OL : en fait-on trop avec les jeunes de l’Académie ?

Réputé pour son centre de formation, l’OL s’appuie depuis quelques semaines sur un contingent important de joueurs passés par l’Académie. Seulement, l’environnement lyonnais n’en fait-il pas trop quand les résultats ne sont plus les mêmes dans toutes les catégories ?

Entre l’OL et son centre de formation, c’est une vraie histoire d’amour. Il faudrait des heures pour raconter les histoires de ceux qui ont fait la fierté de l’Académie depuis la création du club en 1950. En plus de 70 ans d’existence, le club lyonnais a formé des grands noms du football français avec comme point d’orgue le Ballon d’Or décroché par Karim Benzema en octobre dernier. Une consécration pour l’attaquant, mais aussi pour la formation à la lyonnaise, mise sur le devant de la scène internationale. En étant élu meilleur centre de formation français l’été dernier, l’OL n’a pas dérogé à sa réputation et les nombreux joueurs issus de l’Académie dans l’effectif de Laurent Blanc ne cessent de renforcer ce sentiment de club formateur par excellence. Mais n’en fait-on finalement pas trop avec ces jeunes ?

Avec la 10e place actuelle de l’OL, le déclin sportif n’est clairement pas à mettre sur le dos de ces jeunes. Il résulte avant tout de mauvais choix stratégiques dans le domaine sportif depuis des années. Seulement, ce déclassement a eu une incidence positive sur les Gusto, Barcola et autres joueurs issus du centre. Auraient-ils eu leur chance si l’OL avait été mieux placé ? L’exemple de la dynastie lyonnaise dans les années 2000 montre qu’il était bien plus compliqué de se faire une place au soleil chez les professionnels.

Une comparaison erronée avec l'ère Garde

Enzo Reale, qui a connu cette situation de joueur formé à l’OL, porté aux nues en jeunes, mais barré par la concurrence, estime que c’est malheureusement presque une "chance qu’ils ont d’avoir un OL 10e du championnat. Ce sont des opportunités parce qu’à notre époque, il y avait des joueurs qui te barraient, l’OL était premier de Ligue 1 donc pour se faire sa place, il fallait des blessés. Aujourd’hui, ils ont tout à gagner. L’OL ne marche pas bien en ce moment donc tu prends tes responsabilités." On ne peut pas dire que Castello Lukeba ou encore Maxence Caqueret ne les aient pas prises. Même Bradley Barcola a saisi la chance donnée par le mercato hivernal pour se mettre en évidence alors qu’il était proche d’un départ.

Seulement, ces choix qui sont aujourd’hui assumés par la direction ne l’étaient pas forcément en juillet dernier. Jean-Michel Aulas voulait certes revenir à l’ADN OL, mais avant tout par petite touche. Aujourd’hui, la moitié de l’effectif sort du centre. Les plus nostalgiques se rappelleront l’ère Garde et de l’éclosion des Lacazette, Umtiti et autres Gonalons. Une comparaison erronée pour Nicolas Puydebois et Enzo Reale qui mettent en avant le fait que ces joueurs avaient gagné des titres en sélection de jeunes, que ce soit à l’OL ou en équipe de France. "On avait choisi de faire jouer les jeunes. Aujourd’hui, on joue avec eux parce qu’on a décidé de faire partir des joueurs qui étaient néfastes au vestiaire. On a voulu assainir le vestiaire et donc tu t’appuies sur qui ? Sur ceux qui sont là et qui ne coutent pas cher, a détaillé notre consultant sur le plateau de TKYDG. Ça n’a pas été choisi en début de saison de dire qu’on s’appuie sur eux, contrairement à l’époque de Lacazette, Umtiti, Tolisso."

Des mentalités qui ont évolué

Le choix serait alors avant tout un choix par défaut. Il n’est bien évidemment pas question de remettre en cause les qualités de ces jeunes. Évoluer en Ligue 1 à seulement 18 ou 20 ans montre bien une certaine aisance à performer à l’échelon du dessus. Néanmoins, l’OL peut-il espérer mieux ? Aujourd’hui, la formation lyonnaise ne semble plus avoir les mêmes objectifs que par le passé. Les cadres dans le groupe professionnel sont déjà bien moins nombreux pour entourer ces poulains en quête d’expérience. À l’échelon inférieur, la stratégie n’est plus la même non plus. Gueïda Fofana l’avait confié à notre média en décembre dernier, sa mission est de préparer ses joueurs de la réserve à trouver un club pro à la fin de sa formation et plus forcément à s’imposer à l’OL. Une vraie différence dans la perception de la formation. Une pensée appuyée par Nicolas Puydebois qui voit l’OL "former des joueurs pour le haut niveau, mais plus pour le très haut niveau. On forme un joueur pour qu’il soit professionnel."

À l’heure actuelle, la réserve joue pour son maintien avec de très jeunes joueurs (17 ans pour certains) quand la génération Reale enchaînait entre 19 et 21 ans les matchs en CFA. Les U19 ont été sortis par la petite porte de la Gambardella et ne joueront pas les play-offs du championnat de France. Un déclassement qui peut s’expliquer par un changement de mentalité dans la société actuelle avec des joueurs lancés de plus en plus jeunes "à cause du pouvoir qui leur a été donné ainsi qu'aux agents. Ils sont bien plus chouchoutés et le foot n’est plus forcément l’axe central de la formation". Est-ce les jeunes qui ont baissé de qualité ou la politique du club qui a poussé à ce genre de constat ? C’est un peu la question de l’œuf et la poule et la vérité doit certainement se situer entre les deux.

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