chacun, mais c’est la prestation de Bafétimbi Gomis qui fait la différence. L’actuel Marseillais score à quatre reprises durant cette rencontre. Au final, l’OL s’impose 7 buts à 1, tandis que l’Ajax s’incline 3 à 0. Les Lyonnais finissent cette phase de poules avec 8 points et une différence de buts de +2. De leur côté les Ajacides totalisent également 8 points avec un goal average de 0. Les Gones rejoignent donc les huitièmes de finales de la Ligue des Champions, pour la neuvième fois de leur histoire.

« Une qualification bizarre, bizarre, bizarre »

Une performance incroyable pour les Gones mais qui a énormément fait jaser à l’époque. En effet, alors que le classement semblait figé avant la 6e journée, l’OL a finalement dépassé l’Ajax au finish, dans des conditions surprenantes. Sachant qu’à la mi-temps les Rhodaniens étaient bien loin de l’exploit, ce match a suscité l’interrogation. Du côté des médias espagnols notamment, qui étaient attentifs aux résultats de ce groupe D, puisque le Real Madrid en faisait partie. Pour As, ce match entre le Dinamo Zagreb et l’OL est « une tricherie », même son de cloche pour El Mundo Deportivo qui évoque des « soupçons ». De son côté Marca avait titré « Une qualification en huitième bizarre, bizarre, bizarre » et avait ajouté « une victoire qui paraît suspecte car le Dinamo Zagreb a disparu au retour des vestiaires, alors que les Croates avaient été plus que dignes en première période ». De leurs côtés, les Ajacides à qui la qualification était déjà promise avaient également fait part, de leur suspicion concernant cette victoire. Franck de Boer, entraîneur de l’Ajax à l’époque avait déclaré : « Mes assistants m’ont dit que les buts de Lyon avaient été rapides et faciles. En une demi-heure, il n’est pas courant d’encaisser autant de buts. S’il y a eu quelque chose d’inhabituel, l’UEFA doit enquêter sur ce qui s’est passé à Zagreb ». Du côté de la direction du club hollandais, le directeur général en 2011, avait demandé une enquête à l’UEFA : « Nous avons envoyé une lettre à l’UEFA et demandé une enquête. En posant quelques questions ouvertes, nous nous attendons au moins à une réponse claire de leur part. Ne rien faire n’est pas une option. Cela ne donnera peut-être rien, mais au moins on aura fait quelque chose. Le contraire serait une faute. Pour l’UEFA, le fair-play et le respect sont primordiaux, donc je pense qu’ils feront tout pour s’assurer que rien de mauvais n’est arrivé ».

L’instance européenne avait tout mis en ordre pour s’assurer que le match Zagreb – OL n’avait pas été truqué. A la suite de cette rencontre, l’UEFA avait analysé les données provenant de quelques 400 sociétés de paris. De plus, l’autorité de régulation des jeux en ligne, en France (l’ARJEL), avait ouvert une enquête pour déterminer si des transactions suspectes avaient eu lieu pour ce match. Ne décelant aucune irrégularités, l’affaire avait été classée. Ainsi, Lyon avait poursuivi sa route en Ligue des champions mais s’était fait éliminer dès les huitièmes par l’Apoël Nicosie (1-0 / 0-1 et 3-4 aux tirs au but). L’Ajax de son côté avait croisé la route de Manchester United en seizièmes de finale de l’Europa Ligue et avait perdu 2-3 sur l’ensemble des deux matchs.

Comme on se retrouve…

Ainsi, cette double confrontation, comptant pour une place de finaliste de coupe d’Europe, pourrait bien se transformer en revanche du côté de l’Ajax. Si un seul joueur de l’effectif batave était déjà présent lors de la saison 2011-2012, il ne s’agit pas de n’importe qui. C’est Davy Klaassen, actuel numéro 10, qui était déjà Ajacide à l’époque. Pour autant, l’international hollandais, n’avait pas pris part à la campagne européenne il y a cinq ans. Il s’agissait de sa première saison en professionnel et le joueur âgé de seulement 18 ans à l’époque, avait seulement fait quelques apparitions en équipe première. Depuis, Davy Klaassen a pris une toute autre place au sein de l’Ajax Amsterdam. Il est membre du trident au milieu par lequel transitent, tous les ballons. L’équipe hollandaise est en effet, une formation qui aime la possession (lire ici). A 24 ans, le meneur de jeu, n’est pour autant pas en manque d’expérience. Avec 166 matchs d’Eredivisie, et 13 sélections avec les Oranjes, il est un véritable meneur au sein d’une formation qui ne dépasse pas les 23 ans de moyenne d’âge. Auteur de dix-neuf buts et douze passes toutes compétitions confondues, cette saison, Davy Klaassen est un des atouts numéro un de l’Ajax. Il n’a certainement pas oublié l’élimination de la saison 2011-2012 et aura forcément à cœur de rétablir les choses dès mercredi à l’Amsterdam Arena (18h45).

Côté Lyonnais, ils étaient trois au début de la saison à avoir connu la folle soirée croate de décembre 2011. Depuis le départ de Clément Grenier, en prêt, à la Roma, ils ne sont plus que deux. Il s’agit de Maxime Gonalons, buteur lors de la victoire à Zagreb et d’Alexandre Lacazette. Deux joueurs clés de l’effectif rhodanien qui sauront rappeler cet épisode glorieux de l’histoire du club et qui parviendront, sans souci, à en faire une source de motivation supplémentaire pour atteindre la finale de la Ligue Europa.