OL : Memphis, entre ombre et lumière

En difficulté avec l’OL ces derniers mois, Memphis profite de la trêve internationale pour retrouver le sourire et le chemin des filets. Le Néerlandais affiche un étonnant contraste entre son niveau de performance en sélection et en club.

En un seul match avec les Pays-Bas, Memphis a autant marqué que lors des quatre derniers mois avec l’OL. Double buteur contre la Biélorussie (4-0), jeudi, le Lyonnais a en plus délivré deux passes décisives, dont une sur une superbe talonnade. Une prestation XXL, à des années lumières de ses dernières sorties en club. Transparent lors de la double confrontation face au Barça en huitièmes de finale de la Ligue des champions (0-0, 1-5), l’international Oranje (25 ans, 45 sélections) est resté sur le banc lors des deux dernières journées de Ligue 1. « Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas disputé les derniers matches. C’est quelque chose qui m’énerve, mais je dois maintenant tout faire pour montrer que j'ai ma place dans cette équipe, confiait l’attaquant à la télévision néerlandaise, en début de semaine. Je suis avec l'équipe nationale et c'est ce qu'il y a de mieux en ce moment. La sélection arrive au bon moment. » Un bol d’air frais pour le droitier, qui peine à afficher le même niveau de performance à l’OL. Comment l’expliquer ?

Une différence de positionnement

Depuis un an maintenant, Ronald Koeman semble avoir trouvé la bonne formule pour la sélection néerlandaise. Les Pays-Bas, qui s’appuient sur une nouvelle génération dorée, retrouvent leur lustre d’antan et Depay n’y est pas étranger. Impliqué sur onze buts lors de ses dix dernières capes (sept buts, quatre passes décisives), l’ancien joueur de Manchester United a profité de son passage en pointe de l’attaque pour devenir l’arme fatale de sa sélection.

A l’OL, le Néerlandais a plus souvent évolué dans l’axe que sur un côté cette saison. Plus que Nabil Fekir, qui préfère évoluer en soutien de l’attaquant de pointe, c’est la montée en puissance de Moussa Dembélé qui l’a véritablement poussé sur l’aile gauche. Une position à laquelle le Néerlandais ne semble que très peu goûter. « Memphis a eu des soucis par rapport à sa position sur le terrain, explique son sélectionneur. Avec nous il joue comme un vrai attaquant axial, en pointe. À Lyon il est utilisé plutôt comme un ailier. Mais j’ai pu voir qu’il avait beaucoup de libertés pour un ailier. Peut-être que c’est quelque chose d’un peu bizarre pour lui. Peut-être qu’il est plus heureux dans le rôle qu’il occupe en sélection nationale. » Une théorie difficilement recevable, puisque l’attaquant a traversé l’une de ses plus longues périodes de disette (dix-sept matches sans marquer, de mi-novembre à fin février), alors qu’il évoluait dans l’axe. Ce n’est qu’après le derby à Saint-Etienne (2-1, le 20 janvier), que Memphis a retrouvé l’aile gauche.

Un joueur qui marche à l’affect

Le contraste entre le Memphis lyonnais et le Memphis néerlandais semble davantage se situer au niveau émotionnel que tactique. Pour se montrer performant, l’ancien Mancunien a besoin d’être aimé, de sentir qu’il est le joueur phare d’un projet. Ce qu’il était au PSV Eindhoven, mais pas à Manchester United. Ce qu’il est avec les Pays-Bas, mais pas à l’OL. Pour donner la pleine mesure de son talent, l’attaquant a donc besoin d’être choyé. Ronald Koeman l’a bien compris. « Je répète à chaque fois que c’est un grand joueur, souligne le technicien batave. Il traverse peut-être une moins bonne phase avec son club. Mais s’il se sent libre et en confiance, il peut faire beaucoup de choses. » En témoignent les deux derniers penalties réussis par Depay avec sa sélection (contre la France et la Biélorussie), qui sont un bon indicateur de confiance. Avec l’Olympique lyonnais, le droitier a raté les deux derniers penalties qu’il a tiré (à Lille et à Monaco).

Contrairement à son homologue néerlandais, Bruno Genesio a toujours préféré « piquer » l’attaquant, en le plaçant sur le banc ou en tribunes, lorsqu’il sentait que celui-ci s’écartait du droit chemin. La méthode a fait ses preuves mais elle a peut-être atteint ses limites. A neuf journées de la fin de la saison, le technicien rhodanien pourrait aussi bénéficier du capital confiance emmagasiné par Memphis en sélection, comme ce fut le cas la saison dernière. Après la trêve internationale de mars, le droitier avait alors marqué neuf buts et délivré sept passes décisives en huit matches pour permettre à son équipe de se qualifier en Ligue des champions. Pour atteindre à nouveau ses objectifs, l'OL aura bien besoin d'un Depay à ce niveau-là.