OL : Marcelo Gallardo, le successeur idéal

Dans la short-list d'entraîneurs potentiels pour l'OL la saison prochaine, Marcelo Gallardo présente les caractéristiques idéales pour succéder à Bruno Genesio. Mais le dossier pourrait être compliqué à réaliser.

Dans le meilleur des mondes, le futur entraîneur de l'Olympique lyonnais devra être Français ou bien parler la langue de Molière, avoir joué à l'OL et bien connaître Jean-Michel Aulas. Voilà les trois critères fixés par le président rhodanien pour le successeur de Bruno Genesio. A l'heure actuelle, les techniciens libres sur le marché qui correspondent à ce profil ne se comptent même pas sur les doigts d'une main. Ils sont deux : Laurent Fournier et Raymond Domenech. S'il n'a pas joué à l'OL, Sabri Lamouchi est né à Lyon et pourrait également répondre aux critères de « JMA ». Mais pour diverses raisons, difficile d'imaginer un de ces trois-là s'asseoir sur le banc lyonnais la saison prochaine.

Face à ses critères très restreints, le boss de l'OL va sans doute devoir se résoudre à revoir le profil de son technicien idéal. S'il a annoncé qu'il n'entamerait aucune discussion avec un entraîneur avant la réception de Lille, le 5 mai, Jean-Michel Aulas a récemment ouvert la porte à Laurent Blanc. Quatre autres noms circulent pour succéder à Bruno Genesio : José Mourinho, Arsène Wenger, Patrick Vieira et Marcelo Gallardo. Ce dernier, a tout du successeur idéal. L'ancien joueur de Monaco (1999-2003) et du PSG (2007-2008) parle très bien français, mais au-delà de cet aspect indispensable aux yeux d'Aulas, l'Argentin présente des caractéristiques techniques qui colleraient à la perfection à l'Olympique lyonnais. Philosophie de jeu, intégration des jeunes, capacité à fédérer autour d'un projet, tout y passe. Seul problème et de taille, le coach de 43 ans est sous contrat jusqu'en décembre 2021 avec River Plate.

Une légende en Argentine, l'Europe à conquérir

Malgré la situation contractuelle de Marcelo Gallardo avec River Plate, plusieurs médias argentins évoquaient récemment un intérêt de l'OL pour le technicien. Une délégation lyonnaise aurait même pu se rendre à Buenos Aires pour tenter de convaincre l'Argentin de succéder à Bruno Genesio. Le principal intéressé s'est refusé à tout commentaire, évoquant des « rumeurs ». Véritable légende vivante à chez les Millonarios où il a été joueur (1993-1999, 2003-2006 et 2008-2010) avant de devenir entraîneur (depuis 2014), « El Muñeco » a presque tout gagné à la tête de son club de toujours. Coach le plus victorieux de l’histoire de River aux côtés de Ramon Diaz (neuf trophées dont deux Libertadores), Gallardo va avoir droit à sa statue aux abords du Monumental. S'il le souhaite, l'entraîneur peut désormais partir à la conquête de l'Europe.

En France, à chaque fois qu'un poste se libère, son nom est régulièrement cité. En octobre dernier, il faisait ainsi partie des successeurs potentiels de Leonardo Jardim à Monaco. Thierry Henry avait finalement été nommé sur le banc de l'ASM. Rendez-vous manqué ou pas, Marcelo Gallardo souhaite, un jour, entraîner dans l'un des cinq grands championnats européens. « Je sais que c'est une ambition personnelle qu'il a », témoigne Juan Pablo Mendez, journaliste à Olé, le quotidien sportif de référence en Argentine. « Entraîner en Europe, c'est son ambition, appuie Ariel Cristófalo, qui couvre aussi l'actualité de River pour Olé. Il sait qu'il y parviendra à un moment donné de sa carrière d'entraîneur. »

Une philosophie qui collerait à l'OL

 Sur les réseaux sociaux, Marcelo Gallardo a ses partisans chez les supporteurs lyonnais. Depuis l’éviction d’Hubert Fournier, ils réclament l’Argentin sur le banc de l’OL. La raison principale ? Ce style de jeu qui enchante l’Amérique du Sud depuis de nombreuses années et qui s’exporterait à la perfection dans la capitale des Gaules. « Il prône un style de jeu avec beaucoup d’intensité, un pressing très haut et une récupération rapide du ballon pour bien le tenir », explique Ariel Cristófalo. C’est un peu ce qu’avait tenté de mettre en place Bruno Genesio dès sa nomination au poste de numéro un, avant de revoir ses plans à l’été 2017, optant pour un bloc plus bas et capable de rapidement se projeter vers l’avant. Ça aussi, les équipes de Gallardo savent faire. « Ses équipes jouent avec dynamisme, intensité, indique Juan Pablo Mendez. Il parie généralement sur des joueurs rapides, avec une bonne technique. » Objectif : gérer au mieux les phases de transition vers l’avant et faire preuve d’efficacité face au but. Pour ça, le technicien argentin s’appuie presque systématiquement sur un 4-4-2 avec des milieux créatifs, des ailiers rapides et des attaquants cliniques. A l’OL, l’entraîneur semble disposer des joueurs pour mettre en place sa philosophie de jeu. Par séquences, les Lyonnais ont déjà montré qu’ils étaient capables de jouer de la sorte. Mais ça n’a jamais vraiment duré.

Comme Marcelo Bielsa, Marcelo Gallardo s’est toujours appuyé sur des joueurs capables d’intégrer sa philosophie de jeu. Pour les autres, c’est le banc ou la porte. « C'est un homme de grand caractère, souligne Ariel Cristófalo. Mais il est très mûr. Et c'est pourquoi il convainc aussi ses joueurs. » Au-delà de ce charisme et ce leadership naturels, « El Muñeco » mise sur la « culture club » pour fédérer un vestiaire autour de lui. Une valeur qui s'est perdue aux dépens des intérêts personnels à l'OL, ces dernières années. Extrêmement rigoureux voire intransigeant, l’ancien meneur de jeu n’hésite pas à s’appuyer sur les jeunes pour mener à bien son projet de vie et de jeu. « J'ai lu que vingt-sept joueurs ont fait leurs débuts en équipe première avec lui. C'est un chiffre élevé pour River, remarque Juan Pablo Mendez. Récemment, les meilleurs exemples sont Exequiel Palacios et Santos Borré. » Le premier (20 ans), est formé à River Plate et a explosé au milieu de terrain, à tel point qu’il était proche de rejoindre le Real Madrid l’hiver dernier, avant de se fracturer le péroné droit. Le deuxième (23 ans), s’est relancé dans la capitale argentine il y a deux ans après un passage manqué en Espagne (à l’Atlético Madrid et à Villareal). « Une partie du projet de Gallardo à River est de renforcer les équipes de jeunes », reprend Ariel Cristófalo. Notre confrère pense que « le projet lyonnais pourrait intéresser » le technicien. Avec les jeunes, il aurait en tout cas de quoi faire.

A court terme, un avenir argentin

Même s’il a donc de quoi séduire, le dossier menant à Marcelo Gallardo semble, à court terme, bien compliqué à réaliser. « Je doute qu'il veuille partir avant la fin du parcours de River en Copa Libertadores », relève Juan Pablo Mendez. Tenant du titre, River Plate s’est qualifié pour les huitièmes de finale de la compétition dans la nuit de mercredi à jeudi, en s'imposant face aux Chiliens de Palestino (2-0). La finale du 23 novembre 2019 est un objectif annoncé. « Aujourd'hui, il est difficile pour Gallardo de quitter River, du moins jusqu'en décembre, insiste Ariel Cristófalo. Je ne pense pas qu'il veuille partir. Il a beaucoup d'appartenance au club. Ici, c'est Dieu. » La grossesse de la femme du technicien, qui attend leur quatrième enfant, pourrait aussi amenuiser ses chances de se lancer dans un nouveau projet à l’étranger. D’autant que la sélection argentine lui semble promise. Notre confrère : « Il a déjà répété à plusieurs reprises que l’équipe nationale le séduisait beaucoup. Et il est le grand candidat pour la diriger l’année prochaine si Scaloni ne continue pas. Bien que ses relations avec la fédération ne soient pas excellentes. » La brèche est ouverte. S’il souhaite vraiment attirer Gallardo, Jean-Michel Aulas, dont la force de persuasion n’est plus à démontrer, pourrait s’y engouffrer.