OL – Besiktas : mais où était le stade 2.0 pour la billetterie ?

Le stade 2.0 de l'OL ou smart stadium devait s'imposer comme une petite révolution en matière d'expérience utilisateur et de marketing. Alors qu'il avait l'occasion de briller pour la gestion de la billetterie du match OL – Besiktas, ce même stade 2.0 a tout simplement disparu.

Bienvenue dans l'ère du big data, celui où les données numériques sont si nombreuses qu'il est nécessaire d'avoir des outils performants pour les analyser. Pour les entreprises, le big data présente l'opportunité de mieux cibler les besoins des clients, d'apprendre à le connaître, de les fidéliser, pour in fine, leur proposer les meilleures offres, au meilleur moment. Le stade 2.0 cher à Jean-Michel Aulas est aussi celui de la donnée. Lors de leurs parcours sur Internet ou au Parc OL, de l'utilisation de leur carte MyOL, ou des habitudes en matière de billetterie, les clients de l'Olympique lyonnais laissent autant de traces numériques qu'il est possible d'exploiter. La gestion de la billetterie pour le match OL – Besiktas vient pourtant de rappeler la réalité : le stade 2.0 n'a aucun intérêt s'il n'est pas manié intelligemment.

Retour vers le passé

Dans un communiqué de presse (lire ici), l'Olympique lyonnais a détaillé ses méthodes de commercialisation pour les billets du quart de finale aller de la Ligue Europa. En avant-première, les abonnés pouvaient acheter une place à tarif préférentiel dans les volées basses ou intermédiaires du Parc OL. Pour la volée haute, le club a choisi de n'imposer aucune contrainte, ouvrant sa commercialisation à tout le monde. Dans ce contexte, la communauté turque française s'est largement mobilisée pour venir supporter l'équipe de Besiktas et lui « donner l'impression qu'elle joue à domicile ». Le bilan ne s'est pas fait attendre, 15 000 Turcs devraient être présents au Parc OL le 13 avril prochain. Face à ce patriotisme sportif et pour rattraper la tendance, le club a alors décidé de lancer une deuxième vente prioritaire, permettant aux abonnés d'acheter jusqu'à cinq billets au tarif normal dans les blocs inférieurs et intermédiaires. Pourtant, la stratégie de la billetterie sur ce match paraît anachronique au regard du potentiel du stade 2.0. Si le match s'était déroulé à Gerland, le constat aurait sans doute été le même tant les méthodes employées sont dépassées. Au mieux, c'est le strict minimum, au pire, cela témoigne d'un manque d'ambition dans le domaine de la donnée numérique.

Des méthodes à l'ancienne...

En l'espace d'un an d'exploitation, le club a récolté les données personnelles de nombreux clients, permettant de dégager certaines habitudes. Il s'est même doté d'un pôle « Data CRM» pour analyser et traiter ces informations. Pour la billetterie d'OL – Besiktas, pas d’algorithme de tri, la seule donnée utilisée fut la notion d'être abonné. Basique, efficace pour cibler rapidement ses clients les plus fidèles, mais largement insuffisante pour remplir un stade de 59 000 places, surtout lorsque ce statut ne donne le droit qu'à un seul siège. Le club a bien compris cette situation en lançant une deuxième vente prioritaire pour les abonnés, mais il était déjà trop tard. Un autre élément surprend : l'absence totale de ciblage et de ventes prioritaires pour la volée haute. C'est là que le stade 2.0 et les données auraient pu entrer en compte.

et les modernes oubliées

OL – Besiktas aurait pu être la bonne occasion de cibler les clients non réguliers à fidéliser. Grâce au big data, il est possible de cerner le potentiel de chaque individu et le démarcher ensuite directement (mail ou SMS par exemple, mais aussi application Parc OL si une telle fonction était disponible). Pour y arriver, le club aurait pu recouper les informations concernant la billetterie, les achats boutiques, consommation dans les kiosques et buvettes du stade, mais aussi abonnement à OLTV via Internet. Toutes ces données sont déjà utilisées dans le cadre du programme de la carte MyOL. Remercier les clients à fidéliser, sans pour autant casser le prix des billets, c'est aussi les amener doucement vers la voie de l'abonnement.

Parallèlement, pour les abonnés qui ont l'habitude de prendre des places pour leurs amis et familles, là encore, il était possible de les repérer et de leur proposer une vente privée. Plus classique, le club aurait pu donner des codes à "usage unique" aux abonnés pour qu'ils « parrainent » d'autres clients. Dans ce cas-là, il est nécessaire de viser les kops pour éviter de voir certains de ces codes être revendus sur Internet. Faute d'avoir mis un tel dispositif en place, la seconde vente prioritaire est marquée par l’émergence d'un marché gris. Certains abonnés revendent l'une de leurs cinq places à d'autres clients, sans la garantie qu'il ne s'agit pas de faux billets ou d'escroqueries.

Mobilisation VS attentisme

Tous ces outils et méthodes ne servent pourtant à rien sans un environnement marketing global et cohérent. Peut-on reprocher aux Turcs de s'être mobilisés pour acheter des places ? Non, mais ce patriotisme sportif, connu depuis plusieurs années, aurait dû être pris en compte dans la campagne marketing d'OL – Besiktas. Dans le respect d'une bonne ambiance et sans froisser les égos, une accroche « Ils veulent jouer à domicile au Parc OL ? Nous ne laisserons pas faire, mobilisons-nous ! » aurait eu toute sa place. L'attentisme de certains spectateurs lyonnais s'est heurté à la forte mobilisation turque. Dans les situations comme celle-là, le club se doit de faire un effort de vulgarisation et d'explication de certains codes du football. L'innovation peut être technologique, mais aussi rhétorique. Pas de secret, il faut aller chercher le client, lui donner envie et parfois même le prendre par la main. Et pour repérer tous ces potentiels, le big data aurait été le meilleur outil. Le stade 2.0 vient de rater l'un de ses premiers grands rendez-vous.

17 commentaires
  1. Avatar
    BENO - lun 27 Mar 17 à 12 h 37

    bonjour
    très bel article, bien documenté! fera t il avancé le shmilblick ??

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    Greg - lun 27 Mar 17 à 13 h 03

    Je vais ptêt me faire insulter mais bon je pose la question quand même. Cette forte mobilisation turc n'est t'elle pas dû au peu d'intérêt des supporters lyonnais non abonnés pour ce match? Je suis supporter mais je ne vis pas à Lyon donc je ne suis pas abonné mais ça m'est arrivé d'aller voir des gros matchs en groupe même si je ne peux pas le faire tout le temps car j'habite très loin de Lyon donc ça revient très chère. Mais si j'habitais à Lyon même en étant pas abonné j'irais voir ces gros matchs et je mobiliserais mes potes supporters non abonnés. Alors est ce que le vrai problème c'est pas le manque de mobilisation. Par ce qu'on remarque que le stade est rarement à guichet fermé même lors des gros matchs cf le match contre la Roma, et en 2ème partie de saison dernière sur les gros matchs Paris, Monaco, Marseille on a fait des affluences importantes mais on voit que cette saison sur ces mêmes matchs l'affluence est moins importante. La plus grosse affluence c'était la final de coupe d'europe de rugby c'est un peu la loose quand même

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    dada - lun 27 Mar 17 à 13 h 03

    Et pour finir le tableau mais là c'est pas de la faute de l OL. Il faudra payer 5€ pour prendre les navettes non cumulables avec le réseau TCL ordinaire pour la finale de coupe de la league. Merci le sytral.
    Pour l EL , l OL n'a pas assez tenu compte de la communauté turcs à lyon. Mais finalement c'est bien.le stade sera plein. Jouez que devant des lyonnais aurait enlevé la folle ambiance qu'il y aura. Si tout le monde reste calme bien . L'arbitre aussi

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    Florent Deligia - lun 27 Mar 17 à 13 h 26

    Incorrigible beeeeenn je vous attendais 😉 et c'est toujours un plaisir de lire vos retours !

  5. Altheos
    Altheos - lun 27 Mar 17 à 13 h 28

    L'article est bien argumenté.
    Cependant, il est possible de le voir uniquement en terme de gestionnaire pur et de rentrée d'argent. Que ce soit des turcophones ou des francophones, plus il y a de billets vendus, meilleure sera la recette.
    Je soupçonne JMA de verser plus du côté gestionnaire que supporter parfois.

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    BenzBK - lun 27 Mar 17 à 13 h 51

    En total accord avec tout le contenu de cet article, bravo ! J'ajouterai que le service billeterie dans toute sa globalité est vieillissant. Et j'ai même l'impression que l'on régresse : le site web est toujours aussi pourri, et avant on avait presque une dizaine de guichets à Gerland pour acheter nos billets, maintenant il faut se taper le trajet à Décines et on a deux guichets seulement.

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    ferenc119 - lun 27 Mar 17 à 14 h 27

    Ca me rappelle un de mes premiers souvenirs de l'OL : Le match aller des 1/16e de finale de l'UEFA 1992 contre Trabzonspor où le stade était rempli de turc qui avait gagner 4-3. C'était ya 25 ans et depuis on n'a pas appris !!!

    1. OLVictory
      OLVictory - lun 27 Mar 17 à 18 h 08

      Je me rappelle bien de ce match moisi.

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    blackol - lun 27 Mar 17 à 14 h 35

    le Fait qu'on joue a domicile dans une ambiance certainement hostile pour nos joueurs, sera peut être bénéfique pour le match retour..qui sait

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    jeremy - lun 27 Mar 17 à 15 h 13

    Quelques vérités à rétablir face à cet article qui propose des choses intéressantes, mais qui en ignorant des éléments important du contexte, devient inutilement un article à charge :
    - c'est Digitick qui gère la billetterie, et non l'OL directement
    - mettre en place un système parrainage comme proposé, avec code à usage unique, en une semaine (donc sans possibilité de tester de manière correcte), sur des volumes pareils c'est absolument inimaginable, voire suicidaire
    - le pôle digital de l'OL a moins de 2 ans et a une vision portée sur 2020 : de tels projets ne se font pas en un claquement de doigt et il va falloir patienter avant qu'on voit les effets du Big Data dans le parc OL

    1. Avatar
      Florent Deligia - lun 27 Mar 17 à 15 h 37

      Bonjour, Digitick propose ce genre de prestation "code à usage unique" et ils ont su faire leurs preuves dans le temps. La question se pose aujourd'hui, mais d'autres situations ont montré la nécessité d'avoir des codes uniques comme le concert de Céline Dion (tout le monde avait le même code = pas de vente prioritaire).

      De même, deux ans, c'est déjà beaucoup en matière de numérique.La vision de 2020 n'a jamais été évoquée par Jean-Michel Aulas ou les représentants du club à l'occasion des nombreuses prises de parole sur la question.

      1. Avatar
        jeremy - lun 27 Mar 17 à 20 h 09

        La vision 2020 est évoquée, entre autre, dans leurs offres de recrutement du pole digital.
        Digitick gère sûrement très bien les codes à usages uniques mais derrière il y a quand même un système qui doit s'interconnecter.
        Deux ans, en terme de projet informatique, c'est pas énorme. C'est pas parce qu'il y a régulièrement de la nouveauté que les nouveautés se font rapidement, c'est un minimum anticipé. Les choses se font les unes après les autres, et quand on voit ce qui a déjà été fait, je trouve dommage d'avoir l'approche "ils ont les données, ils auraient dû en faire quelque chose", raisonnement que je trouve un peu réducteur.

      2. Altheos
        Altheos - mar 28 Mar 17 à 11 h 03

        Ils sont peut être en mode agile, mais la fonctionnalité pas encore identifiée ou pas à l'ordre du jour 😉

  10. 01 patriarche
    01 patriarche - lun 27 Mar 17 à 16 h 39

    Abonné en PSH nous avons été cherchés nos places le samedi 18, dés 10 h ouverture de la location 2 caisses ouvertes puis 4, quand nous arrivons à la caisse problème les caisses ne sont pas paramétrées pour la billetterie PSH, nous avons attendu 1 h de plus pour avoir nos billets!!! Je ne vais pas m'étendre sur l'achat de ce samedi mais pendant notre attente oui des turcs ont achetés bien plus de 6 tickets à la fois par personne et ils traduisaient à ceux qui ne parlaient pas un mot de français ça c'est du vécu.
    Pour l'ouverture abonné intermédiaire et basse comme tout le monde file d'attente j'étais dans les 800éme quand enfin mon tour arrive pour prendre un ticket pour un copain après + 1h30 d'attente eh bien non dysfonctionnement et je n'ai pu acheter mon ticket... mais bon je l'ai eu l'après midi vers 16h.
    La difficulté est effectivement pour les non abonné par l'intermédiaire de Facebook j'ai rendu service à un couple de Moselle qui cherchait 2 places ils avaient déjà réservé l'hôtel à Meyzieu donc j'ai acheté 2 places que j'ai revendu au couple AU PRIX ACHETE 49€ l'unité ils ont leurs tickets avec la facture pas d'embrouille j'ai fait ma BA quand je vois une place à 28€ en vente 400€ sur internet je préfère ne faire aucun commentaire la cupidité ne se soigne pas.
    Voilà un vécu sur la billetterie de ce match.

  11. Avatar
    Alexandreg - lun 27 Mar 17 à 17 h 25

    Bonjour à tous !
    Pensez vous que vendredi il restera des places au niveau inférieur et intermédiaire pour les non abonnés ? ( mon cas )

    En tout cas si qq un vend une place dans ces niveaux je suis preneur !

    Merci à vous

  12. Avatar
    Abou - lun 27 Mar 17 à 20 h 16

    Il reste des placeplaces?

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    juni_gone - mar 28 Mar 17 à 10 h 10

    Je pense que le raisonnement de JMA est sans doute bien différent de nombreux supporters. L'argent n'a pas d'odeur !!!!!! que le stade soit rempli de 55 000 lyonnais et 4 000 turques ou 55 000 turques et 4 000 lyonnais, notre cher président en a rien à faire !!!! Pour lui le résultat le lendemain du match est identique, les caisses seront pleines. Depuis l'entrée dans le nouveau stade, la politique financière a très largement été remanié par rapport à Gerland. Pour preuve les matchs des féminimes sont payants là ou à la pleine des jeux ils étaient gratuits. Bref money is money.
    Concernant la billeterie du parc ol, sans commentaire .....

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