Fabio Grosso donnant des consignes devant Corentin Tolisso lors de Rennes - OL
Fabio Grosso donnant des consignes devant Corentin Tolisso lors de Rennes – OL (Photo by Sebastien SALOM-GOMIS / AFP)

OL : avec Grosso, le "nous" est remis au centre au détriment du "je"

Dimanche dernier, Fabio Grosso avait choisi de mettre Alexandre Lacazette sur le banc au coup d’envoi de Rennes - OL. Un choix fort et tactique qui a surpris, mais qui est dans la lignée du discours de l’Italien qui veut s’en remettre au collectif.

Les victoires donnent raison, les défaites donnent tort. Dimanche dernier, le premier succès de l’OL à Rennes (0-1) a déclenché une vague de soulagement dans les rangs lyonnais. Après onze matchs sans connaître les trois points, la formation rhodanienne a enfin vaincu le signe indien. Il y avait forcément des sourires et de la joie dans le vestiaire au coup de sifflet final. Peut-être bien plus dans la retenue que ses joueurs, Fabio Grosso a malgré tout savouré ces trois points, une première sur le banc lyonnais.

Ils sont surtout venus valider de nouveaux choix forts faits par l’entraîneur italien. Depuis deux mois, Grosso n’est pas du genre à prendre des pincettes pour tenter d’inverser la tendance à l’OL. Dans le large audit de l’effectif, il a déjà acté certaines décisions comme celle de voir Duje Caleta-Car, Ainsley Maitland-Niles ou encore Diego Moreira hors du groupe. Il a lancé Jake O’Brien et le jeune Mahamadou Diawara.

Un discours qui s'entend, mais qui doit être compris

Surtout, il n’a pas hésité à mettre certains cadres sur le banc. Corentin Tolisso avait vécu ce choix contre Lorient, Rayan Cherki dès le premier match à Brest et depuis dimanche, ce fut au tour d’Alexandre Lacazette. Sauveur de l’OL la saison dernière, le capitaine a certainement été surpris, mais après la rencontre, Maxence Caqueret et Anthony Lopes ont cherché à désamorcer la polémique, la victoire aidant forcément. "On a un jeu où on essaye d’appuyer sur la profondeur. Ernest et Mama ont ce profil. C’était la stratégie du coach. Mais on n’a pas eu besoin d’aller encourager Alex ou de lui dire un mot, même si c’était difficile pour lui et pour tout le monde. Ça reste un compétiteur, un gone, et il a amené tout ce qu’il pouvait donner une fois rentré."

Plus qu’une sanction pour un début de saison en demi-teinte pour Lacazette, Fabio Grosso a avant tout fait un choix tactique. Il n’a pas été concluant en raison de l’infériorité numérique rennaise, mais l’entraîneur lyonnais prouve une fois de plus que le statut n’a pas sa place au moment de penser au bien du collectif. La rage de vaincre de Lacazette au coup de sifflet final a montré qu’il n’était pas forcément rancunier et l’explication tactique a certainement dû aider à faire passer un peu mieux la pilule. Avec les changements incessants, la communication est la pierre angulaire du projet de Fabio Grosso. "Un joueur est égoïste, mais à un moment donné, l’équipe prime avant tout et c’est ce qu’essaye de faire Fabio Grosso, avait noté Saïd Mehamha sur le plateau de TKYDG. À lui de beaucoup échanger avec les joueurs, mais il n’arrivera jamais à faire en sorte que tous les joueurs comprennent son discours."

"Un joueur de foot est avant tout égoïste"

Certains semblent en effet avoir déjà lâché même si une blessure ou une exclusion peuvent redistribuer les cartes. Néanmoins, s’il cherche à concerner tout son monde, Fabio Grosso met avant tout l’institution au-dessus des individualités. Il n’y a qu’à l’entendre dire qu’il s’appuiera "sur ceux qui sont dans le bateau et qui veulent le maintenir à flot" pour comprendre que seul l’effort collectif primera avec l’Italien. Il le rabâche sans cesse, mettant souvent en avant le mot "équipe" dans ses discours d’avant et après-match.

En donnant sa chance à tout le monde, quitte à donner l’impression de ne pas être certain de sa stratégie, Fabio Grosso est-il dans le vrai ? Nicolas Puydebois comprend le discours, mais estime qu’un "joueur de foot est égoïste et la seule chose qu’il veut est d’être titulaire à chaque match. C’est très compliqué de faire le cheminement mental et intellectuel, de se dire que pour le bien de l’équipe, il est important que je puisse bien rentrer les 30 ou 40 minutes et faire une différence. Il y a toujours une frustration."

Les solistes doivent intégrer les consignes

Peut-elle se transformer en atout positif ? À l’heure actuelle, les remplaçants ont peu fait la différence depuis le début de saison et cette formation de l’OL manque de talents capables de faire la différence. Il y a bien Rayan Cherki, caution technique, mais en sortant une fois de plus prématurément, le meneur est loin d’avoir marqué des points. Il suffit d’écouter les propos de son entraîneur pour être certain que dans le marasme lyonnais, seule l’unité collective aura grâce aux yeux de Grosso. "Seule une série de victoires ou de résultats positifs pourra permettre à Grosso de faire entendre son discours et que les joueurs savent quelle sera leur place."

Pourtant, une pointe de génie ne ferait pas de mal pour débloquer certaines situations. Mais le début de saison a prouvé que l’individuel ne primait pas sur le collectif. Aux solistes comme Cherki ou Nuamah de se mettre au pli.

9 commentaires
  1. Avatar
    GoNL - ven 17 Nov 23 à 9 h 34

    Il a raison de faire tout pour le collectif : l’effectif ressemble à l’Arche de Noé avec des joueurs qui arrivent de L2, de PL, du centre de formation, de Dakar,… ils ont besoin d’un vécu commun, pas étonnant que le caillassage du bus ait resserré les rangs.

    Par contre il va falloir un jour que l’équipe performe, et cela demandera d’avoir des Lopes, Lovren, Tolisso, Lacazette à leur top. Je ne vois pas les autres tirer le groupe vers le haut. J’ai cru voir un déclic chez Tolisso contre Rennes, aux autres de suivre.

  2. Altheos
    Altheos - ven 17 Nov 23 à 10 h 19

    Le parti pris peut tout à fait s'entendre, mais il y a également des limites à cet exercice.
    Même si Diomandé (l'exemple à mes yeux le plus "parlant") est exemplaire au niveau de l'investissement à l'entraînement, son niveau footballistique pose malgré tout question. Il fait beaucoup de fautes inutiles, et ses interventions défensives sont très loin d'être rassurantes.
    Je ne suis pas certain qu'un DCC ou un Lovren, même s'ils paraissent moins impliqués, n'apporteraient pas plus de garantie.
    C'est vraiment un jeu d'équilibre pas facile à mettre en place pour un entraîneur.
    Car si tu as le choix entre deux joueurs d'un niveau similaire, effectivement, mettre celui qui "mouille le maillot" à l'entraînement est logique.
    Le problème, et c'est flagrant pour Diomandé, c'est que footballistiquement parlant, DCC et surtout Lovren sont très largement au dessus de lui.
    Idem pour Baldé/Lacazette par exemple.
    Dans la situation actuelle de l'OL, il faut aussi s'appuyer sur des valeurs sures.
    Or, à mes yeux, ni Baldé, ni Diomandé n'en sont.

    1. Avatar
      thal0995 - ven 17 Nov 23 à 10 h 32

      @Atheos comme tu le dis si justement "C'est vraiment un jeu d'équilibre pas facile à mettre en place pour un entraîneur.".
      Cela ne doit clairement pas être facile de faire un choix entre des joueurs très investis qui veulent bien faire mais très limités (ex Diomandé) et des joueurs peu investis à côtés de leurs pompes mais intrinsèquement meilleurs (ex Lovren).
      Choisir entre le mérite pour encourager les efforts, les progrès, ... et le niveau pur au risque d'envoyer un message négatifs à ceux qui travaillent c'est clairement un énorme casse tête

    2. Avatar
      GoNL - ven 17 Nov 23 à 10 h 33

      Je vois exactement la même chose.
      Un entraîneur « classique » se serait directement appuyé sur ses joueurs cadres, au risque de ne pas créer d’électro-choc.
      Grosso doit trouver maintenant la bonne transition vers un groupe et un projet plus stables, et les joueurs comprendre ce qu’il attend d’eux. Ça demande beaucoup de précision, je pense qu’il a tort de s’isoler (Anderson?), il ne peut pas avoir toutes les casquettes, surtout si les DCC, Lepenant, Moreira, appellent leurs agents.

  3. Bioman
    Bioman - ven 17 Nov 23 à 10 h 47

    Nous ne sommes pas à l'abri de voir Lacazette descendre un peu et prendre la place de Cherki. Techniquement moins à l'aise mais tactiquement on est sur un autre niveau pour Lacazette. Et si grosso veut jouer la profondeur à 2 attaquants, je serai curieux de voir lacazette derrière ces 2 joueurs rapides, surtout je trouve qu'il a pour lui une palette d'attaquant très diversifiée..

  4. Juni38
    Juninho 38 - ven 17 Nov 23 à 10 h 51

    je n'ai jamais vu un entraineur pousser la notion de collectif à ce point .
    il sort même les cadres et fait tourner , ce qu'un laurent blanc , entraineur classique , n'aurais jamais fait ( lovren serait titulaire par exemple ) .
    il pousse les joueurs et le bouchon très loin , ça passe ou ça casse

  5. Toitoi
    Toitoi - ven 17 Nov 23 à 10 h 58

    Vive l'entraîneur ! J'aime cet état d'esprit.

  6. Avatar
    N!c0 - ven 17 Nov 23 à 11 h 14

    La tâche est immense pour remettre de l'ordre dans ce groupe...
    On peut ne pas être d'accord avec sa méthode, mais on ne peut que louer son dévouement.
    Sans compter qu'il arrive dans un contexte jamais vu dans ce club.
    Je lui souhaite que ça paie rapidement, il le mérite.

  7. Jean-Jacques 2 bouts
    Jean-Jacques 2 bouts - ven 17 Nov 23 à 20 h 35

    A l'étranger les joueurs français semblent bien plus malléables qu'en France. On devrait peut-être prêter Rayan Cherki dans un gros club. Il changerait d'état d'esprit.

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