Consultant de "Tant qu'il y aura des Gones", Nicolas Puydebois a pu connaitre au plus près Bernard Lacombe. Avant de le côtoyer comme conseiller du président, l'ancien gardien de l'OL l'a eu comme coach pendant une saison. Moment choisi pour un premier groupe pro face à Bologne en Coupe de l'UEFA.
Olympique-et-Lyonnais : on suppose qu'il y a de la tristesse en apprenant le décès de Bernard Lacombe, que vous avez bien connu à l'OL...
Nicolas Puydebois : Oui. C'est lui qui m'a convoqué chez les pros pour l'entraînement au début et ensuite il m'a emmené en coupe d'Europe pour le quart de finale de la coupe de l'UEFA. Il y avait Greg (Coupet), Sébastien Socié, il m'avait emmené comme troisième gardien. Je suis du 28 février et on est parti pour le match le 2 mars. C'était un bon anniversaire de 18 ans, un bon passage à la majorité, c'était l'année de mon bac.
Comment avez-vous appris cette convocation ?
On revenait d'un match à Grenoble avec Armand Garrido et les 17 ans de l'OL. On avait gagné 2-1, si je me souviens bien. J'étais au fond du bus et Armand Garrido vient me voir et il me dit :"Nico demain tu as rendez-vous à Gerland" parce qu'à l'époque les vestiaires de Tola Vologe étaient en travaux. C'était consécutif au décès une semaine ou dix jours plus tôt de Luc Borelli qui était décédé dans un accident de voiture. Bernard Lacombe et Jacques Santini, qui était le directeur sportif à l'époque, m'ont demandé de venir m'entraîner avec les pros. Je suis passé cette année-là troisième gardien alors qu'il y avait d'autres gardiens devant moi.
"Il trouvait toujours la bonne formule pour faire preuve de bienveillance"
C'est un peu grâce à lui que vous avez finalement pu porter le maillot de l'OL plus tard ?
Ça a été un choix de leur part et suite aux différents entraînements que j'ai pu faire cette semaine, Bernard Lacombe a décidé de m'emmener avec le groupe. C'était le quart de la Coupe de l'UEFA à Bologne où on a perdu 3-0. Voilà comment je suis rentré dans le grand bain et comment j'ai eu un premier contact avec le groupe pro de l'OL. C'est grâce à Bernard Lacombe et Jacques Santini. Sans ça, je n'aurais peut-être jamais été pro.
Quelle relation entretenait-il avec les jeunes du centre ?
Il était proche des joueurs, qu'on soit plus vieux ou plus jeune. En fait, il aimait partager sa passion d'amour du foot, il aimait partager sa passion de l'OL également. Je me souviens que suite à cette période-là où j'ai continué de m'entraîner un peu avec les pros, il venait vers moi, j'avais 18 ans, et il me disait : "Il faut que tu deviennes plus costaud, il faut que tu deviennes solide". Il prenait souvent l'exemple d'Ivan Curkovic qu'il avait croisé à Saint-Étienne. Il me disait :"c'était un monstre, il avait des bras comme ça" et il montrait avec ses mains qu'il avait des gros bras. Il disait : "un gardien, il faut être costaud, ça doit être fort, ça doit être solide, donc il faut que tu travailles pour te tenir top comme lui".
"Il avait des oreilles de partout, il savait tout à Lyon"
On imagine que vous avez eu le droit à ses nombreuses anecdotes ?
Il avait toujours un tas d'histoires à raconter. C'est un conteur fabuleux, il adorait le foot et il adorait partager ses histoires. Il avait toujours un petit mot, un bon mot à formuler à chaque fois que je le croisais. Dernièrement, il me disait que j'avais pris du poids, donc il avait une bonne vue à défaut d'avoir une bonne santé (sourire). Mais du coup, c'était sympa dans sa manière de faire parce qu'il le disait avec bienveillance et avec gentillesse. Il fallait peut-être que je fasse attention à moi. Il aimait les gens, il était bienveillant.
Vous l'avez connu qu'un an comme coach. La relation était-elle différente après comme conseiller ?
Oui, en 98-99 et après, il passe la main à Jacques (Santini). À ce moment-là, j'intègre réellement le groupe pour le poste de gardien. Après, il est passé conseiller du président, mais il faisait tous les voyages avec nous. Le plus drôle, si on peut dire, c'est que Bernard savait tout. Il avait des amis et des oreilles de partout. On ne pouvait pas faire de cachoterie entre guillemets. Il avait des connaissances dans tout Lyon.
Mais à côté, les quelques bêtises qu'on pouvait faire, il était finalement indulgent. Il savait ce qu'était d'être un jeune, il savait qu'il y avait pour certains un besoin d'extérioriser des choses. Le plus important était qu'on soit performants sur le terrain. Après on entend souvent les anecdotes de tout ce qui était vert, les joueurs qui arrivaient avec une voiture verte, avec des affaires vertes, Bernard Lacombe se faisait un devoir de faire perdurer cette rivalité qu'il y a entre les deux clubs, même s'il y a joué. C'est la mémoire de l'OL en réalité.
Chers amis de TKYDG, est-ce qu’une émission spéciale lundi prochain pour rendre hommage à Bernard serait envisageable ?
Par ailleurs, j'espère que le club donnera son nom à l’une des tribunes, avant que la ville de Lyon ne donne son nom à une rue ou une place. Il y a suffisamment de noms de rue qui se trouvent dans toutes les villes de France et qui n’ont aucune pertinence locale (et parfois historique).